Fédération bretonne du bâtiment : « Une course folle pour rattraper le retard est engagée »
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Stéphane Le Teuff président de la Fédération française du bâtiment en Bretagne Fédération bretonne du bâtiment : « Une course folle pour rattraper le retard est engagée »

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La filière bretonne du bâtiment tente de rattraper le retard accumulé à cause du confinement et du décalage des municipales. L’impact des nouvelles mesures d'hygiène et de sécurité sera malgré tout de l’ordre de 50 euros par jour et par salarié pour les entreprises de la filière, estime la Fédération française du bâtiment en Bretagne, présidée depuis début juin par Stéphane Le Teuff, dirigeant de l’entreprise Le Teuff Électricité à Lanester (Morbihan) et ex-président de la FFB Morbihan.

— Photo : Xavier Eveillé

Mesurez-vous déjà l’impact de la pandémie de coronavirus dans la filière bâtiment en Bretagne ?

Stéphane Le Teuff : La Bretagne a été la première région à tout stopper avec la présence de clusters précoces à Auray, Bruz… Très tôt, la Fédération bretonne du bâtiment a porté le message de tout arrêter tant qu’il n’y avait pas de protocole. Cela a été un peu long : la mise en place d’une charte entre les acteurs de la filière en concertation avec les préfectures a été une première en France et souvent reprise dans d’autres régions ; cela a permis de partager certains surcoûts liés aux mesures d’hygiène entre les acteurs. Pour les plus petits, c’était vital. Un petit chantier de 8 logements, c’est tout de suite 10 000 euros de surcoût lié au Covid-19. Quand on sait que le bâtiment est un secteur où la rentabilité nette avoisine les 2 %, l’impact n’est pas négligeable. Il est évident que les entreprises qui ont couru après la trésorerie pendant ces deux dernières années, pourtant favorables, vont avoir beaucoup de mal à s’en remettre. Au global, nous évaluons les surcoûts liés aux mesures d’hygiène et à l’impact sur les délais de chantier à 50 euros par jour et par salarié !

Comment se présente la reprise dans la filière en Bretagne ?

Entrée tôt dans la crise, la filière bretonne du bâtiment a aussi été la première à redémarrer. Une course folle pour tout rattraper s’est engagée. Mi-juillet, 98 % des chantiers étaient rouverts. Certains maîtres d’œuvre ont déjà oublié le Covid et mettent une grosse pression sur les chantiers… Mais le problème principal tient au retard pris dans l’instruction des permis de construire, qui va générer un trou d’air en fin d’année. Même si des mesures ont été prises, certains services dans les administrations tournent au ralenti du fait du télétravail souvent encore à l’œuvre. Je reste malgré tout optimiste car la reprise est là et l’afflux de touristes cet été, qui est phénoménal quand on regarde les plages et le trafic sur les routes, montre que la Bretagne a des atouts pour sortir différemment de cette crise. L’autre difficulté, qui n’est pas que bretonne, c’est le retard induit par le report du second tour des municipales. Les grandes collectivités, comme les agglos, sont installées très tardivement. Cela va impacter la reprise.

« La rénovation des logements ne doit pas être récupérée par des entreprises mafieuses. »

Comment la filière appréhende le virage de la transition énergétique annoncé ?

Saluons déjà le plan de relance du bâtiment de 4 à 5 milliards d’euros [annoncé mi-juillet, NDLR]. Nous avons longtemps cru qu’il y avait deux poids deux mesures, selon les filières. S’agissant de la transition énergétique, nous nous y préparons depuis longtemps. Elle devrait s’accélérer. Notre inquiétude porte surtout sur la lisibilité des annonces, car les dispositifs d’aides à l’amélioration thermique et environnementale des logements sont inefficaces, disparates d’un établissement public de coopération intercommunale à un autre. La classe moyenne, grosse détentrice de logements locatifs, se sent exclue des aides alors qu’il en existe… Tout cela doit être clarifié. Nous militons pour que des dispositifs simples et accessibles aux particuliers soient mis en place. La rénovation globale des logements ne doit pas être récupérée par des entreprises mafieuses, comme nous l’avons vu pour les certificats d’économie d’énergie (CEE) !

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