Jean Floc'h : Comment l'industriel du porc tire son épingle du jeu
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Jean Floc'h : Comment l'industriel du porc tire son épingle du jeu

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Apôtre du modèle breton, le groupe charcutier Jean Floc'h se démarque dans un contexte porcin maussade. L'usine de Moréac se modernise pour mieux exporter.
— Photo : Le Journal des Entreprises

En ces temps de marasme autour de la filière porc avec la restructuration de Gad, la bonne santé de Jean Floc'h détonne. Mais rien est dû au hasard. À Moréac, où viennent d'être investis 3,5 millions d'euros dans de nouveaux procédés industriels, on est frappé par la modernité des installations. Ici, les machines en inox rutilant, parfois fabriquées par des prestataires locaux comme Armor Inox à Mauron, sont omniprésentes. Batteries thermoformeuses pour le boudin noir et le jambon sans sel des maisons de retraite, robot arachnéen qui agrippe des rangées de saucisses "knack" ou dispositif informatique de dosage des épices : l'environnement est "high-tech".




Sept millions d'euros investis

L'investissement régulier oscille entre quatre et cinq millions d'euros chaque année. Il sera même plus proche de sept millions d'euros en 2013. Dans ce contexte, la plupart des 200 salariés de Moréac semblent en confiance. Quelques-uns, ceints des protections hygiéniques obligatoires, vont facilement à la rencontre du P-dg Michel Boulaire pour lui serrer la main. Certains, sûrement les plus anciens, lui donnent même du "Michel". Cette proximité est une des clefs du fameux "modèle breton" vanté par Michel Boulaire. « Quand une entreprise investit comme cela, c'est rassurant car cela veut dire qu'elle s'ancre sur le territoire, comme la bernique sur le rocher », témoigne Bernard Le Menn, sous-préfet de Pontivy. Ce qui fait la force de Jean Floc'h, c'est aussi d'être à l'affût des compétences les plus adaptées. « Nous regrettons un peu que les CFA aient perdu des effectifs car pendant longtemps, tous les ans, nous embauchions des personnes sortant de formation type boucherie/charcuterie. Des gens qui apprécient d'avoir des horaires cadrés et de terminer parfois à 13 heures le vendredi alors que les commerçants doivent travailler le week-end. Mais le CFA de Vannes nous a récemment signalé que les apprentis étaient de retour. C'est le profil idéal pour nous, nous allons être demandeurs dans les années qui viennent avec les départs en retraite. »




Mécanisation

Ce qui n'empêche pas Jean Floc'h d'avancer à allure régulière sur la voie de la mécanisation. « Contrairement aux idées reçues, dans la transformation, la mécanisation a tendance à stabiliser l'emploi », constate Michel Boulaire. « Probablement parce qu'elle nous permet de récupérer de nouveaux marchés... » Jean Floc'h, qui commercialise sa production de Moréac aux deux tiers vers la restauration hors domicile (RHD) et pour un tiers vers la grande distribution, est aussi particulièrement actif à l'export. Les ventes internationales pèsent pour un tiers de son chiffre d'affaires. Les destinations privilégiées sont en proche Europe, en Italie, en Grande-Bretagne. Mais aussi dans les pays de l'Est et en Asie, notamment en Chine. Jean Floc'h vend même des salaisons en Afrique.




Une traçabilité à toute épreuve

Le groupe créé par Jean Floc'h, un ancien de la Cooperl, est aujourd'hui axé sur la viande fraîche, la charcuterie, les produits surgelés ainsi que les conserves de porc. « Nous fabriquons 50 % de produits transformés », signale Michel Boulaire. Implanté principalement dans le Grand Ouest, de Bannalec dans le Finistère à Liffré en Ille-et-Vilaine, Jean Floc'h détient aussi une unité d'élaboration et de distribution en région parisienne, à Montigny Le Bretonneux. Étoffant et diversifiant son portefeuille d'actifs, elle a racheté en 2010 la société Quillard et fils à Carquefou, expert en produits élaborés cuisinés. Mais en cette période de dérapages éthiques avec le scandale des lasagnes au cheval, Jean Floc'h ne perd pas de vue la traçabilité de ses produits. Dans le poste de contrôle, le directeur de l'usine de Moréac Pierrick Bunouf surveille les 14 unités de cuisson. « Chaque four a son écran, qui permet de suivre l'évolution de toutes les températures », explique Pierrick Bunouf. « Avec la possibilité de remonter jusqu'à 18 mois dans l'historique, du fait des produits congelés. » C'est ce point névralgique qui garantit la qualité sanitaire des produits Jean Floc'h. « La traçabilité ne doit pas être qu'un mot », remarque Michel Boulaire. « Avec 55.000 tonnes par an, nous sommes un des plus importants intervenants en produits transformés. La problématique bactériologique est un travail au jour le jour, ce n'est jamais gagné. »

Jean Floc'h



(Locminé) P-dg : Michel Boulaire Effectif : 1.600 personnes Chiffre d'affaires 2012 : 450 millions d'euros T


él. : 02 97 61 66 00.

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