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De Tann’s aux Bidibules, Fabrice Raffo donne une seconde vie aux marques
Marseille # Biens de consommation

De Tann’s aux Bidibules, Fabrice Raffo donne une seconde vie aux marques

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Après avoir relancé la marque de cartables Tann’s, Fabrice Raffo, un ancien commercial de 42 ans, se retrouve à la tête de deux sociétés et un fonds d’investissement. Son dernier défi en date : donner une deuxième vie aux jouets pour enfants de la fin des années 1970, les Bidibules.

— Photo : Rémi Baldy/Le Journal des Entreprises

Si vous avez 40 ans, vous avez connu les cartables Tann’s et les figurines Bidibules… Les deux marques cultes tombées dans l’oubli doivent leur seconde jeunesse à un même homme : Fabrice Raffo. « Changer de domaine, c’est ce qui est excitant », sourit ce Marseillais d’aujourd’hui 42 ans, qui n’avait rien d’un spécialiste dans la relance de vieilles marques au moment de reprendre Tann’s en 2007.

Tout est parti d’une conversation avec Benjamin Prades, un ami rencontré sur les bancs de l’ESC Grenoble, et leurs femmes respectives. « On parlait des marques de notre jeunesse, on connaissait tous Tann’s et trois d’entre nous avaient eu un cartable », raconte Fabrice Raffo. Les deux ex-camarades de promotion décident de contacter Le Tanneur, détenteur de la marque, et montent le dossier de reprise en un mois. « Il y avait une grosse concurrence, mais contre toute attente, ils nous ont choisis et même aidés à nous lancer sur le produit », se souvient Fabrice Raffo. L’apprentissage du process industriel se fait de manière express. Débutent alors trois ans de galère sans salaire et avec la maison en caution.

Le « cartable de Proust »

Pour réussir, les deux néo-entrepreneurs misent sur la valeur de la marque et sur un effet « cartable de Proust » avec l’entrée en CP des enfants de parents ayant connu Tann’s. La distribution et l’aspect haut de gamme sont conservés, mais les cartables sont désormais plus légers. Le pari reste risqué et seuls trente distributeurs acceptent de placer les Tann’s en rayon. Mais le succès prend et tous les cartables sont écoulés. La société ad hoc Aliséo vend jusqu’à 200 000 unités et génère un CA de 5 M€.

Cette réussite n’échappe pas à la société Oberthur qui propose en 2015 de racheter la marque. L’offre tombe plutôt bien puisque Fabrice Raffo et Benjamin Prades ont le marché plus universel du sac à dos en ligne de mire. Après la vente, les deux associés lancent une nouvelle société, Kaïla (CA : 200 000 €), et des sacs à dos modulables et personnalisables baptisés Kuts. Après un an et demi de commercialisation, une phase d’accélération est prévue.

Un oeil sur les start-up

Mais cela ne suffit pas à Fabrice Raffo. Contaminé par le goût d’entreprendre, il lance en 2017 un fonds d’investissement baptisé Kapinno (10 associés) et la société Kidul (ludique à l’envers) pour remettre au goût du jour les Bidibules, tombés dans le domaine public. « L’idée vient d’un de mes amis du lycée qui m’a dit que je pourrais refaire ce que j’ai fait avec Tann’s », souligne Fabrice Raffo. Pas vraiment convaincu au départ, il teste les jouets avec 20 enfants âgés de 2 à 8 ans pendant 15 minutes. « Au bout d’une heure, il fallait arracher les Bidibules des mains des enfants », s’étonne encore Fabrice Raffo.

Ces jouets stimulent en effet l’imagination et la motricité chez l’enfant. Pour le reste, difficile d’utiliser la même recette que pour Tann’s. Les jouets pour enfant ayant davantage de normes et une production industrielle plus coûteuse. « Avec l’expérience, je sais que cela va prendre du temps », explique Fabrice Raffo. L’entrepreneur a déjà le regard tourné vers l’avant, et vers l’univers des start-up qui le fascine. Le fond Kapinno a déjà investi dans cinq entreprises innovantes. Après les marques du passé, on devrait retrouver Fabrice Raffo dans celles du futur.

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