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Retritex / Retrilog : Quand l'esprit Emmaüs sied à l'entreprise
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Retritex / Retrilog : Quand l'esprit Emmaüs sied à l'entreprise

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Association loi de 1901, Emmaüs Action Ouest, c'est aussi deux entreprises : Retritex et Retrilog, en plein essor. En partenariat avec France Mécène, Emmaüs Action Ouest vient aussi de donner le coup d'envoi d'un fonds de dotation : Emmaüs Emploi en Bretagne.

— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est l'un des leaders de l'économie sociale et solidaire (ESS) en Bretagne. Basé à Pontivy, Emmaüs Action Ouest a accompli du chemin depuis le lancement de son premier centre de récupération de textiles il y a onze ans : aujourd'hui, Retritex c'est quatre boutiques, 86 salariés dont 55 en insertion. « Emmaüs a toujours fonctionné de façon très déconcentrée et spontanée. Quelqu'un a une idée ? Il la lance sur le terrain ! C'est comme ça depuis l'origine, dans l'esprit de l'Abbé Pierre », évoque le directeur, Jean-François Maruszyczak. L'association Emmaüs est connue pour ses quelque 100 communautés et ses centres d'action sociale contre le mal-logement. Moins pour ses entreprises : « Tout est parti du surplus que l'association n'arrivait pas à traiter à l'époque en Centre-Bretagne. L'idée d'un centre de récupération et d'une boutique a éclos pour donner vie à l'entreprise Retritex », poursuit Jean-François Maruszyczak. L'insertion par le travail est un credo dès le départ. « L'objectif est que tout le monde soit acteur de sa propre vie, qu'il s'agisse de personnes en perte de confiance parce qu'elles n'ont pas de travail depuis plusieurs années ou qui sont confrontées à des problématiques lourdes : addiction, absence de qualification, difficulté d'intégration par la langue... Nous accompagnons tout le monde via des formations, des cours de français... Nous employons aussi des personnes portant des bracelets parce que nous sommes persuadés que la prison ne répare pas mais détruit. Le travail revalorise ».

Déchets électroniques : un marché en forte expansion

Le textile a été le point de départ de l'aventure, mais Emmaüs Action Ouest a aussi donné naissance à la SARL Retrilog, en réponse à un appel d'offres émis en 2008 sur le même principe de la récupération et du recyclage. À la différence que Retrilog traite des déchets issus des équipements électriques, électroniques et du tertiaire (DEEE). Retrilog a été agréé pour assurer pour Eco-Systèmes la collecte et la gestion de tels équipements en fin de vie. « La loi a posé comme principe le fait que celui qui produit et que celui qui distribue doivent gérer la fin de vie. Notre client Eco-Systèmes va chercher des opérateurs comme nous, par délégation ». Retrilog assure les missions de transport, de logistique et de gestion des DEEE dans le Morbihan et les Côtes d'Armor et emploie 49 salariés dont 40 en insertion. « En plus d'un service RH, nous employons des chargés d'insertion qui aident ces derniers. Contractuellement avec l'Etat, nous avons un objectif de 60 % d'insertion positive (CDI ou CDD de plus de six mois, NDLR) avant maximum 24 mois, souligne Jean-François Maruszyczak. Cela ne se décrète pas. Les profils sont très divers. La quasi-totalité relève du niveau V (CAP), voire VI quand ils n'ont pas réussi à l'obtenir. A l'inverse de ce qui se pratique ailleurs, quand nos éléments sont bons, nous les dirigeons vers la sortie ! Mais pour certains, 24 mois c'est trop court. Apprendre à travailler ne s'improvise pas toujours. Nous avançons heure par heure. Travailler 18 ou 24 heures par semaine pour certains, c'est déjà un cap ! »

Fonds de dotation : une nouvelle étape

Il y a des échecs, mais aussi beaucoup de réussites : « On est heureux de les voir prendre leur indépendance, s'émanciper ». Emmaüs Action Ouest a réamorcé des centaines de personnes en difficulté en Bretagne. « Cela demande beaucoup d'énergie et de moyens. D'où l'idée élaborée avec Alain Moy et France Mécène fin 2015 de créer un Fonds de dotation. » Il s'inscrit dans la loi de modernisation de l'économie. Défiscalisable à 60 % dans la limite de 0,5 % du C.A (loi Aillagon), il vient s'adosser à l'association de tête (Emmaüs Action Ouest, présidée par Yves Calloc'h, NDLR) pour renforcer les actions à caractère uniquement social. Cela peut aller du financement d'un permis de conduire à celui d'un poste de travail pour personne handicapée. Alain Moy défend l'intérêt pour les entreprises bretonnes : « C'est valorisant, ça parle aux familles de cadres et salariés. » Un rapport très concret à l'engagement local. « Parfois, le mécénat agit comme une pompe aspirante. Les fonds remontent sur Paris et on ne sait pas ce qu'ils deviennent. Ici, ils restent en Bretagne, aident à la réinsertion avec la volonté de rendre des comptes. On espère capter des donateurs sur le long terme et pas seulement pour un coup unique... », renchérit Jean-François Maruszyczak qui croit à l'idée « qu'il y a encore des gens qui se sentent concernés par les autres ».

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