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Armor Emballage met les bouchées doubles
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Armor Emballage met les bouchées doubles

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Le spécialiste de l’emballage pour les métiers de bouche et l’artisanat va doubler de surface et recruter pour accompagner l’essor de la vente à emporter, qu’elle juge durable, et le retour en grâce des commerces de centre-ville.

Au centre et à droite, Julien Cap et François Daniel, codirigeants d’Armor Emballage, à Caudan. "Nous allons doubler notre capacité de production dans un nouveau bâtiment." — Photo : Xavier Eveillé

Positionnée depuis sa fondation sur le marché du packaging des métiers de bouche, du commerce et de l’artisanat, l’entreprise morbihannaise Armor Emballage (20 salariés et 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires) a connu des fortunes diverses depuis la pandémie et ses confinements successifs. L’arrêt brutal des commandes pendant le printemps 2020 a laissé place à une reprise assez sensible. In fine, l’explosion de la vente à emporter a fortement stimulé la demande et fait gagner de nombreux nouveaux clients. Une nouvelle donne que l’entreprise basée à Caudan, près de Lorient, a pu absorber. Mieux : ses associés, Julien Cap et François Daniel, ont décidé de déménager pour un site mieux dimensionné, afin de répondre durablement à ce nouveau segment. Armor Emballage a réussi à trouver la perle rare : un bâtiment à rénover de 2 600 m² dans l’une des zones d’activité les plus prisées du Morbihan, la zone de Bellevue/Lann-Sevellin, située en bordure nord de la voie express Nantes-Quimper et juste de l’autre côté de la zone industrielle de Kerpont. C’est l’épine dorsale du pays de Lorient. Le bâtiment de stockage et de bureaux appartenait à la société Lorflam (fabricant de poêles et de conduits de cheminées) qui dispose déjà de locaux et de son siège social Avenue de Kergroise, à Lorient.

Accélération mesurée

Le bâtiment, dont le montant de l’investissement n’est pas communiqué, va nécessiter d’importants travaux : "Le chiffrage est encore en cours. Le nouveau siège devrait être prêt pour début 2022. Nous allons plus que doubler de surface et recruter une à deux personnes, en tout cas dans un premier temps. En effet, nous préférons pour l’instant rester prudents car nous sommes conscients que l’essor de la vente à emporter est en partie boosté par le télétravail et qu’il y aura des ajustements après la crise sanitaire. Mais la tendance de fond est tout de même là et durable à nos yeux. Nous observons également un retour vers le commerce de proximité et de centre-ville, ce qui correspond tout à fait notre clientèle principale", indique François Daniel.

En l’occurrence, Armor Emballage conçoit, dessine, fabrique et distribue auprès de ses clients toutes sortes d’emballages (sacs kraft, sets de table, feuilles d’emballage pour la boulangerie-pâtisserie, papier thermosoudable pour la boucherie-charcuterie, planchas, coffrets cadeaux, sachets, etc.). Les volumes sont très variables : de 25 à 30 kg jusqu’à une tonne pour l’emballage papier, de 250 unités à 3 000 pour les sacs. "Toutes les petites et moyennes séries sont réalisées en interne sur l’une de nos quatre machines. Au-delà, pour les sacs par exemple, nous faisons appel à un partenaire."

Maillage breton et e-commerce

Les métiers de bouche concentrent les trois quarts de l’activité. Tous secteurs confondus, les débouchés se font à 95 % en Bretagne. Historiquement, l’entreprise créée en 1987 rayonnait plutôt sur le Morbihan et le Finistère Sud. L’entreprise croît à un rythme constant et son ancrage sur toute la région Bretagne est désormais bien établi. "Nous avons un réseau de commerciaux dans tous les départements bretons, l’Ille-et-Vilaine ayant rejoint plus récemment ce maillage, poursuit François Daniel. Nous sommes en forte croissance en Ille-et-Vilaine, où nous étions moins visibles jusqu’à présent."

Familiale, la société a été transmise à Martine et Julien Cap, enfants de l’ancien dirigeant, en 2004. "Je suis venu m’associer peu de temps après", situe François Daniel, ancien cadre de l’entreprise depuis 2005. Les rôles sont bien répartis : Julien Cap pilote le développement commercial, François Daniel les achats.

La spécificité historique d’Armor Emballage réside aussi dans son service de livraison interne. Les clients ne sont pas tributaires d’un tiers : "Cela nous permet à la fois d’intégrer et de maîtriser les coûts logistiques et d’être très réactifs, de garantir ainsi des délais de livraison optimaux", poursuit le codirigeant de la PME bretonne. Hors région, Armor Emballage fonctionne toutefois différemment, sur le modèle de l’e-commerce et avec un partenaire logistique. "Dupliquer notre modèle de livraison ailleurs serait trop onéreux et nous n’avons pas de visées à proprement parler sur la France entière, car nous nous concentrons sur le service client et sur le fait que nous voulons avant tout bien faire notre travail." Armor Emballage a d’ailleurs choisi d’intégrer en 2020 un groupement d’achat avec sept emballagistes français : "Le but n’est pas de prendre des clients aux autres adhérents du groupement, mais de répondre à de plus grosses commandes dans une logique de partenariat, notamment pour les grandes séries." Ce fonctionnement en réseau à aussi l’intérêt de donner les moyens aux synergies entre acteurs de taille intermédiaire pour se développer dans un marché très concurrentiel en France.

L’autre point fort, cultivé par l’entreprise caudannaise, a trait à la création, réalisée en interne par une infographiste. "La création personnalisée a été intégrée il y a quelques années et cela s’avère bénéfique pour Armor Emballage", note François Daniel. L’infographiste formule des propositions de visuels (sacs, papiers…) en une à trois couleurs au maximum. "Trois de nos machines sont dévolues à l’impression papier, notamment alimentaire, la quatrième sert à repiquer les sacs un par un. C’est un service qui a trouvé ses marques." La venue d’une nouvelle clientèle, notamment dans la restauration, a porté le développement de ce service.

Nouvelle donne dans la restauration

L’essor de l’entreprise est en marche. Pour autant, l’ajustement à la hausse des capacités de production se fera par pallier : "Nous ne savons pas quelle proportion de nouveaux clients nous gardera après les déconfinements progressifs. Nous pensons qu’il y aura heureusement un retour au métier de base de la restauration, c’est-à-dire avec service en salle. Mais nous pensons aussi que les habitudes de consommation ont évolué depuis la pandémie et que la vente à emporter restera à des niveaux plus élevés qu’avant la crise. La grande question, pour nous, est plutôt de savoir si les restaurateurs sauront faire face à l’amplification de la pénurie de main-d’œuvre. Beaucoup de nos clients ont du personnel qui a démissionné. La crise a quand même fortement fragilisé la restauration."

L’entreprise est en revanche plus sereine en ce qui concerne l’artisanat dans les métiers de bouche (traiteurs, bouchers charcutiers, boulangers-pâtissiers, chocolatiers…). "Nos clients artisans travaillent bien. Voire très bien." La pandémie a là aussi incité, encore davantage, les Français à élaborer des recettes maison et à encore plus se tourner vers les produits locaux issus des marchés et de l’artisanat. Une tendance qui a touché toutes les régions de France, dont la Bretagne.

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