NP Industrie : "La reprise des établissementss Meunier s'est jouée à dix minutes près"
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Vincent Nio directeur général de NP Industrie "La reprise des établissementss Meunier s'est jouée à dix minutes près"

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Anciens salariés des établissements Meunier, groupe breton spécialisé dans la maintenance industrielle pour l’agroalimentaire et les chantiers navals, Vincent Nio et Cyrille Pineau se sont livrés à une course contre la montre pour reprendre l’entreprise. À la clé, 32 emplois sauvés et des recrutements en cours.

L’entreprise a changé de nom et de dirigeants mais conservé la quasi-totalité de ses clients et gagné de nouveaux — Photo : NP INDUSTRIE

Comment avez-vous su qu’une reprise de l’entreprise était envisageable ?

Vincent Nio : Nous savions que les établissements Meunier avaient des difficultés. Le groupe de 70 salariés comptait plusieurs sites à Brest, Quimper, Lorient, Caudan et Vannes. Les sites de Lorient et de Caudan, où je travaillais, se portaient bien. Pourtant en avril 2020 le dirigeant du groupe a annoncé l’éventualité d’une cession d’activité en évoquant l’hypothèse de devoir stopper la branche maintenance, et d’aller devant le tribunal pour tout liquider. Avec un autre cadre, Cyrille Pineau, nous nous sommes dit qu’il était inenvisageable de voir cette référence dans la maintenance industrielle disparaître (le groupe a pour client Naval Group, Piriou, Kership, Guerbet, Cité Marine, Entremont, Bernétic, Renault, Suez, NDLR…). Dès le mois de mai 2020, nous avons activé notre réseau : l’agence de développement du pays de Lorient, AudéLor, nous a aiguillés sur le cabinet d’expertise Baker Tilly-Strego. Nous avons rencontré Laurent Le Gac Expert-comptable Associé qui a cru très vite au projet. Il nous a orientés vers le cabinet d’avocats angevin Oratio. Avec Guillaume Clouzard, avocat associé nous avons réfléchi ensemble en visioconférence à la faisabilité de l’opération.

Quel était alors votre état d’esprit ?

V.N. : Cette phase-là a été de loin la plus anxiogène. Nous devions investir dans le capital social de l’entreprise et dans son besoin en fonds de roulement. Nous avons donc contacté une dizaine de banques durant l’été 2020 alors que l’entreprise entrait en cessation de paiements. Trois banques se sont montrées intéressées à condition que nous trouvions un co-investisseur. À trois semaines de l’échéance, nous avons sollicité en désespoir de cause un client des établissements Meunier, l’entreprise Bernétic. Le dirigeant, qui cherchait justement à réaliser une opération de croissance externe, s’est montré intéressé, mais nous butions encore sur un point : toutes les banques consultées exigeaient la garantie de la Région Bretagne et de Bpifrance. J’ai réussi à joindre au téléphone le directeur des affaires économiques de la Région qui a contacté par mail notre banque et Bpifrance pour confirmer que la Région se portait garante. Nous avons finalement bouclé le dossier de reprise à dix minutes de l’échéance.

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance du tribunal en votre faveur ?

V.N. : Une autre offre a été déposée en même temps que la nôtre, qui prévoyait la reprise de seulement 8 salariés, contre 32 chez nous. L’entrée en jeu de Bernétic a fait la différence. Nous avons reçu des lettres de soutien de fournisseurs, des engagements de commandes de clients. Le tribunal de commerce de Brest a quand même demandé aux deux candidats d’améliorer leur offre. Le 25 novembre 2020 il a tranché en notre faveur. Aujourd’hui, non seulement nous avons repris comme prévu 32 salariés mais nous avons également créé un poste et recruté cinq intérimaires. Et nous avons un an de trésorerie d’avance sur notre prévisionnel.

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