Bouches-du-Rhône
Provence Promotion : « 2018, l’année du numérique et de la logistique »
Interview Bouches-du-Rhône # Industrie # Attractivité

Philippe Stefanini directeur général de Provence Promotion Provence Promotion : « 2018, l’année du numérique et de la logistique »

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En 2018, l'agence de développement économique Provence Promotion a contribué à l'installation de 75 nouvelles entreprises sur le territoire des Bouches-du-Rhône. Depuis trois ans, les investissements directs sur le département sont en nette croissance. Philippe Stefanini, son directeur général, revient notamment sur l'installation de l'industriel chinois Quechen à Fos-sur-Mer.

Selon Philippe Stefanini, directeur général de Provence Promotion, c'est grâce à la promesse d’économie circulaire entre industriels sur la zone de Fos que l'agence a réussi à convaincre le chinois Quechen de s'implanter — Photo : Provence Promotion

Combien d’entreprises se sont installées dans les Bouches-du-Rhône en 2018 ?

Philippe Stefanini : Provence Promotion assiste à une augmentation régulière du nombre d’entreprises décidant de localiser leur activité dans le département. De 60 entreprises que nous avons aidées à s’installer dans les Bouches-du-Rhône en 2016, nous sommes passés à 68 en 2017. Nous allons achever l’année 2018 avec 75 entreprises nouvellement implantées sur le département. Depuis trois ans, les investissements directs étrangers sont en croissance. Le baromètre EY de l’attractivité démontre qu’Aix-Marseille a progressé de trois points par rapport à 2017 dans l’opinion des investisseurs étrangers.

Quelles ont été les filières porteuses ?

P. S. : Depuis plusieurs années, le numérique devient une composante essentielle du territoire avec la présence des data centers de Jaguar Network et Interxion qui stimule l’arrivée de nouveaux opérateurs télécom, de câbles et des intervenants techniques. Jusqu’à présent, nous traitions avec leurs clients pour localiser leurs équipements et à présent nous travaillons pour installer leurs équipes. Nous sommes en pourparlers avec des prospects dans l’édition de contenus. Nous valorisons notre proximité immédiate avec les câbles sous-marins offrant des coûts inférieurs de connectivité de 30 % par rapport à Bordeaux ou Lyon. Cette année, le géant indien Infosys a rejoint Marseille afin d’y déployer son expertise en supply chain. Le fondateur de Bovlabs, installée dans la Sillicon Valley, a choisi The Camp à Aix-en-Provence pour abriter sa maison-mère. Cette entreprise a développé un projet pilote qui devrait permettre à la gare ferroviaire d’Aix TGV de devenir autonome en énergie. 2018 fut aussi l’année de la logistique avec l’arrivée du spécialiste de l’électroménager Electro Dépôt, qui investit 17 000 m 2 à La Feuillane exploités par XPO Logistics. Cet été, ID Logistics a transféré son siège social de Cavaillon à Plan d’Orgon, un déménagement assorti de 90 recrutements. Nous les avons aidés à trouver le foncier et les avons accompagnés dans leur démarche d’installation.

2018 a été également marquée par l’ouverture d’accélérateurs sur le territoire...

P. S. : L’Occitane avait mis en concurrence le Campus de l’école polytechnique fédérale de Lausanne, Paris et Aix-Marseille. Nous l’avons finalement emporté en début d’année pour accueillir son incubateur de projets Obratori. L’immeuble Le Castel, dans le quartier de Joliette à Marseille, abrite également trois autres incubateurs : Ze Box de CMA CGM, l’accélérateur « M » de la Métropole et d’Aix Marseille Université, et Novahub Center. Cet accélérateur international, qui a déjà deux sites à Miami et Mexico City, a choisi Marseille pour sa troisième implantation. Les entreprises viennent à Marseille le temps de l’accélération, à nous de les convaincre de rester.

Aix-Marseille met un coup de projecteur sur l’Afrique, comment intervenez-vous ?

P. S. : Pour des raisons de logistique de coopération, des entreprises d’Afrique peuvent installer une activité en Provence. C’est le cas de Green Solutions au Maroc, qui fabrique des capteurs pour l’irrigation. L’entreprise, qui achète des composants en Europe pour les tester en Afrique du Nord, a estimé qu’il était plus simple de les tester et assembler ici plutôt qu’au Maroc. En Provence, les entreprises occidentales ou asiatiques bénéficient d’un accès direct aux entreprises innovantes africaines. Depuis La Ciotat où elle s’est récemment installée, Tajima est en contact avec des entreprises du textile depuis l’Egypte jusqu’au Maroc. Elle y a installé le siège de ses ventes ainsi qu'un centre de formation adossé à un atelier pilote. Cette société japonaise est désormais partenaire d'OpenMyMed, le festival de la Maison Mode Méditerranée.

Vous avez réussi à convaincre l’industriel chinois Quechen d’installer son usine européenne à Fos. Cela marque-t-il le renouveau de la zone industrielle ?

P. S. : Depuis deux ans, Provence Promotion, aux côtés du port de Marseille-Fos, des collectivités et des industriels de Piicto se sont démenés pour convaincre le groupe Quechen d’investir à Fos. Le 18 octobre, son PDG Que Wedong a signé la promesse de bail pour un terrain de 12 hectares représentant 105 M€ d’investissement pour la construction d’une usine de fabrication de silice qui alimentera une quinzaine d’usine de pneus en Europe. Cela faisait 50 ans qu’un industriel n’avait pas installé une usine à Fos ! Cette annonce arrive au moment où la métropole lance un appel à manifestation d’intérêt Industry’Nov aux côtés des industriels qui jouent le jeu de l’économie collaborative. Provence Promotion a participé avec le port de Marseille-Fos à la première édition du China International Import Expo début novembre à Shanghai. Nous ne leur avons pas vendu des produits mais un site d’implantation, et leur avons présenté ce que les industriels de la zone de Fos peuvent proposer comme échange d’énergie, d’utilités de produits. C'est grâce à cette promesse d’économie circulaire que nous avons réussi à convaincre Quechen.

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