Les plus anciens se souviennent de la société arlésienne Guintoli. Fondée il y a 71 ans sur les terres camarguaises par Lucien Guintoli, la PME a prospéré en construisant les routes et les autoroutes de l’Hexagone. Devenue en 2002 Nouvelles Génération d’Entrepreneurs (NGE), l’entreprise, nichée au pied des Alpilles, s’est hissée au rang de poids lourd du BTP, en intégrant de nouveaux savoir-faire. Employant 11 200 salariés, la constellation NGE compte une soixantaine de filiales organisées autour de sept métiers, évoluant au gré des opportunités.
Le nouveau marché de la fibre
« Nous essayons de nous positionner sur des marchés porteurs pour générer de la croissance et renouveler les activités moins dynamiques, tels que les grands terrassements. Quand les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin annoncent le plan quinquennal France Haut Débit, doté de 22 milliards d’euros pour équiper le pays en fibre, nous nous sommes positionnés. Partis de zéro en 2016, notre carnet de commandes représente un milliard d’euros sur cinq ans », précise Antoine Metzger, qui préside NGE depuis 2014.
NGE Infranet, filiale dédiée aux études et grands projets de déploiement de réseaux fibre optique, devrait ainsi raccorder 255 000 prises dans 286 communes françaises. Après l’équipement des foyers de la région Est, NGE déploie la fibre dans les foyers héraultais. NGE Infranet devrait franchir le cap des 100 M€ de chiffre d’affaires en 2018.
Le Grand Paris, 600 M€ sur cinq ans
Les aménagements métropolitains, notamment les chantiers de transport collectif constituent, là encore, une source de diversification, en particulier dans des travaux souterrains.
« Le Grand Paris est un projet incroyable, qui vise à doubler le linéaire de métro d’ici à 2030. Nous avons dû apprendre un nouveau métier, investir dans des tunneliers, gérer des usines souterraines. Le carnet de commandes du Grand Paris représente 600 M€ sur cinq ans pour NGE », précise Antoine Metzger.
Les chantiers de la ligne 11 battent leur plein. Le premier des quatre tunneliers du groupe a commencé à forer la future ligne 15. NGE creusera également les lignes 16 (le lot le plus important du projet) et 14. Cette dernière reliera l’aéroport d’Orly aux lignes 18 et 15 du métro.
Tram, bus et nucléaire en province
En province également, NGE s’est positionné sur de nouveaux marchés, comme les travaux d’aménagement du futur bus à haut niveau de service d’Aix-en-Provence, la réalisation des voies ferrées et du génie civil des tramways d’Avignon et de Caen. Les deux chantiers s’achèveront en 2019.
Après l’effondrement, en août dernier, d’une section du Pont Morandi à Gênes, en Italie, les ouvrages d’art sont passés au crible en France. Selon Antoine Metzger, leur pathologie pourrait représenter 30 % du chiffre d’affaires de l’entreprise en 2020.
Autre filon de croissance détecté pour les années à venir : le nucléaire, la signalisation ferroviaire et les sols sportifs. En 2018, NGE a remporté son troisième marché pour l’EPR de Flamanville, portant sur la construction des plateformes des bâtiments nécessaires au remplacement des générateurs de vapeur.
1 700 salariés à l’étranger
NGE réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires en France, où l’entreprise emploie 9 500 collaborateurs répartis sur une centaine d’implantations. Recrutant en moyenne 2 000 salariés par an, NGE est aussi très actif à l’international, où le groupe réalise 15 % de son chiffre d’affaires.
Sur les 1 700 collaborateurs employés à l’étranger, un millier travaillent au sein de la filiale NGE de Casablanca, au Maroc. Parmi les grands chantiers du royaume chérifien, la réalisation par NGE du triplement de la voie ferrée entre Casablanca et Rabat.
En Amérique centrale, l’entreprise multiplie les chantiers à Saint-Domingue, en Équateur, au Mexique et à Panama avec un grand projet de métro. « En Afrique francophone, nous sommes présents au Sénégal, en Côte d’Ivoire, et l’année prochaine nous démarrons la construction d’un barrage au Cameroun. En Égypte, nous réalisons une ligne du métro du Caire », détaille Antoine Metzger. En Grande-Bretagne, NGE vient d’achever une nouvelle ligne de RER pour Crossrail à Londres, un chantier de 5 ans pour un marché de 800 millions de livres. « Élizabeth Line », en service début 2019, transportera 200 millions de passagers par an.
NGE, qui a réalisé un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d'euros en 2018, table sur un bénéfice de 20 M€. Un chiffre d’affaires aujourd’hui constitué principalement dans les travaux de terrassement (25 %) et ferroviaires (25 %). L’entreprise, détenue à 65 % par ses cadres dirigeants, a ouvert son capital aux salariés, y compris ceux travaillant à l’étranger, à travers un FCPE. Les 35 % restants sont entre les mains des banques (CM-CIC, Bpifrance).
