Lorient
"Il reste beaucoup à faire pour renforcer nos infrastructures"
Interview Lorient # Naval # Infrastructures

Patrice Le Fel dirigeant d’AML et président de l’interprofession du port de Lorient (IPL) "Il reste beaucoup à faire pour renforcer nos infrastructures"

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Marquant une croissance constante depuis plusieurs années, les acteurs lorientais de l’industrie navale civile nourrissent de fortes ambitions et d’importants projets, avec notamment la déconstruction et les énergies marines renouvelables. Revue de détail avec Patrice Le Fel, dirigeant d’AML et président de l’interprofession du port de Lorient (IPL).

Interprofession du Port de Lorient — Photo : Bertrand Tardiveau

Comment votre interprofession se positionne-t-elle aujourd’hui ?

Malgré un contexte délicat, l’IPL s’inscrit dans une très bonne dynamique depuis maintenant plus de 5 ans. Nous comptons 65 entreprises adhérentes pour environ 1 500 emplois, et devrions attirer 6 ou 7 nouveaux partenaires dans les mois qui viennent. Nos moyens sont exploités à plein. Sur 30 000 m2 de terre-plein, nous recevons plus de 200 navires chaque année. Au-delà de l’influence prépondérante de Naval Group, notre bassin économique se révèle comme un pôle important de l’industrie navale en Bretagne.

Quels sont les enjeux cruciaux pour les mois à venir ?

Nous devons accompagner les mutations profondes qui s’annoncent dans l’écosystème maritime. Avec le Brexit et la crise énergétique, il est à craindre de nombreuses sorties de flottes dans le secteur de la pêche. C’est un mauvais signe pour notre activité qui s’appuie en bonne partie sur la maintenance de ces navires. Ce peut être aussi de nouvelles opportunités alors qu’on dénombre déjà une centaine de navires à démanteler sur toute la façade atlantique. Lorient dispose d’une carte à jouer. Depuis 2019, c’est le second port en Bretagne après Brest à disposer d’un agrément ICPE. Et nous avons une première expérience avec la déconstruction du chalutier Guillemot VI. Plus globalement, nous allons devoir nous adapter et aller chercher de nouveaux marchés.

Quelles perspectives envisagez-vous ?

Longtemps restées dans un horizon lointain, les énergies marines renouvelables commencent à nous donner du travail. On voit émerger de de nouveaux métiers et de nouveaux protagonistes, notamment dans le domaine des matériaux composites où Lorient continue de développer un tissu industriel de référence. Sans parler de l’éolien flottant qui se profile au large de nos côtes, de nouvelles technologies s’annoncent très prometteuses. Chez AML, nous avons réalisé l’an dernier un prototype de caisson houlomoteur à volet oscillant pour le compte du groupe Legendre. Ce ne sont que les prémisses d’un immense défi que nous avons à cœur de relever. Encore faut-il que nos infrastructures soient à la hauteur. Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Pourquoi ?

Nous disposons à Lorient d’un seul moyen de mise à terre des bateaux, un élévateur à sangles d’une capacité de 650 tonnes qui est aujourd’hui à bout de souffle. Nous espérons la livraison de son remplaçant en 2024. D’une capacité de 800 tonnes, il devrait coûter au moins 5 millions d’euros en suivant l’inflation actuelle. D’autres investissements conséquents ont été engagés. Nous venons de recevoir un nouveau chariot automoteur pour déplacer les navires sur le terre-plein. Nous attendons aussi la réhabilitation des deux dom-bunkers pour une parfaite mise au sec des embarcations et de meilleures conditions de stockage de nos matériels. Mais tout cela reste insuffisant alors que notre activité est appelée à se renforcer pour les années qui viennent. Pouvoir un jour exploiter durablement une cale sèche sur le Scorff serait un atout formidable, mais cette éventualité demeure du ressort de Naval Group. En attendant, nous continuons de progresser sur notre offre ainsi que sur l’attractivité de nos métiers qui peinent toujours à recruter malgré les besoins grandissant.

Lorient # Naval # Maritime # Infrastructures # Investissement # Ressources humaines