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Librairie Auréole : "Les clients m'ont permis de reprendre le commerce sans emprunt"
Témoignage Morbihan # Commerce # Reprise

Librairie Auréole : "Les clients m'ont permis de reprendre le commerce sans emprunt"

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A Auray, l'un des centres villes les plus dynamiques en Morbihan, la librairie indépendante Auréole a pu poursuivre son activité grâce à une reprise sans apport par la jeune salariée Ellen Brezellec. Retour d'expérience sur une transition rendue possible par la générosité de 350 donateurs, clients pour la plupart.

— Photo : Xavier Eveillé

La reprise de la librairie indépendante Auréole, à Auray, aurait pu s’apparenter à un parcours semé d’embûches, dans un secteur d’activité réputé difficile. Il n’en a été rien, ou si peu. Dès la mise en vente du commerce, en 2017, les propriétaires, Patrice et Anne Polus, se tournent vers leur salariée, recrutée quelques années auparavant. Originaire de Saint-Malo, elle n’ose y croire : « Quand on est libraire salarié, on a cette idée en tête, c’est sûr, mais je voyais ça loin. J’ai hésité, fait mes recherches, et sauté sur l’occasion quand j’ai entendu parler des financements participatifs. Je me suis dit que je pouvais tenter ma chance, sans être certaine de réunir les fonds nécessaires. »

En l’occurrence, il faut 30 000 euros à Ellen Brezellec pour espérer reprendre l’affaire, qui donne satisfaction. « C’était bien géré. Avec des résultats intéressants de juillet, avec l’arrivée des touristes, jusqu’à Noël, en passant par la rentrée littéraire et les livres scolaires. Mais une reprise n’aurait eu de sens qu’en évitant d’alourdir la trésorerie par un prêt bancaire. » La jeune salariée se tourne alors vers la plateforme Ulule, en juin 2017.

Courbe en U

« L’accompagnement a été de bonne qualité. J’ai été bien aidée. » Dans un premier temps, la jeune commerçante sollicite les proches, la famille, les amis. « Je les ai bombardés de mails… », avoue-t-elle. Puis, elle se tourne vers les clients, non sans appréhension : « La période de collecte dure un mois. La courbe a été clairement en U. À un moment, j’ai cru ne pas réussir à atteindre le seuil… Et puis, les derniers jours, une accélération à l’approche de la date butoir a permis de boucler les dons ! » Au final, 350 personnes, dont beaucoup de clients, ont permis à Ellen Brezellec de sauter le pas avec une reprise officielle au 1er décembre 2017.

Couverture médiatique

Six mois après la reprise du commerce, le constat est sans appel : « J’ai eu de la chance. Je n’en reviens pas encore de la générosité de tous ces gens qui sont attachés à leur commerce indépendant. Et de ce fait, j’ai eu pas mal de couvertures médiatiques, cela m’a aidé les premiers mois. Et une reprise est intéressante, car on bénéficie de tout ce qui a été mis en place avant. » L'absence de prêt ne plombe pas la trésorerie et permet de tenir les ratios des exercices précédents et même de les améliorer sensiblement, avec la réduction du nombre de personnes travaillant désormais dans l'entreprise.

Dans la région, le café librairie Le Comptoir Gâvrais, en presqu’île de Gâvres, a connu le même scénario grâce à la plateforme Ulule, un an plus tôt, en 2016.

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