
Avec ses 34 millions de nuitées par an, le tourisme dans le Morbihan occupe environ 20 600 salariés, couvrant ainsi près de 10 % de son bassin d’emploi, et pèse environ le tiers du secteur en Bretagne. "Sur les 5 millions de touristes qui viennent chaque année, beaucoup restent des excursionnistes, des visiteurs à la journée, et à peine 18 % sont d’origine étrangère", relève Patrick Lévy, directeur général de l’Agence de développement du tourisme du Morbihan (ADT 56). Pilotant l’analyse prospective, la mise en place d’outils d’aide à la décision et l’effort promotionnel sur l’ensemble du territoire où sont déployés 13 offices de tourisme, cette association progresse en lien avec 3 clubs regroupant les principaux acteurs et professionnels du secteur : Loisirs en Morbihan, Morbihan Affaires et Green Morbihan. Mobilisant 17 salariés et plus de 2 millions d’euros de budget annuel, l’ADT 56 poursuit la mise en place d’un schéma de développement à l’horizon 2027. De quoi susciter des orientations stratégiques et des programmes d’actions spécifiques.
Une stratégie d’offre
De fait, si le tourisme s’impose comme l’un des principaux moteurs économiques du territoire, c’est encore difficilement le cas d’un point de vue international. "En termes de fréquentation, notre département se positionne à la 10e place sur 100 au niveau national, mais retombe à la 77e position lorsqu’il s’agit des visiteurs étrangers", déplore Patrick Lévy. Malgré de nombreux atouts et une image immanquablement liée à la nature et au nautisme, le Morbihan ne dispose pas de pôles d’attractivité "aussi remarquables que le Mont Saint-Michel ou bien les châteaux de la Loire". C’est pourquoi le classement au patrimoine mondial de l’Unesco des sites mégalithiques de Carnac, espéré pour 2025, revêt une importance fondamentale, même si l’ADT 56 n’est pas associé à la démarche. "Il faut comprendre le tourisme comme un marché avec une stratégie d’offre", résume Patrick Lévy dont les équipes avancent toutefois sur des questions cruciales.
Effets de congestion
"Si on observe une fréquentation touristique relativement stable depuis quelques années, il y a une progression démographique qui alimente une sensation de foule et réduit mécaniquement le seuil d’acceptation des visiteurs. Il faut donc veiller à ne pas faire du tourisme la victime expiatoire du morcellement croissant de notre territoire", insiste Patrick Lévy dont les équipes ont exploré plusieurs pistes de travail, à commencer par une amélioration de la valorisation du patrimoine. Afin de concilier développement et environnement, la réduction du poids de l’automobile est aussi un chantier essentiel. "Aujourd’hui, 80 % des visiteurs arrivent en voiture, ce qui provoque immanquablement des effets de congestion", déplore Patrick Lévy. Parmi les objectifs prioritaires, on note aussi la modernisation de l’offre d’hébergements, en camping notamment, mais aussi la "désaisonnalisation" du secteur, alors que 50 % de son chiffre d’affaires reste dépendant de la période estivale. Cette nouvelle vision passe aussi forcément par un développement du tourisme d’affaires et un engagement toujours plus déterminant des entreprises du territoire.