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"Je structure une entreprise dans les biotech sans être du sérail"
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"Je structure une entreprise dans les biotech sans être du sérail"

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Autodidacte, Marie-Gabrielle Capodano voit ses développements dans l’industrialisation de spiruline 100 % eau de mer récompensés, notamment grâce au plan de relance. Après des années de recherche et de validations, le déploiement de Spiru Marine et ses micro-usines va se traduire par la création de 14 emplois directs.

Marie-Gabrielle Capodano, dirigeante de Spiru Marine, va industrialiser ses savoir-faire dans la spiruline 100 % eau de mer — Photo : Xavier Eveillé

Marie-Gabrielle Capodano développe une production de spiruline marine 100 % eau de mer ainsi qu'une ferme pédagogique, à Sarzeau : "Au fil des années, mon projet a mûri jusqu'à passer cette année au stade de l'industrialisation." Un aboutissement pour la Bretonne d'adoption au parcours atypique. "Quand je suis arrivée en Bretagne en 2003, j'avais plusieurs carrières à mon actif (hôtesse de l'air, diplômée en Master II Management Qualité puis chargée de mission pour l'ex Confédération nationale des chocolatiers). Je suis entrée à 34 ans dans l'écloserie d'huîtres de Kerné en presqu'île de Rhuys." Elle s'y révèle en tant que "chercheuse terrain en phytoplancton" : "J'y intègre le laboratoire dédié jusqu'en 2011 et explore les propriétés des microalgues marines (Gracilis, T-Iso, Skeleto, tétraselmis). En 2012, je décide de monter en solo mon entreprise et crée La Nurserie du Golfe. En 2014, je structure une activité d'innovation autour d'un super aliment, la spiruline marine que je découvre en 2013 et je crée la Société civile d'exploitation agricole (SCEA) avec un capital de 30 000 euros." Marie-Gabrielle Capodano entre en contact avec le Miramar,-La Cigale, hôtel-thalasso cinq étoiles, qui se montre convaincu par les bienfaits de sa "Spiru-Breizh" pour ses cocktails à base d'eau de mer. S'ouvrent alors des années de recherche et de démarches auprès des instances et des autorités scientifiques : "L'Agence régionale de santé n'autorisait pas la production des micro algues dont je nourrissais les huîtres, Les scientifiques doutaient de la possibilité de produire de la spiruline 100 % à l'eau de mer de cette façon artisanale."

Le tournant de la Glaz Economy

Huit années d'expérimentations et de validations sont nécessaires pour l'experte formée "hors du sérail" : "En 2017, J'ai fait appel à une jeune docteure en biologie qui m'a aidée à transposer mes travaux en données scientifiques. J'ai déposé une souche caractérisée par infrarouge et j'ai sorti en 2015 plusieurs produits à base de spiruline 100 % eau de mer (booster à base de spiruline, pâte à introduire dans le chocolat, macarons, glaces à la spiruline et du caviar vert primé au Sial en 2016…). Le véritable tournant date de 2019", poursuit la dirigeante. Après avoir dû rendre les clés de son chantier au bord du golfe du Morbihan, et racheté un chantier à la Pointe de Bénance, Marie-Gabrielle Capodano se tourne en désespoir de cause vers la Fédération française des inventeurs (FTI) pour la spoliation de sa fontaine de jouvence : "Alors que je n'ai plus d'outil de production pour la spiru'breizh, j'ai l'honneur de recevoir le Trophée Cannes de la FTI et en parallèle ,le label Green Morbihan issu du Green Globe que je présente à la BreizhCop. J'ai en tête la teneur d'échanges jalonnant mon parcours, avec Loïg Chesnais-Girard : en 2015, alors collaborateur à la Région (il n'était pas encore élu président du Conseil régional) lors d'une table ronde sur le lancement de la Glaz Economy. Il m'avait dit de revenir vers la Région quand je passerai en mode industriel. En 2019, il me donna le conseil suivant : "Restructurez-vous, changez de statut, valorisez vos actifs ! La valeur de votre travail n'est pas tant dans votre produit que dans l'ensemble de vos recherches." Ce qui m'avait vraiment encouragée…"

Quatorze emplois à créer

"En mai 2020, forte de ces conseils, j’ai délaissé le statut de SCEA pour me tourner vers celui de SAS. J’ai relancé le chantier ostréicole qui porte l'axe innovation, celui de la micro-usine mobile à Sarzeau et ai acheté un terrain à Arzon. Le permis de construire et les demandes de concessions sont obtenus." Marie-Gabrielle Capodano rencontre le responsable régional Innovation de la Banque de France, Jean-Hugues Bourdon. Et candidate au Plan de relance sous l'impulsion de la région Bretagne : elle est lauréate pour un projet de développement de 14 emplois : des ingénieurs, des techniciens de laboratoire, des chargés de production, des aides à la production. Notamment pour le déploiement de plusieurs micro-usines, pour maîtriser les quantités, et d’un prototype.

"L’associée s’est comportée en vraie business-angel"

Marie-Gabriel Capodano compte démarrer l’industrialisation en septembre et va recruter dans les mois à venir. "La priorité maintenant est de m’entourer d’un poste d’adjoint opérationnel." Les investisseurs suivent : une personne morale est partie prenante de l’aventure à hauteur de 100 000 euros, deux personnes physiques à hauteur de 50 000 euros chacune. "Je suis passée par toutes les couleurs mais j’ai tout de même eu de la chance. Une associée m’a soutenue pendant des années. Elle aurait pu prendre le contrôle de la société puisqu’elle avait versé 300 000 euros d’apports compte courant en tout. Quand elle est arrivée au terme des cinq ans et qu’elle s’est trouvée face au choix d’entrer au capital ou d’abandonner les apports, elle a choisi cette seconde option et m’a dit : c’est ma pierre à l’édifice. Ton temps et ton énergie dépensés valent ces 300 000 euros. Cette associée s’est comportée comme une vraie business-angel."

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