Elixance voit l’avenir en couleurs et tous les indicateurs sont au vert. Spécialisée dans la coloration de matières plastiques, l’entreprise basée à Elven a réalisé 30 % de croissance en 2020. "Notre usine construite en 2016 sur le parc du Gohélis arrive déjà à saturation", précise Bruno Legentil, dirigeant et fondateur de cette PME de 26 salariés. La crise sanitaire aurait pu mettre un coup d’arrêt au développement continu d’Elixance : cela n’a pas été le cas. "Les marchés sur lesquels nous sommes ont tenu", avance modestement le dirigeant. La force commerciale de l’entreprise a été renforcée et les résultats ont suivi sur la partie Ouest et Nord de la France mais aussi auprès de grands comptes. Présente sur un secteur d’activité très spécifique, la société a également assisté à une évolution de son écosystème avec des cartes rebattues comme le détaille Bruno Legentil. "Les numéros 1 et 2 mondiaux, un Suisse et un Allemand, ont fusionné. De grands groupes, comme cela se passe dans l’automobile, se sont donc retrouvés avec un fournisseur au lieu de deux. Ces acteurs sont donc à la recherche d’autres entreprises pouvant les approvisionner."
Seul spécialiste dans le Grand Ouest
Elixance est un peu un OVNI dans la galaxie des coloristes plastiques. Elle est la seule entreprise indépendante à être présente dans l’Ouest de la France. L’ensemble des acteurs est implanté dans la vallée d’Oyonnax dans l'Ain, la Plastics Vallée, où Bruno Legentil, ingénieur en sciences des matériaux, a longtemps travaillé pour des géants du secteur. C'est pourtant en Bretagne qu'il a choisi de donner un nouvel élan à sa carrière. L’homme, qui confie "avoir été RMiste", créé alors Cap Ouest, la société qui donnera plus tard naissance à Elixance. Il entend ainsi répondre aux besoins de l’industrie agroalimentaire en matière de coloration de plastiques. Cap Ouest a vu le jour à Marzan "avec quatre salariés pour une production proche de l’artisanat en 2004 puis a pris un nouvel élan à Arzal, avec dix collaborateurs et un site de 1 500 m² adapté aux contraintes réglementaires de son activité." Là aussi, la PME s’est retrouvée à l’étroit. Direction vers l’Est de Vannes où l'entreprise va construire son nouveau siège social adossé à une usine de 3 000 m². "Nous avons donc mis le cap sur le parc du Gohélis à Elven en 2016. Ce site présente plusieurs avantages : une connexion immédiate aux grands axes routiers, une zone industrielle de haute qualité environnementale et des possibilités d’extension". En parallèle, l’entreprise ayant investi, outre la coloration, le champ d’activité des additifs et des polymères en s’attaquant à des marchés nationaux ainsi qu’à l’export, est devenue Elixance. À date, elle produit environ 1 000 tonnes de granulés par an et peut proposer jusqu’à 1 500 teintes différentes.
Au cœur des produits du quotidien
Peu connus du grand public, ses produits sont pourtant partout dans notre quotidien. Ces granulés de couleurs sont en effet infusés avec des matières plastiques pour donner une teinte à des bouchons, des crayons, des interrupteurs, des seaux ou des emballages alimentaires. "Nous comptons 175 clients. Nous travaillons pour une multitude de secteurs d’activité. L’agroalimentaire, notre débouché majeur, pèse 25 % dans notre chiffre d’affaires. Nos produits sont aussi utilisés dans le secteur des énergies, des sports et loisirs, le bâtiment, l’industrie et la cosmétique." Ce portefeuille très diversifié s’explique aussi par les particularités du territoire. "L’Ouest de la France concentre une très grande variété de modes de transformation de la matière plastique."
L’innovation est aussi au rendez-vous. La société est reconnue pour avoir mis au point des additifs qui permettent que la matière utilisée pour fabriquer des prises électriques soit ignifuge par exemple. Dès 2015, elle a mis au point une formulation qui facilite le tri des barquettes noires alimentaires dans les centres de collecte par les capteurs optiques infrarouges. "Les grands groupes s’y mettent. Nous, nous en sommes à la cinquième version", commente, avec amusement, le chef d’entreprise. Elle a aussi développé un additif qui détecte les contrefaçons. Ce développement est un atout majeur sur de nombreux marchés.
3 000 m² supplémentaires en 2023
Aujourd’hui, une fois encore, l’outil industriel est en voie d’atteindre ses limites avec sa production de granulés colorés, les polymères et ses autres développements (lire par ailleurs). Ce faisant, Bruno Legentil a décliné sa feuille de route pour 2025. "Nous visons les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires avec un effectif d’une quarantaine de collaborateurs. Stratégiquement, nous passons d’une petite PME à une PMI industrielle." Pour ce faire, le chef d’entreprise mène plusieurs dossiers tambour battant. Il a réservé la parcelle adjacente à son usine actuelle. "Nous aurons 10 000 m2 sur lesquels nous allons pouvoir construire un nouveau bâtiment de 3 000 m2." L’investissement est en cours de chiffrage et devrait dépasser les quatre millions d’euros. Cette extension doit être opérationnelle en 2023. Elle va permettre de répondre aux commandes actuelles mais aussi de suivre l’essor du portefeuille clients qui grandit avec l’essor de sa force commerciale. "De grands comptes nous sollicitent. La crise sanitaire a vu les choses évoluer notamment avec des relocalisations, un attrait pour la proximité et les services que nous pouvons apporter." Elixance s’intéresse aussi de près à l’export.
Du temps partagé pour un temps d’avance
Dans l'immédiat, l’entreprise recrute cinq personnes. "Il s’agit de trois postes de conducteurs de ligne et de deux postes de mélangeurs. Un mélangeur est un peu comme un cuisinier, il suit sa recette pour réaliser la meilleure préparation." Comme nombre de ses confrères, Bruno Legentil peine à trouver les candidats ou candidates. "Ce n’est pas chose aisée. C’est pour cela que nous avons choisi de souscrire à l’opération Escale Métiers en lien avec la CCI et Pôle Emploi". Au cours d’une journée, l’entreprise a ouvert ses portes à des candidats potentiels afin de trouver ses collaborateurs de demain. Les personnes retenues pourront bénéficier d’une formation financée par la Région Bretagne. D’ores et déjà, Elixance poursuit son opération de communication car elle anticipe déjà ses recrutements pour 2022 qui seront du même ordre.
En parallèle, la PMI qui avait discrètement grandi jusqu’alors, a aussi étoffé ses effectifs de cadres via des recrutements d’ingénieurs pour tout ce qui concerne sa R & D. Elle compte aussi des postes dans les fonctions supports peu courants dans les entreprises de sa taille. Elle dispose d’un responsable comptabilité et contrôleur de gestion, d’une assistante comptable, d’une chargée de communication ainsi qu’une responsable ressources humaines. "Ces collaborateurs travaillent en temps partagé au sein de l’entreprise. Nous n’aurions pas la capacité de les employer à temps plein alors qu’ils apportent beaucoup. Ceci est possible sur le territoire grâce au groupement d’employeurs Vénétis. C’est une chance folle qui nous permet de bien nous développer", conclut Bruno Legentil.
