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Provepharm se réorganise
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Provepharm se réorganise

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Créée en 2007, la biotech marseillaise Provepharm, dirigée par Christophe Baralotto et Michel Féraud, vient de se réorganiser et présente aujourd’hui une offre structurée autour d’une marque : Provepharm Life Solutions. La nouvelle entité de marque regroupe l’ensemble des activités et devrait permettre à la biotech de conquérir de nouveaux marchés.

Michel Féraud, fondateur et dirigeant de Provepharm — Photo : Photo : D.Gz.

L’entreprise, qui a connu une success story aux Etats-Unis et dans le monde entier, grâce à son produit, ProveBlue, seul Bleu de méthylène ultra pur à usage pharmaceutique, entend bien renouveler l’expérience avec de nouvelles molécules oubliées.

« Nous allons entrer dans une nouvelle phase de notre histoire. Nous avons tout d’abord eu dix années de prestations de services et de recherche, ensuite dix années à travailler sur le Bleu de méthylène et, désormais, s’annoncent dix nouvelles années sur de nouveaux produits. Nous voulons dupliquer notre expertise pharmaceutique avec de nouvelles molécules, tout en poursuivant la croissance sur le Bleu », ajoute-t-il.

Avec près de 500.000 ampoules de Bleu de méthylène vendues, Provepharm est aujourd’hui présente dans près de 25 pays. « Notre filiale américaine est devenue réellement opérationnelle cette année. Nous avons par ailleurs investi dans un nouveau bâtiment, à Château-Gombert, que nous sommes en train d’aménager pour y installer un atelier de production ».

Un investissement conséquent de 7 M d’euros hors bâtiment. Provepharm y produira ses premiers lots afin de gagner en réactivité et de pouvoir gagner du temps. La véritable production demeurera quant à elle externalisée. « Nous passons du statut de laboratoire de recherche à celui de laboratoire pharmaceutique indépendant et nous souhaitons œuvrer dans la revitalisation de molécules ».

Pour l’année prochaine, l’entreprise prévoit le recrutement de 25 salariés. « Nous serons alors près de 75, dont une vingtaine dans la partie recherche. Ce sont les Etats-Unis qui nous ont fait exploser. Le prix des médicaments y est bien plus élevé qu’en Europe et notre rentabilité est ainsi plutôt bonne ».

Trouver de nouveaux usages pharmaceutiques

Quand Provepharm s’est penchée sur le Bleu de méthylène, en 2008, celui-ci ne représentait qu’un marché de 3 M d’euros. Aujourd’hui, il en représente 75 M d’euros. Le produit traite des maladies orphelines liées à l'empoisonnement du sang. Après le Japon en 2014 et l'Australie en 2015, le ProveBlue, fabriqué par Provepharm, a été approuvé par la FDA américaine en 2016. Une autorisation de mise sur le marché qui a permis à la PME marseillaise de près de quadrupler son chiffre d’affaires.

« Aux États-Unis le produit existait déjà, mais il n'était pas approuvé. Personne n'était encore parvenu à proposer une solution vraiment professionnelle. Il existait ainsi une tolérance historique, d'autant qu'il sauvait des vies. Nous avons pris le dossier à bras-le-corps et nous avons proposé une version ultra-pure du bleu de méthylène. Nous nous inscrivons dans une démarche de régularisation de ce produit. Comme nous l'avons déjà fait en Angleterre ou même en France ».

Le partenaire distributeur de Provepharm aux États-Unis commercialisait les précédentes versions du médicament. « Le remplacement par notre produit s’est donc fait de façon tout à fait naturelle. Le marché existait déjà. Mais désormais, avec le ProveBlue, le médecin peut prescrire avec de véritables informations sur la posologie, les quantités, comme pour tout médicament. Cela fait partie de la valeur que nous apportons ».

C’est cette démarche originale que l’entreprise veut aujourd’hui poursuivre. Michel Féraud annonce ainsi pour 2018 le lancement d’un nouveau produit se basant sur une molécule sous-utilisée. Un projet d’envergure mondiale. « Personne n’avait fait ce que nous avons réalisé pour le Bleu de méthylène. Nous ne cherchons pas pour chercher. Nous employons nos compétences à créer de la valeur en créant de nouvelles utilisations thérapeutiques à des produits existants. Le ProveBlue devrait ainsi également utilisé d’ici à 2019, pour la détection du cancer colorectal ». D’autres utilisations, notamment pour la détection du ganglion sentinelle sont en cours. « Il existe beaucoup de produits délaissés avec du potentiel. En y travaillant correctement, le charbon peut devenir diamant », commente-t-il.

A l’heure actuelle, Provepharm traite l’ensemble de ces marchés, soit 25 pays, depuis Marseille et ne dispose que d’une seule filiale aux Etats-Unis. « Nous allons maintenant changer de braquet. D’où les recrutements envisagés. Nous envisageons ensuite une levée de fonds de 30 M d’euros qui devrait permettre d’accélérer encore notre croissance ».

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