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Oxatis change d’échelle grâce à la Bourse
Marseille # E-commerce # Capital

Oxatis change d’échelle grâce à la Bourse

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Editrice de logiciels de e-commerce, la société marseillaise Oxatis a franchi une nouvelle étape en avril en réussissant son entrée en bourse. Malgré ses pertes cumulées depuis sa création en 2001, elle est parvenue à lever 17 M€ et annonce aux investisseurs un triplement de son chiffre d’affaires d’ici à trois ans.

Marc Schillaci a cofondé Oxatis en 2001 à Marseille. La PME fait aujourd'hui 30 % de croissance par an — Photo : Nathalie Bureau du Colombier / Le JDE

Depuis son toit-terrasse, Marc Schillaci contemple la rade de Marseille et son va-et-vient de navires. Solaire, l’enfant de la Belle de Mai, inspire, en cette fin de journée, une grande bouffée d’air salin. Il raconte son long parcours, d’abord à Paris, puis dans l’Ouest américain en 1996. Au sud de la Sillicon Valley, il fonde Ebz.com, l'une des premières plateformes de commerce en ligne pour les petites entreprises. Les cartons d’emballages d’Ebz, soigneusement alignés sur les étagères de son bureau, témoignent de sa première vie d’entrepreneur.

200 employés d'ici à fin 2018

En 2001, désireux de rentrer au bercail, il cède l’entreprise à des Canadiens. De retour dans la Cité phocéenne, Marc Schillaci s’associe dans la foulée à Marc Heurtaut, son ingénieur en chef. Ils travaillent sans relâche dans la bien nommée rue de la Butineuse, près des Puces de Marseille et créent la société Oxatis, qui fait allusion au nom latin du trèfle à quatre feuilles qui porte chance. En 2010, les deux associés louent les premiers mètres carrés de ces imposants locaux circulaires atypiques qui dominent le nord de la ville.

« Désaffectés dans les années 80, les deux anciens réservoirs d’eau alimentaient les gares d’Arenc, du Canet et la centrale électrique du port. Ils ont été reconvertis en immeubles de bureaux. Nous occupons désormais 2 800 m2, nous avons besoin de place car l’an dernier nous avons embauché 70 personnes et 80 recrutements sont prévus cette année. Nous serons 200 personnes d'ici à la fin de l’année », annonce Marc Schillaci, président du directoire d'Oxatis.

La data coule à flot

Des recrutements en masse destinés à accompagner la croissance de 30 % par an de la PME. Un rythme qu'elle maintient depuis 2008. Dans ces anciens réservoirs, c’est désormais la data qui coule à flot. L’entreprise édite en mode Saas et s’appuie notamment sur les data centers voisins de Jaguar Network.

Des centaines de personnes rivées sur leur écran, casque vissé sur les oreilles, travaillent silencieusement. Pôle e-commerce, équipe marketing, graphistes, référenceurs, service RH. Les 15 designers d'Oxatis conçoivent 1 300 chartes graphiques par an. Ce concepteur de sites marchands compte 7 000 clients, des entreprises réalisant de 100 000 € à 20 M€ de chiffre d’affaires dans tous les secteurs d’activité (mode, déco, jardinage, boucherie, services, sports…). « Nos clients génèrent chaque jour 40 000 commandes pour 350 M€. Le logiciel est identique, seuls changent la configuration, le design et le contenu. Nous participons au succès des entreprises qui nous ont fait confiance. Par exemple, Commencal, spécialiste du VTT, a vu ainsi son chiffre d’affaires passer de 150 000 € à 15 M€ en six ans », souligne Marc Schillaci.

« En bourse pour grandir et par satisfaction intellectuelle »

A 57 ans, l’homme s’est lancé un nouveau défi : entrer à la Bourse de Paris. En bon ingénieur qui se respecte, il énonce posément ses motivations. « Nous voulons accroître la notoriété de l’entreprise et la marque employeur pour attirer les talents. En bourse, vous êtes tenu à la transparence financière pour faire appel au marché et grandir. J’ajouterai enfin une satisfaction intellectuelle », détaille-t-il.

Dès le 24 avril 2018, trente investisseurs le suivent. Oxatis lève 17 M€ auprès d’Axa, HSBC et d’autres fonds. Cette coquette somme s’ajoute aux 15 M€ levés hors marché boursier les années précédentes. Lors de son "roadshow" auprès des investisseurs, il déroule la feuille de route. « Nous voulons doubler de taille d’ici à trois ans », annonce-t-il. Selon lui, « le e-commerce a de belles années devant lui, puisqu’il ne représente aujourd’hui que 10 % des ventes de détail ».

Une formation taillée sur mesure

A compter de septembre, une vingtaine d’élèves inaugurera la première promotion du Master Digital Marketing & Sales dispensé par Kedge Business School à Marseille, dont Oxatis est partenaire. « La formation est un sujet majeur. Nous devons former 80 personnes cette année », explique le PDG. Ce cursus devrait monter en puissance avec 40 élèves en 2019 et 80 en 2020.

En 2017, Oxatis a réalisé un chiffre d’affaires de 9,6 M€, dont 20 % à l’export (Espagne, Italie, Grande-Bretagne), accusant une perte de 2,3 M€ (9 M€ de pertes nettes cumulées depuis 2001). Quatrième plate-forme mondiale dans sa catégorie (derrière les poids lourds américains du e-commerce Shopify, BigCommerce, Volusion), Oxatis table sur 20 M€ pour 2020 et un retour à l’équilibre.

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