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Les entreprises bretonnes passent à l'heure solaire
Morbihan # Production et distribution d'énergie # Investissement

Les entreprises bretonnes passent à l'heure solaire

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Transformation d'une carrière en centrale photovoltaïque à Baud, aménagement de parking couvert à Séné... Les entreprises aussi investissent le solaire. Le parti-pris n'est pas toujours la rentabilité stricto sensu, c'est aussi le pari de l'économie circulaire qui permet d'autres applications, évolutives.

— Photo : DR Quadran

Si l’engouement du milieu des années 2000 s’est arrêté net en 2010, le marché du photovoltaïque reprend des couleurs depuis quelques mois, notamment sur les toits des entreprises qui voient une occasion de baisser leur facture énergétique tout en verdissant process et image de marque. Contrairement aux idées reçues, la Bretagne peut profiter de cette éclaircie avec plusieurs projets d'envergure attendus...

La plus grande ferme solaire bretonne à Baud

A commencer par le plus grand parc solaire en Bretagne, à Baud. L'ancienne carrière de Quinipily doit accueillir le seul site breton retenu sur appel d'offre national par le ministère de la Transition écologique parmi 77 lauréats en France. Le second, si l'on inclut celui de Saint-Joachim en Loire-Atlantique. Le projet porte sur la création d'une ferme photovoltaïque de 38 400 panneaux pour une production de 4500 Kwatts, l'équivalent de la consommation de 4 600 personnes hors chauffage et eau chaude. Les autorisations et le permis de construire ont été acceptés, à l'issue de plusieurs années de démarche et d'études paysagères et environnementales. La ferme se situera sur un versant de 8 hectares, sur terrains privés.

« La promesse de bail date de 2010-2011. Les travaux doivent débuter au troisième trimestre 2018 pour une mise en service début 2019 pour un investissement de près de 4 millions d'euros, explique Baptiste Simon, chef de projet de la filiale nantaise de Quadran, l'un des principaux acteurs indépendants français du secteur, leader de la production d'électricité renouvelable (avec l'équivalent de la consommation hors chauffage d'un million de personnes). Dans une stratégie d'intégration verticale, les activités R&D et production électrique de Quadran (220 salariés, 114 M€ de CA) ont été reprises par Direct Énergie en octobre dernier. A Baud, des retombées sont à attendre pour les entreprises locales. Les consultations vont démarrer d'ici le printemps pour le génie civil, le VRD, la maintenance future du site.

Après Morbihan Énergies, Intermarché à Vannes...

D'autres projets pilote ont déjà vu le jour, comme celui de Morbihan Énergies à Vannes, qui récupère le surplus de l'énergie photovoltaïque produite sur ses toits et l'achemine dans un électrolyseur alimentant un véhicule hydrogène, à titre expérimental. Outre cette station hydrogène, les installations photovoltaïques permettent de répondre aux exigences du label PassivHaus dans le cadre du programme Kergrid, qui a remporté plusieurs prix. Le parti-pris n'est pas celui de la rentabilité stricto sensu, mais de l'économie circulaire et va au-delà (vitrine, anticipation de nouveaux besoins).

La GMS n'est pas en reste. Disposant de surfaces importantes, engagée dans une démarche environnementale de plus en plus visible, elle verdit. A Séné, Intermarché souhaite ainsi créer un parking aérien avec mini centrale solaire. Le permis de construire déposé par l'architecte a été obtenu en octobre dernier. «Les délais de recours courent. Rien n'est définitif à 100 %, mais l'idée serait de voir le projet se concrétiser courant 2019», indique la direction de Duc Distribution qui exploite l'Intermarché zone de Poulfanc.

L’autoconsommation: élément déclencheur

Derrière ces exemples de réalisations et de projets emblématiques, un décret a bien relancé la donne. Publié au printemps dernier, il concerne l’autoconsommation et encadre les tarifs en matière de photovoltaïque. À la revente totale de l’électricité produite est venue s’ajouter une autre solution : l’autoconsommation avec revente de surplus. Sans compter une prime à l’investissement et l’achat garanti du surplus. De quoi séduire les entreprises qui possèdent une grande toiture.

Ce regain d’intérêt est une aubaine pour Pascal Quénéa, dirigeant de Quénéa Énergies Renouvelables, société fondée en 1996 à Carhaix qui a connu les hauts et les bas du secteur d’activité : 50 salariés et un chiffre d’affaires de 25 M€ au milieu des années 2000, pour redescendre à 25 salariés et 2 M€ lors de son dernier exercice. « Nous avons vécu une période difficile dans le solaire lorsqu’un moratoire est venu changer les règles du jeu en 2010. Depuis, le marché s’est raisonné, beaucoup d’acteurs ont disparu aussi vite qu’ils étaient apparus. » Selon lui, les énergies renouvelables sont arrivées à un stade économique intéressant.

« On approche de plus en plus de la parité réseau »

« On approche de plus en plus de la parité réseau, c’est-à-dire que l’on vend l’électricité au prix de revient. Aujourd’hui un panneau solaire produit 300 W, il y a dix ans c’était moitié moins. Dans l’éolien, c’est une multiplication par dix. Les prix baissent, les produits sont plus fiables et plus performants, les technologies aussi… On ne vient plus nous voir en nous demandant si c’est réalisable mais plutôt pour savoir quand débuter les travaux. Il ne s’agit pas de rentabilités extraordinaires mais le photovoltaïque est un investissement sûr et stable. Lorsque vous investissez, vous obtenez un rendement constant sur vingt ans avec des écarts de 5% selon l’année. Quoiqu’on en dise, l’ensoleillement ne varie que très peu d’une année sur l’autre. La rentabilité arrive autour de dix ans, mais cela varie beaucoup selon la taille de l’installation. » Pour une surface de 100 m², l’investissement de départ varie entre 30 000 et 100 000 euros.

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