Algue alimentaire : 42% de consommateurs à conquérir
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Algue alimentaire : 42% de consommateurs à conquérir

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La filière algues pèse 1 500 emplois et génère un CA de 400 millions d’euros. Deux agronomes rennaises ont présenté à l'Université de Bretagne Sud leurs travaux : elles ont étalonné le marché et identifié les freins au développement.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Les voies de valorisation de la filière algues en Bretagne, ses cadres juridiques... L’Université de Bretagne sud a consacré une journée d’étude à la filière le 14 novembre. La démarche s’intègre dans un schéma plus global autour de l’ensemble des acteurs : favoriser l’émergence de compétences en Bretagne et intégrer l’ambition, plus vaste, de faire de la région le leader mondial dans le domaine des algues.

Avec 20 000 hectares sur 2 500km de côtes, la Bretagne est d’ores et déjà le champion incontesté en Europe et exporte jusqu’au Japon. La ressource est de qualité, mais la filière ne demande qu’à grandir tant le potentiel est grand. « En Bretagne, elle pèse 400 millions d’euros de CA pour 1.500 emplois, 247 saisonniers, 35 bâtiments embarqués », rappelle André Berthou, président du Comité des algues de rive au Comité régional des pêches, l’un des deux groupes de travail dans la filière, aux côtés de celui dédié aux algues embarquées. La Bretagne est capable de beaucoup plus.

Certes, la Région entend booster la filière* et des entreprises comme le Morbihannais Olmix se développent à toute vitesse (l’entreprise de Bréhan est présente dans 150 pays), mais des freins demeurent dans l’hexagone et font dire au patron de Olmix lui-même, Hervé Balusson, que « le marché n’est pas encore mûr en France ».

Conviées par l’UBS, les ingénieures d’étude et d’agronomie Morgane Marchand et Marie Lesueur ont étalonné le marché alimentaire et présenté les freins à son développement autour d’un nombre : « 42 % des Français sont non consommateurs. La consommation alimentaire émerge, mais un constat s’impose, il existe peu d’informations sur la consommation en France et peu de visibilité pour le marché des produits à base d’algues eux-mêmes. Parmi les freins évoqués, on observe une méconnaissance fondamentale des produits mais aussi de leurs points de vente. Enfin, le manque d’occasion est également avancé par les consommateurs. »

Frein psychologique

Autre frein d’ordre psychologique, cette fois : les algues font peur (goût, amalgame avec les pollutions d’algues vertes...). «Ces 42 % restent donc à conquérir. Point intéressant, on observe dans les enquêtes qu’ils sont souvent peu intéressés par les produits japonais », remarquent les auteures de l’étude qui pointent là un autre constat : le marché des algues est lui-même largement dominé par les produits cuisinés japonais (sushi, soupe, salade au wakamé). Six espèces se partagent 99% du marché (kombu, wakamé, nori, dulse, laitue de mer, haricot de mer) alors qu’il en existe plus de 400 rien qu’en France. Les applications dans la cuisine française demeurent pourtant riches et variées (accompagnement, pain, chips, marinades) et la matière première locale, de qualité, est traitée selon des standards équivalents à ceux d’agriculture biologique. Du travail du goémonier sur l’estran au groupe Olmix qui entend développer une chaîne alimentation santé sans pesticide, sans antibiotique ni additif chimique grâce aux algues, les acteurs bretons sont conscients de l’impérieuse nécessité de ne pas reproduire les erreurs de l’IAA par le passé.

*La Région a signé avec l’Etat une convention de délégation de la gestion d'une partie des mesures du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) qui prévoit, d'ici à 2020, la mise en œuvre de 15 mesures et d'une enveloppe de plus de 44 millions d’euros de crédits européens.

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