Il y a maintenant deux ans, le groupe international Albéa (1,4 milliard de dollars de chiffre d'affaires, 15.000 salariés, 38 sites dans le monde) a réorganisé en profondeur sa branche de packaging cosmétique. Il a décidé de spécialiser les marchés et de faire le pari d'une mondialisation non plus à outrance mais régionalisée. Ainsi, le site de Plouhinec (260 salariés pour 40 millions d'euros de chiffre d'affaires) s'est-il vu confier la conception et la fabrication de rouges à lèvres pour les clients du groupe (L'Oréal, Yves Rocher, LVMH, Chanel, Estée Lauder, Kiko Make up...).
A l'époque, le site de la zone du Bisconte avoisinait les 282 salariés pour 43 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il produisait alors des flacons, des capotes de pots et lançait un plan de départ (en cours) de 66 salariés. La réorganisation du site s'est accompagnée d'un train d'investissement d'environ 10 millions d'euros, pour l'essentiel sur l'exercice 2016.
"La nouvelle organisation s'inscrit pleinement dans cette stratégie de régionalisation, explique le directeur du site, Cyrille Guégan, qui a succédé cet été à Gilles Richarté. Le site de Plouhinec est l'un des rares à tout produire en interne. Nous répondons à une volonté de certains clients de régionaliser pour améliorer leur flexibilité. Avoir de grands noms des cosmétiques en France et dans la région est une grande chance. Pour ce faire, nous n'avons qu'un seul objectif : viser l'excellence opérationnelle dans le rouge à lèvres."
A l'arrivée, le lancement jette les dés sur la table
Une excellence opérationnelle destinée à coller aux tendances : les exigences de qualité et de vitesse de livraison vont croissantes. Elles se plient moins bien aux "règles" de la mondialisation qui prévalaient il y a 10-15 ans et laissaient la part belle à l'Asie, où se trouve l'essentiel de la concurrence d'Albéa, outre quelques groupes européens, français et italiens. Les investissements ont permis de hisser le niveau de technicité du site de Plouhinec. "Les visiteurs sont surpris de découvrir qu'il y a ici 27 étapes de process pour fabriquer des rouges à lèvres dernier cri", poursuit Cyrille Guégan [plus de 1.600 personnes ont pu le constater à l'occasion des 40 ans du site, qui viennent d'être célébrés en présence du fondateur, NDLR].
Au défi technologique s'ajoute l'importance prise par les réseaux sociaux, en particulier dans le domaine de la mode et des cosmétiques. "Un rouge à lèvres peut faire un flop ou un carton, tout se joue au lancement. Si le marché progresse de 2 à 3% chaque année, c'est en global. La réalité est beaucoup plus volatile et va dépendre spécifiquement de la réussite de chaque lancement", analyse le directeur, ingénieur de formation passé auparavant par l'industrie automobile, la cosmétique client et la pharmacie, dans le remplissage manufacturing.
