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Stratobus : le dirigeable de Thales Alenia Space devrait s'envoler en 2022
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Stratobus : le dirigeable de Thales Alenia Space devrait s'envoler en 2022

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Le projet de ballon dirigeable porté par Thales Alenia Space à Cannes va pouvoir entrer dans sa phase de développement. Complémentaire des satellites, cet objet encore inédit au monde pourrait prendre son envol dans la stratosphère fin 2022 pour y mener des missions très variées. Un prototype fera ses premiers essais en dès 2019.

Le Stratobus de Thales Alenia Space, dans sa version finalisée, attendue fin 2022 — Photo : Emmanuel Briot

« Cette première étape était la plus risquée. Si on ne trouvait pas la technologie, cela aurait marqué l'arrêt du projet. » Pas d’excès d’optimisme : Yannick Combet sait que la route est encore longue jusqu’à ce que s’envole le Stratobus, mais le chef de projet est heureux : la revue technique de fin de phase 1 a conclu à sa faisabilité.

Il s'agit d'une plateforme dirigeable de 140 mètres de long et 32 mètres de diamètre, entièrement propulsée à l’énergie électrique, grâce à des panneaux solaires le jour et des batteries la nuit. Le tout sans avoir besoin de lanceur. « Son objectif est d'être stationnaire, à un point fixe dans la stratosphère, soit à 20 kilomètres », poursuit Yannick Combet. « C'est un produit qui n'existe pas. Quelques grosses entreprises l'ont tenté mais se sont arrêtées, soit pour des problèmes de technologies soit faute de financement ».

Lancé en 2016, Stratobus est un projet aussi innovant que stratégique pour Thales Alenia Space, fabricant franco-italien de satellites implanté à Cannes, et pour ses partenaires : CNIM (Var) qui réalise la structure équipée, Solution F (Bouches-du-Rhône) en charge de la propulsion, Airstar Aerospace (Toulouse) qui travaille sur l’enveloppe et Tronico-Alcen (Nantes) qui assure le conditionnement de l’énergie à bord. Au total, 120 personnes travaillent sur ce projet dont une équipe de 28 experts sur le site cannois, qui sera renforcée en 2019.

Des applications multiples

De nombreux clients et industriels du monde entier se bousculeraient déjà pour acheter ce futur objet volant qui sera de fait bien moins onéreux que le lancement d'un satellite. « En créant un nouveau produit, nous créons un nouveau marché. C’est une plateforme multi missions. On peut mettre à peu près n'importe quelle charge utile : optiques, radars, télécommunications... Si je prends un cas intéressant pour des clients en Australie, où il y a beaucoup de fermes disséminées, installer la 5G ou des réseaux haute vitesse pour internet coûte très cher. Il faut des relais, de la fibre optique… Un Stratobus rayonne sur 500 kilomètres et ne nécessite aucune infrastructure au sol. Autre application possible par exemple, surveiller une plateforme pétrolière soumise à la menace de pirates. Cela ne peut se faire aujourd’hui que par avion. Quand un satellite ne passe au-dessus d'un point que tous les quelques jours, le Stratobus, lui, est stationnaire ».

Prochaine étape décisive en 2019 avec les premiers vols d’essai avec un prototype à échelle réduite à 40 mètres. Dans sa taille réelle, Stratobus pourrait ensuite prendre son envol fin 2022-début 2023. Le calendrier dépendra bien sûr du financement. Une enveloppe de 45 millions d’euros (principalement de l’Etat avec le soutien de la Région Sud) a été nécessaire à la première phase du projet. Des fonds européens devraient être mobilisés pour la suite des opérations.

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