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Foils : Au point de rupture technologique ?
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Foils : Au point de rupture technologique ?

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La filière foils se diffuse dans le nautisme de compétition et tente une incursion sur le marché du grand public : Easy to Fly vient d'effectuer une percée remarquée avec six foilers pour amateur éclairé vendus en trois mois pour un million d'euros.

— Photo : DR

La filière « foils » en Bretagne ? Selon Eurolarge Innovation, le cluster course au large et nautisme (près de 80 entreprises adhérentes), elle pourrait représenter plusieurs centaines d'emplois induits. La Région Bretagne mène actuellement une étude précise sur le poids de la filière dont les conclusions seront livrées à l'automne pour en savoir plus. Temps fort de la filière « foils », la troisième Semaine Affoilante s'est déroulée à Saint-Pierre-Quiberon dans l'enceinte de l'Ecole Nationale de Voile début avril. Elle a mis en exergue les développements de ce segment porteur du nautisme extrêmement concentré sur la Bretagne et sa Sailing Valley (axe Quimper-Vannes). Du calcul de structure aux équipementiers, la filière foils connaît une montée en charge significative. D'une logique d'adaptation de ces appendices sur des bateaux de course, qui leur permettent de littéralement voler sur l'eau, la filière passe progressivement à une logique de « foilers » purs. La rupture technologique arrive avec des perspectives de diffusion dans le nautisme. Une rupture surtout sensible sur les grands voiliers (Imoca Ultimes, voiles légères) mais qui favorise également l'émergence de foilers purs grand public.

L'effet Alex Thomson

Architectes navals, le Badenois Guillaume Verdier (Verdier Yacht Design) et les Vannetais
VPLP Design (Van Peteghem Lauriot-Prévost) sont à la pointe sur ce segment en mutation. Ils ont tout expérimenté et puisent même aux sources des premières tentatives de foils latéraux... dans les années 1910 ! Mais c'est de Port La Forêt qu'est parti le véritable revival des foilers : « Au départ, on n'a pas trop typé les carènes pour pouvoir revenir en arrière sur les Imoca Foils, par exemple. Les foils permettent de sortir très vite quand il n'y a pas de noeuds, mais il y a beaucoup à faire sur le bruit, sur les entrées d'eau, les vibrations, la sécurité..., pondère Guillaume Verdier qui reconnaît lui-même, la tête froide, qu'il « n'aimerait pas être organisateur de courses ! Il faudrait un safran en plus, ça aiderait beaucoup... » Les foils ont beaucoup avancé grâce aux performances d'Alex Thomson dont Guillaume Verdier a réalisé le navire pour le Vendée. Son foil était dangereux pour le mât mais il a su apprendre grâce aux capteurs ». Pour Guillaume Verdier, on ne peut plus tourner le dos aujourd'hui à l'automatisation des machines pour des raisons de sécurité. « On aurait évité bien des drames si les capteurs et la fibre optique avaient existé plus tôt... » Quentin Lucet (VPLP) constate un certain conservatisme : « Les navigateurs ont eu tendance à économiser leurs foils pour ne pas les casser ». Mais il voit d'un bon oeil également l'enjeu technologique : « La plus grande valeur ajoutée aujourd'hui dans la voile de compétition ? La fibre optique et le dépouillement des données ».

Easy to Fly : un million d'euros en trois salons

Sans renoncer à la logique de diversification, les architectes navals voient les foilers apparaître comme une option parmi d'autres. Pas de logique de substitution mais une offre élargie. L'avènement de purs « foilers » pourrait bien venir avant tout du marché grand public, encore à ses balbutiements. Un marché pour amateurs éclairés et c'est rien de le dire. « Mais il existe ! » L'entreprise morbihannaise Absolute Dreamer (écurie Jean-Pierre Dick) vient d'annoncer au cours de la Semaine Affoilante pour un million d'euros de commandes réalisées en trois mois pendant sa campagne « d'hiver » aux salons de La Rochelle, Paris et Düsseldorf. Six exemplaires de son Easy to Fly ont trouvé preneur à 150.000 euros pièce auprès de passionnés de la voile amateurs suisses, allemands et britanniques. Le catamaran foiler a été conçu par Guillaume Verdier en 2015 et testé l'hiver dernier par François Gabard avec succès. L'Easy to fly est un cata high tech de 8m (trois places) qui permet « aux amateurs éclairés de voler au-dessus de l'eau sans taper de façon safe, assis sur la coque », résume Luc Talbourdet. Des clients français devraient suivre d'ici 2018.

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