En remportant le deuxième prix du premier concours national Startup & handicaps le Morbihannais Mathieu Rietman voit son ingénieuse roue motorisée adaptable d'un simple clic sur un fauteuil roulant, baptisée ForceWheel, donner raison à sa pugnacité. L'ortho-prothésiste de Kerpape a développé une roue articulée qui tient dans un sac de sport clipsable sur un fauteuil roulant standard : « Il fallait que cela ne soit pas cher. J'ai travaillé avec des utilisateurs et notamment Jérôme Gauthier pour aboutir à un produit souple, facile, et qui apporte un maximum d'autonomie », explique Mathieu Rietman.
Le prix n'est pas tombé du ciel [environ 1 800 euros]. À comparer à un fauteuil roulant électrique qui peut dépasser les 10 000 euros avec des contraintes plus lourdes en terme d'encombrement.» Jérôme Gauthier confirme l'intérêt du ForceWheel : « Pas besoin d'investir non plus dans une voiture adaptée aux fauteuils électriques beaucoup plus imposants et plus connotés, pour ne pas dire stigmatisant. » Séduit, l’utilisateur nantais a d’ailleurs pris part à l’aventure : « Je suis revendeur et les retours sur les réseaux sociaux sont très positifs. »
Mathieu Rietman a rodé sa méthode en amont et avoue être très influencé par les modèles d'industrialisation anglais ou indiens qui privilégient des coûts faibles au profit de l'utilisateur. La roue est conçue à partir de pièces neuves récupérées (roues de trottinettes, prise de courant d'attaches remorques). Mathieu Rietman conçoit et assemble lui même. Il en a commercialisé pas moins de 50 à ce jour. « Je prépare une série de 100 unités. Le plus difficile pour moi ? Trouver des batteries économiques. Elles représentent 60 % du prix des pièces... »
Affaire de démultiplication
L’enjeu est une affaire de démultiplication pour ce Néerlandais d'origine très attaché à sa terre d'adoption, la France : « J'ai toujours travaillé comme un créatif. Mais je sais que cette invention prometteuse doit changer d'échelle. » Pour toucher un grand nombre d'utilisateurs, ForceWheel a besoin de key partner en particulier pour l'exportation. Ceci afin de laisser une plus grosse part de valeur ajoutée au client. « Et pour l'industriel cela réduit les risques. » Cofondateur du fauteuil de loisirs pour handicapés Hippocampe que la société ploemeuroise Vipamat exploite, Mathieu Rietman n'en est pas à son coup d'essai : il est aussi à l'origine du prototype Nénuphar de la société Karabat (aide à la flottaison) pour lequel il a réalisé les trois grands flotteurs. « Karabat s’est chargée de donner à l’ensemble un look d'enfer. Après avoir vendu en Norvège, ils se sont tournés vers l'Allemagne puis les États Unis. Mais je rêve de trouver un modèle pérenne à l’export depuis la France. »
