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Lorient : les chefs d'entreprise vent debout contre la suspension des liaisons d'Air France-KLM
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Lorient : les chefs d'entreprise vent debout contre la suspension des liaisons d'Air France-KLM

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L'aéroport de Lorient n'a toujours pas repris ses vols commerciaux. Ce qui suscite l'incompréhension, voire la colère, de bon nombre de chefs d'entreprise. Certains d'entre eux ont même été manifester sur le tarmac de l'aéroport breton.

— Photo : Xavier Eveillé

Suite au confinement, la compagnie aérienne Air France-KLM a durablement sorti les aéro-freins. Plus question de rouvrir toutes ses liaisons, a fortiori sur les distances régionales susceptibles d’être ralliées en moins de 2 h 30 en TGV, comme le demande le gouvernement.

À Lorient, les liaisons avec Paris-CDG et avec Lyon Saint-Exupéry n’ont ainsi pas repris. Ce qui suscite localement l’incompréhension : les deux lignes aériennes échappent aux critères définis par le gouvernement. Il faut en effet plus de 2 h 30 pour relier Paris ou Lyon depuis la cité portuaire bretonne. Et, selon la CCI du Morbihan, les deux lignes généraient un bon niveau de trafic.

85 % de taux de remplissage

« Il y a deux ans, la mobilisation des élus et de tous les acteurs locaux, en particulier des chefs d’entreprise, via l’Appel des 56, a convaincu la compagnie d’ouvrir ces deux lignes très attendues. Elle avait eu raison de le faire puisqu’elle avait gagné plus de 100 000 passagers annuels avec des taux de remplissage atteignant 85 % quelques jours seulement après l’ouverture des réservations, s’étonne Pierre Montel, le président de la CCI du Morbihan. Plus de 70 % des passagers au départ de Lorient utilisaient les hubs de Roissy et de Lyon pour gagner l’étranger. » Or, optimiser les correspondances est précisément ce que recherchent les compagnies aériennes.

L’incompréhension est d’autant plus grande, à Lorient, que l’aéroport de Bretagne sud est, pour les compagnies aériennes, l’un des moins chers de France, puisqu’il dispose, à un coût modéré, du tarmac et de certains équipements de l’aéroport militaire de Lann Bihoué, « avec une visibilité des infrastructures courant au moins jusqu’en 2030 ».

Le spectre d’une fermeture définitive ?

Face au silence de la compagnie aérienne, et alors que les autres aéroports de l’ouest rouvrent les uns après les autres, les acteurs économiques ont décidé de manifester sur le tarmac de l’aéroport. « Nous réactivons l’Appel des 56. Les conséquences sont préjudiciables pour les entreprises. Il est encore difficile de les chiffrer, estime Alban Ragani, le patron du Medef 56. Du reste, nous espérons ne pas en venir là, car cela voudrait dire que les liaisons sont durablement supprimées. » L’entrepreneur veut y croire : « On a besoin de ces liaisons. Les hubs d’Air France-KLM permettent de rallier toute l’Europe. » Même crainte pour le tourisme : « Qui va atterrir à Nantes pour aller à Lorient ? Personne, on est bien d’accord ! », tranche Alban Ragani.

Plus d’une centaine de dirigeants et de cadres dirigeants ont manifesté sous la surveillance des forces de l’ordre. Les chefs de file du mouvement rappellent les termes du courrier adressé à Benjamin Smith, directeur général de la compagnie Air France-KLM : « Six mois d’arrêt pour un aéroport comme le nôtre, c’est tout simplement le condamner. Ce sera votre responsabilité de l’expliquer et de justifier votre arbitrage sur notre territoire. »

À ce jour, aucune date de reprise n’a été arrêtée.

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