Morbihan
Jean-René Doré (Bio Golfe) : « Faire une pause après une très forte croissance »
Interview Morbihan # Distribution

Jean-René Doré directeur de Bio Golfe Jean-René Doré (Bio Golfe) : « Faire une pause après une très forte croissance »

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Pionnière des magasins biologiques dans l’agglomération de Vannes, Bio Golfe est en plein essor. Trois magasins et un nouveau restaurant viennent d’ouvrir récemment. En quatre ans, la coopérative a doublé sa taille, ses effectifs, son chiffre d’affaires et son nombre d’adhérents. Jean-René Doré, son directeur, précise sa stratégie.

Jean-René Doré dirige la coopérative Biogolfe qui compte 5 magasins, 2 restaurants et emploie 104 salariés. — Photo : Ségolène Mahias

La coopérative Bio Golfe (104 salariés et 17 M€ de CA) a franchi un nouveau cap avec l’ouverture récente de 3 nouveaux magasins et d’un second restaurant, pourquoi cet essor ?

Jean-René Doré : Nous souhaitions nous rapprocher géographiquement de nos 20 000 adhérents en complémentarité de nos magasins de Vannes et de Theix. Notre zone de chalandise s’étend jusqu’à Auray à l’Ouest, Arzon au Sud et Elven à l’Est. Nos trois dernières implantations ont des caractéristiques très différentes.

Quels sont ces modèles ?

Jean-René Doré : Le magasin de Tréffléan correspondait à une réflexion de l’entreprise sur comment associer la présence d'un commerce bio dans le monde rural. En mai 2019, nous avons donc ouvert un magasin de 65 m² qui s’appuie, aussi bien pour sa logistique que pour le personnel sur notre magasin de Theix. En novembre 2019, la boutique de Saint-Avé a pris place sur 350 m² aux portes de Vannes. 10 postes ETP (équivalents temps plein) ont été créés. Ce site a déjà trouvé son public.

Quid de Vannes, votre dernière ouverture en date ?

Jean-René Doré : Nous prospections depuis cinq ans pour trouver un local. Nous avons eu l’opportunité de cet emplacement en plein centre-ville. Côté calendrier, c’était presque un peu trop tôt pour nous après les autres ouvertures mais la localisation ne nous a pas fait hésiter longtemps. Là aussi, nous sommes locataires mais nous avons investi 600 000 euros pour aménager les lieux. Cette boutique dispose de 300 m². Un restaurant et un point de vente à emporter complètent l’offre. 9 ETP ont été recrutés pour le magasin et 3 autres pour le restaurant. Ce cinquième lieu répond aux attentes des clients historiques qui souhaitaient faire leurs courses à pied. Nous allons aussi toucher une clientèle plus large, en âge et en profil.

Vos activités ont-elles été fortement impactées lors du confinement ?

Jean-René Doré : Theix et Luscanen, nos plus anciens magasins, ont effectivement enregistré une baisse de fréquentation : moins de clients mais des clients qui dépensaient plus. Je pense que nous avons perdu 5 % de chiffre d’affaires sur cette période que nous n’avons pas encore compensé. Et cette baisse a été encore plus forte pour le restaurant Kinoa situé à Luscanen. Toutefois, nous n’avons pas placé nos équipes en chômage partiel. La volonté était qu’il n’y ait pas de baisse de salaire. Nos salariés étaient volontaires pour travailler. À nous de les soutenir. Malgré ce contexte sanitaire et économique compliqué, notre solde d’adhérents demeure toujours positif, aux alentours de 1 500 par an.

« À 100 salariés, il faut aussi garder nos valeurs dans un collectif qui grandit. »

Quelle est votre feuille de route ?

Jean-René Doré : Nous allons désormais faire une pause après une très forte croissance. En quatre ans, nous avons doublé notre taille, notre chiffre d’affaires, nos effectifs et notre nombre d’adhérents. Il va à présent falloir accompagner ces développements de façon sereine. Comme lorsque nous avons passé le cap des 50 salariés, nous misons sur la professionnalisation et la formation de nos équipes. À 100, il faut aussi veiller à garder nos valeurs dans un collectif qui grandit. En parallèle, nous nous structurons avec le recrutement d’un responsable des affaires financières, une responsable communication et la création d’un demi-poste en ressources humaines.

Ambitionnez-vous à l’avenir d’ouvrir de nouveaux magasins ou restaurants ?

Jean-René Doré : Nous n’avons pas vocation à grandir pour grandir. Bio Golfe est attaché au territoire vannetais. Nos nouveaux magasins doivent trouver leur équilibre économique même si c’est un peu différent pour celui de Tréffléan qui peut fonctionner grâce à l’appui de celui de Theix. Ce maillage va nous permettre mécaniquement de progresser en matière de chiffre d’affaires et d’adhérents mais nous avons encore des potentiels de croissance sur nos magasins historiques. Les services sont un axe de développement comme le click and collect que nous venons de lancer ou la livraison à domicile.

Comment voyez-vous l’arrivée d’autres magasins biologiques sur l’agglomération vannetaise ?

Jean-René Doré : Bio Golfe a un ancrage local. Nous le montrons et allons continuer à le démontrer. Bio Golfe demeure le pionnier de la bio dans le Morbihan. Nous travaillons avec un réseau de plus de 200 producteurs locaux avec lesquels nous ne négocions pas les prix. La notion de juste prix s’applique. Depuis deux ans, nous sommes revenus dans le réseau Biocoop que nous avions quitté pendant 9 ans. Le réseau nous permet d’assurer nos approvisionnements, nous échangeons sur les bonnes pratiques. Des coopérations existent avec d’autres coopératives adhérentes à Biocoop dans le Morbihan : nous avons ainsi monté une plateforme de producteurs. C’est du gagnant-gagnant : notre offre de produits locaux est donc plus large et nous ouvrons des perspectives de volumes d’achats plus importants aux producteurs.

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