Bouches-du-Rhône
Yves Delafon : « Nous avons un passé partagé et un avenir commun avec l’Afrique »
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Yves Delafon président du réseau d’entrepreneurs AfricaLink Yves Delafon : « Nous avons un passé partagé et un avenir commun avec l’Afrique »

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A 63 ans, l’infatigable Yves Delafon rempile. Après avoir notamment présidé l’Apex durant sept ans, Pays d’Aix Initiatives et le Groupement des Entrepreneurs d’Aix Provence, ce chef d’entreprise a été élu, le 4 décembre 2017, à l’unanimité président d’AfricaLink. Ce nouveau réseau d’entrepreneurs unissant les deux rives de la Méditerranée a été porté sur les fonts baptismaux par la nouvelle mandature de la Chambre de Commerce et d’industrie de Marseille-Provence. Administrateur et actionnaire du groupe bancaire africain BCI, Yves Delafon livre sa feuille de route les deux premières années que dure son mandat.

Photo : D.R.

Le Journal des Entreprises : Qu’est ce qui vous a séduit dans le projet AfricaLink ? Qu’y a-t-il de neuf comparé à d’autres structures qui œuvrent déjà aux relations d’affaires entre l’Europe et l’Afrique ?

Yves Delafon : Je me suis engagé au sein d’AfricaLink car la Chambre de Commerce et d’industrie de Marseille-Provence a abordé ce projet de façon disruptive. Après l’avoir initié, le président de la Chambre de commerce Jean-Luc Chauvin et son vice-président, Frédéric Ronal, ont confié la gouvernance aux PME. A la différence des associations d’exportateurs axées sur l’Afrique, nous sommes dans une logique de réciprocité des échanges et de respect de nos partenaires.

A qui s’adresse AfricaLink ?

Y. D. : A toutes les PME d’Europe et d’Afrique. Notre ligne de vie réside dans l’axe Euroméditerranée-Afrique. Nous avons un passé partagé et un avenir commun, le continent africain est le nouveau moteur de la croissance mondiale. Pendant longtemps, nous nous sommes focalisés sur les ressources naturelles de ce continent, or les ressources humaines constituent une vraie richesse que nous allons exploiter ensemble.

Les politiques de l’emploi ne sont en réalité que des politiques de gestion du chômage. Seule la dynamique des entrepreneurs crée de la richesse et des emplois. Jusqu’à présent, les entrepreneurs africains étaient peu visibles mais les choses sont en train de bouger. J’en veux pour preuve quelques réussites. Le tout premier smartphone africain est sur le marché et la société de e-commerce nigériane Jumia, équivalent d’Amazon ou Alibaba, a été valorisée à un milliard de dollars ! Les « MedTrucks », ces bus médicaux créés en Afrique essaiment désormais dans les zones rurales françaises. InTouch SA originaire de Dakar, spécialiste du banking téléphonique, a levé 5 M€ pour se développer dans huit pays.

80% des 63 entreprises adhérentes d’AfricaLink sont européennes, souhaitez-vous parvenir à un équilibre ?

Y. D. : Nous sommes 63 entrepreneurs fondateurs d’AfricaLink et, chaque jour, nous comptons de nouveaux adhérents. Nous allons rapidement franchir le cap de 150 à 200 adhésions. Des comités AfricaLink seront créés en Côte d’Ivoire au Maroc et au Sénégal.

L’entrepreneur africain demeure encore le chainon manquant. J’ai été enthousiasmé par la vingtaine de start-up africaines, réunies le 6 décembre à The Camp à Aix, lors de la conférence internationale Emerging Valley. Certaines vont rejoindre AfricaLink. L’adhésion se fait par cooptation. Nous refuserons les entreprises qui cherchent simplement à vendre des biens ou services aux membres du réseau. Pour adhérer, il faut une volonté de développer une activité africaine. AfricaLink doit conserver sa vocation d’association au service des Pme, raison pour laquelle les grands groupes siègeront dans un collège. Cependant, en collaborant avec un réseau de Pme, les grands groupes auront accès à de nouveaux fournisseurs, de nouvelles technologies.

Quel budget et quel sera le fonctionnement de l’association ?

Y. D. : Notre budget, en cours d’élaboration reposera à la fois sur des contributions publiques et des fonds privés issus des cotisations. Nous bénéficions déjà de garanties d’institutions nationales voire même internationales. Le bureau et 20 administrateurs sont appelés à se réunir régulièrement. Il s’agit d’échanger et de développer les partenariats entre les Pme. Nous prévoyons la tenue de colloques et réfléchissons également pour donner un coup de pouce aux start-up.

Vous envisagez de créer un think tank ?

Y. D. : Oui, notre think tank sera ouvert aux participants du monde entier désireux de travailler sur six thématiques et éditer des publications. Christian Apothéloz, de Finances Conseil Méditerranée (dissoute, ndlr), en sera le coordinateur. Nous pourrions travailler par exemple su la blockchain comme outil d’indépendance et de développement. Autre thématique envisagée : comment positionner Marseille, auprès des Américains et des Asiatiques, comme porte d’entrée sur l’Europe et l’Afrique. En ce sens, des efforts doivent être faits pour augmenter le nombre de liaisons aériennes depuis l’aéroport Marseille-Provence vers l’Afrique.

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