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À Vannes, Michelin trace sa route avec son nouveau pilote
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À Vannes, Michelin trace sa route avec son nouveau pilote

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Après avoir fermé pour la première fois de son histoire en pleine épidémie de Covid-19, le site Michelin de Vannes, spécialisé dans la fabrication de renforts métalliques pour les pneumatiques poids lourds, voit sa production reprendre progressivement. Le projet de transformation "Cap 2021" se poursuit avec Johan Cordonnier, qui succède à Bertrand de Solages à la tête du site breton.

Johan Cordonnier (à gauche) est le nouveau directeur de Michelin Vannes. Il succède à Bertrand de Solages qui prend la tête de l'usine Michelin de Golbey, près d'Epinal (Vosges). — Photo : Michelin Vannes

La haute stature de Bertrand de Solages était bien connue dans le paysage entrepreneurial morbihannais. Depuis sept ans, il dirigeait l’usine Michelin de Vannes, spécialisée dans la fabrication de renforts métalliques pour des pneumatiques poids lourds et premier employeur industriel de la ville. Initiateur de Cap 2021, un important programme de mutation industrielle avec un volet social, Bertrand de Solages passe le relais à la tête de Michelin Vannes pour prendre la direction de l’usine Michelin d’Epinal (Vosges). « C’est un site qui fait deux fois le tonnage de Vannes et qui compte 20 % de personnel en plus. Bouger dans le groupe Michelin est usuel et est facteur de cohésion entre les unités », confie Bertrand de Solages. À l’heure des bilans, il confie « retenir la formidable énergie de transformation qui a pu se mettre en œuvre sur le site. Les équipes ont vraiment pu prendre la mesure de tout cela. Les résultats sont là. »

Une transformation à enjeux

Par résultats, Bertrand de Solages entend une augmentation du tonnage de 15 %, soit 37 000 tonnes. En effet, le site vannetais, qui fabrique des renforts métalliques, sorte de futurs squelettes des pneumatiques, a récupéré des productions italiennes. Michelin Vannes est aussi le seul site à fabriquer des câbles innovants dédiés aux pneumatiques de voitures mais aussi des fils qui serviront pour l’ossature de pneumatiques d’avions. À l’heure du départ, Bertrand de Solages conclut « sur la fierté d’avoir construit un avenir au site avec les équipes. » Au moment où le groupe a resserré des boulons, l’unité vannetaise a su marquer des points pour la suite. En effet, à l’époque, l’ex-directeur confiait qu’il ne se passait pas une journée sans qu’on lui pose la question de la pérennité du site. Si le contrat est rempli pour l’heure, le pari reste à confirmer dans le temps.

Reprise progressive d’activité

Depuis le 1er juillet, le nouveau patron de Michelin Vannes est Johan Cordonnier. Il dirigeait jusqu’alors l’usine Michelin de La Combaude et l’activité renforts métalliques de Cataroux, à Clermont-Ferrand. L’univers des renforts métalliques est donc bien connu du nouveau pilote de Michelin Vannes. « L’usine de Vannes a su gagner en crédibilité dans le groupe en montrant que les engagements étaient tenus sur le site. Je vais m’inscrire dans cette continuité et garder cette dynamique majeure pour le cap fixé à 2021 », confie Johan Cordonnier.

« L’usine de Vannes a su gagner en crédibilité dans le groupe en montrant que les engagements étaient tenus sur le site »

Le nouveau directeur du site devra garder le tempo auprès des 400 salariés du site. Une nouvelle enveloppe d’investissements de trois millions d’euros sera investie l’an prochain. Initialement prévue cette année, elle est en fait décalée. Autre défi : permettre au site de retrouver un rythme de production normal. En effet, pour la première fois de son histoire, Michelin Vannes a fermé entre le 16 mars et le 14 avril. Son cas n’aura pas été isolé : le groupe Michelin a pris la décision de fermer tous ses sites industriels en France, Espagne et Italie au plus fort de la crise sanitaire. Depuis, la reprise s’est faite progressivement. Peu à peu, la production retrouve ses cadences habituelles. En effet, les commandes reprennent avec la nécessité « de réapprovisionner les usines de pneumatiques. » L’objectif du groupe est clair : reconstituer une partie des stocks. « Selon nos estimations, nous devrions être entre 70 et 80 % de notre activité habituelle entre septembre et décembre », analysait Bertrand de Solages avant son départ.

Si la volonté est de tenir le Cap 2021, l’idée est aussi d’aller plus loin. « Nous devons nous adapter au marché que nous servons. Avec les équipes, nous allons continuer d’être en veille sur de l’innovation et des opportunités nouvelles », dévoile Johan Cordonnier. En effet, l’entité morbihannaise de Michelin est établie sur 15 hectares et compte 50 000 m² d'ateliers. Or, la transformation du site a libéré de nouveaux espaces qui pourraient accueillir de nouvelles productions ou de l’activité supplémentaire. » À l’heure actuelle, la production est orientée à 85 % vers le marché du poids lourd et à 15 % sur celui des voitures.


> Cap 2021, un plan pour l’avenir

Le 20 juillet 2017, Cap 2021 était signé au sein de Michelin Vannes. Ce pacte d’avenir porte sur la transformation du site et est accompagné d’un plan d’investissements de 22 millions d’euros. À date, 15 millions d’euros ont déjà été investis avec un temps d’avance sur le calendrier prévisionnel ». À la clé, la transformation des équipements, l’arrêt de certaines productions et le lancement d’autres, la formation des équipes à de nouveaux métiers. En parallèle, les effectifs ont été réduits, passant de 500 à 400 avec le non-remplacement des départs en retraite. De même, l’organisation du temps de travail a été revue pour s’adapter aux besoins de production. Négociée entre la direction, les salariés et les partenaires sociaux, cette mutation visait et vise toujours à accroître la productivité du site de Vannes. Pour mémoire, au moment où cet accord était signé, Michelin fermait une usine en Italie qui était similaire à celle de Vannes. « Chaque unité industrielle doit se transformer pour coller à son époque. Les évolutions sont toujours à imaginer », avance la direction de Michelin. Dans le même temps, l’usine morbihannaise est parvenue à travailler sur la sécurité au travail. En 2013, 37 accidents étaient recensés quand ils ne sont que de 3, pour l’heure, en cette année 2020. Initié et porté par Bertrand de Solages, Cap 2021 sera désormais piloté par Johan Cordonnier qui entend « mener à son terme ce défi en se montrant digne de son prédécesseur. »

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