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Olivier Mathiot : « The Camp doit attirer deux fois plus de partenaires »
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Olivier Mathiot président de The Camp Olivier Mathiot : « The Camp doit attirer deux fois plus de partenaires »

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Alors qu'il fête son premier anniversaire, The Camp, le campus d'innovation dédié à la ville de demain et à la transformation numérique installé à Aix-en-Provence, a enfin trouvé son président en la personne d’Olivier Mathiot, ex-coprésident de France Digitale. L’entrepreneur de 47 ans est également PDG de Rakuten et membre du directoire d’Aix-Marseille French Tech. Il livre ses projets pour The Camp et ce qu’il pense de la région.

Olivier Mathiot envisage de rapprocher The Camp de fonds d'investissement pour que la structure puisse elle-même financer des projets — Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Comment s’est passée votre arrivée à The Camp ?

Olivier Mathiot : Je me suis installé dans le Sud en février 2017 pour m’impliquer dans la vie économique locale. Je savais que The Camp cherchait un nouveau président, donc j'ai candidaté car je m'intéresse à toutes les questions autour de l’innovation. J’avais eu l’occasion d’échanger avec le fondateur de The Camp Frédéric Chevalier (décédé en juillet 2017, NDLR) et j’avais aimé sa vision ambitieuse, que je trouve au cœur de notre époque.

Quelle définition donneriez-vous de The Camp ?

O.M. : Il s’agit d’une plateforme, comme un camp de base pour les alpinistes qui s’entraînent avant une ascension. On y passe un séjour de transformation afin de se préparer pour le futur. L’autre aspect important est celui de l’innovation for good, cela désigne l’évolution technologique ou sociale dans le cadre d’un futur positif.

Nous ne visons pas que le numérique. Regardez (il pointe son doigt vers la maquette d’un immeuble végétalisé) : nous faisons toutes sortes d’innovations, y compris pour les centres-villes ou les immeubles, et nous les articulons entre elles. L’idée c’est justement de mélanger les expériences pour améliorer la vie de l’homme. Des jeunes viennent ici sans être issus du monde de l’entreprise et apportent une vision différente. C’est ma définition, mais elle n’est pas figée et est amenée à bouger. La structure fête sa première année, nous avons déjà une vingtaine de partenaires engagés comme Vinci, La Poste, Sodexo ou Airbus pour ne citer qu’eux, et 20 000 personnes sont passées ici. Mon rôle est de faire encore plus.

Justement, votre présidence n’est pas exécutive, quels sont objectifs ?

O.M : Ma mission est d’avoir une vision davantage sur le long terme que sur le quotidien et de construire le The Camp d’aujourd’hui et de demain. C’est un modèle hybride notamment financièrement, avec de l’argent public, commercial et bientôt issu de la fondation que nous voulons lancer cette année. Il faut tout d’abord pérenniser les revenus, en travaillant mieux avec nos partenaires et en étant plus proches d’eux. Cela signifie les engager encore plus, avec davantage de personnes envoyées chez nous.

Ensuite, il reste à enclencher des mécanismes pour trouver d’autres sources de financement, en cherchant d’autres partenaires. J’aimerais doubler leur nombre en créant un deuxième cercle. Cela peut être avec des entreprises. Il nous manque certains secteurs, comme la grande distribution ou l’alimentation, mais aussi via des accords avec des gouvernements étrangers. A long terme, nous pourrions nous rapprocher de fonds d’investissement et les bénéfices permettraient de financer des projets pouvant venir de nos partenaires. Mais cela nécessite une équipe d’analystes et d’investisseurs.

Vous voulez également dupliquer le modèle dans d’autres pays…

O.M : Oui, j’aimerais faire ça. Nous visons plutôt des pays du bassin méditerranéen, mais ce n’est pas évident, parce qu’il faut retrouver l’alchimie du lieu. Nous réfléchissions à une charte minimale pour conserver l’esprit The Camp. Le projet est avancé, mais nous ne pouvons pas le financer. Il faut trouver un modèle économique et trouver des partenaires dans ces pays.

Vous ne venez pas de la Région Sud. Quelle image en avez-vous, en tant que chef d’entreprise ?

O.M : Je pense que la région est sous-estimée, car méconnue. Il y a une bonne base avec la culture et le climat, mais cela ne suffit pas, il faut travailler plus pour attirer les talents, car les entreprises viennent là où ils sont et cela veut notamment dire avoir plus d’écoles. Si l’image est dégradée, c’est à cause de ce que tout le monde sait avec les histoires d’affairisme. Quand il y a trop d’entre-soi, ces rapprochements peuvent avoir lieu et c’est pour cela que la région doit s’ouvrir d’un point de vue national et international. Que les investisseurs soient à Paris ce n’est pas très grave. C’est l’innovation qui doit attirer. C’est ce que j’avais essayé de faire avec le France Digitale Tour (le 4 juillet dernier à Marseille, NDLR), qui permet de rapprocher les investisseurs et les entrepreneurs en région.

Vous êtes membre du directoire d’Aix-Marseille French Tech. Vous ne vous êtes pas demandé où vous aviez mis les pieds, après la manière douloureuse dont la passation du label s’est déroulée au printemps ?

O.M : Un petit peu quand même ! C’est dommage que la politique se soit invitée là-dedans. La French Tech, c’est fait pour et par les entrepreneurs, il ne faut pas que cela prenne une dimension politique, même s’il y a de l’argent public. A nous de trouver des financeurs du privé.

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