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Pourquoi le Morbihan a sauvé sa saison touristique
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Pourquoi le Morbihan a sauvé sa saison touristique

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Malgré les attentats et l'érosion de la clientèle britannique, la fréquentation touristique est restée stable dans le Morbihan.

— Photo : Le Journal des Entreprises

L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Morbihan (UMIHM) est l'un des tout premiers maillons de la chaîne touristique à livrer un prébilan de la saison touristique. Ses conclusions : la Bretagne a sauvé les meubles grâce à la météo et au sentiment de sécurité. L'actualité n'avait rien pour inciter à l'optimisme mais conte toute attente la saison 2016 à été globalement satisfaisante. En dépit des signaux négatifs (attentats, grèves, chute de la livre sterling depuis le vote du Brexit), la fréquentation touristique est restée stable. Gérant de la Fleur de sel à Theix, président de l'UMIH Morbihan, Bruno Kerdal redoutait un scénario catastrophe.

Effet Brexit en Centre-Bretagne, ubérisation à Lorient

... Il n'a pas eu lieu : « Les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration ont pu compter sur une météo particulièrement favorable, au printemps, en août et en arrière saison. Nous constatons aussi un report significatif de vacanciers ayant préféré fuir la Côte d'Azur après l'attentat de Nice du 14 juillet. Force est de constater que la Bretagne jouit d'une très bonne image sur le plan de la sécurité. En Morbihan, le maintien du festival interceltique de Lorient en a indiscutablement été la démonstration alors que d'importantes manifestations ont été annulées partout en France. » Les professionnels ne peuvent se réjouir d'un tel constat sur l'air « c'est moins pire ici »... La vigilance reste de mise, d'autant qu'un certain nombre de menaces pèsent sur l'économie touristique bretonne : au-delà de la météo et du fait que la façade atlantique est perçue comme une destination sûre, familiale, la clientèle anglaise, jadis très importante, ne cesse de fondre. La dépréciation de la livre renchérit les coûts. Le centre Bretagne et notamment la région de Pontivy en ont beaucoup souffert cette saison. Autre écueil, le ticket moyen dans la restauration continue de baisser.

« Arrêtez les surpromos ! »

Dans l'hôtellerie, la concurrence est effreinée et l'effet Airbnb n'en finit pas de faire des dégâts. « On ne cesse de dire à nos adhérents d'arrêter de faire des surpromos ! C'est une spirale sans fin. Et pourquoi certains professionnels vendent-ils leurs chambres moins chers sur Booking alors qu'ils payent en plus cet intermédiaire ? Où est la logique ? Il faut défendre son produit et travailler au maximum en direct avec la clientèle. Il y a de plus en plus d'intermédiaires, ils prennent jusqu'à 10-15 %. On ne peut plus se permettre de rogner nos marges », s'agace-t-il.

Le client joue la déflation

Paradoxalement, alors que l'ubérisation est plus vive sur les résidences haut de gamme, ce sont les hôtels 1 à 2 étoiles qui souffrent le plus. L'explication ? Le client joue la déflation et en profite pour monter en gamme pour le même prix. Autre constat : l'ubérisation reste marginale à Vannes alors qu'elle se fait bien sentir à Lorient. Le président de l'UMIH milite pour mettre davantage la pression sur Airbnb et autres acteurs de l'ubérisation : « Ils ne sont pas transparents, ils ne communiquent pas leurs chiffres. Pourquoi pas s'inspirer des services de la Ville de Paris qui ont réussi à les contraindre à verser 5,5 millions d'euros (NDLR, au titre de la taxe de séjour) ? » Bruno Kerdal cite la refonte des intercommunalités et se réjouit ainsi du recouvrement de la taxe de séjour dans toutes les communes : « Il ne faut pas oublier que le produit permet aux élus d'avoir plus de moyens pour valoriser le tourisme. » Autre chantier à engager d'urgence : la formation. « Il faut enfin savoir clairement pourquoi 60 % des jeunes formés en lycée hôtelier s'évaporent. Pourquoi ? On ne peut pas toujours leur jeter la pierre, il faut comprendre pourquoi on est mauvais... »

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