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Cevidra prend un virage dans la valorisation de brevets
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Cevidra prend un virage dans la valorisation de brevets

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La PME Cevidra, installée à Grasse (Alpes-Maritimes), a valorisé un brevet de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire sous forme d’une crème pour traiter en urgence les contaminations cutanées aux radionucléides. Elle se lance à l’export et poursuit ses recherches pour trouver une solution aux contaminations en milieu hospitalier.

François Rebière de l'IRSN, co-inventeur de la formulation brevetée, Pascal Chanton, pharmacien responsable du laboratoire et Stéphane Destaing (à droite), président de Cevidra, lors de la remise du prix Innovation Sûreté Nucléaire lors du WNE 2018 à Paris — Photo : Cevidra

Le laboratoire grassois Cevidra vient de frapper un grand coup en obtenant un accord de licence exclusif et mondial pour exploiter un brevet de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le produit issu de la découverte : une crème permettant de traiter avec une efficacité de 100 % les contaminations cutanées aux radionucléides. Après deux ans de R&D et un million d’euros financés sur fonds propres, Cevidra a lancé la commercialisation de la crème en juillet en Europe et prépare son entrée sur les marchés japonais et américain pour 2019. « L’IRSN nous a choisi pour notre capacité à transformer un projet de recherche en projet industriel et parce que nous étions un établissement 100 % français », explique Stéphane Destaing, qui a créé le laboratoire en 2006.

Valoriser les brevets de laboratoires de recherche

« Ce qui nous intéressait dans ce projet, c’était d’être les premiers à apporter une solution pour traiter la contamination cutanée aux radionucléides, première source de contamination dans l’industrie nucléaire », poursuit l’entrepreneur. Cevidra ne peut pas communiquer de chiffre d’affaires prévisionnel tant il dépend de l’adoption du produit par les agences de sûreté nucléaire locales et les autorisations de mise sur le marché délivrées.

Avec cette valorisation de brevet, Cevidra ouvre un nouvel axe de développement. « Nous allons poursuivre la R&D pour proposer une solution dans le nucléaire hospitalier, où on ne trouve pas les mêmes produits que dans l’industrie nucléaire, et nous avons déjà été contactés par d’autres laboratoires de recherche pour valoriser leurs brevets », indique Stéphane Destaing. En attendant, le laboratoire grassois compte bien exploiter sa toute nouvelle visibilité mondiale, obtenue en juin à Paris, au World Nuclear Exhibition, où il a reçu le WNE Award dans la catégorie sûreté nucléaire.

Un nouveau bâtiment sur le site d’Aroma Grasse

Intégré au groupe Destaing (35 salariés, CA 2017 : 12 M€), qui comprend les laboratoires vétérinaires Destaing, créé en 2000 par Cécile Destaing, et MP Labo, acquis en 2015, Cevidra se concentrait jusqu’à présent sur les niches pathologiques et les maladies rares. « Notre métier, c’est de donner accès aux hôpitaux français à tous les médicaments du monde, que cela concerne un ou mille patients », précise-t-il. Cevidra importe et commercialise des médicaments distribués par des établissements étrangers n’ayant pas effectué les démarches pour obtenir une autorisation de mise sur le marché en France. Il fournit ainsi environ 800 établissements de santé français.

Et le laboratoire grassois se prépare aujourd'hui à une forte croissance. Il vient d’acheter le dernier terrain disponible sur le site d’Aroma Grasse, où se trouvent ses locaux actuels, pour construire un bâtiment de 2 000 m². La nouvelle unité, abritant un laboratoire et un espace de stockage, devrait être opérationnelle d’ici 2021. « L’objectif est de garder la R&D en France et de créer des filiales à l’étranger pour la commercialisation », précise Stéphane Destaing. L’entrepreneur vient par ailleurs d’étoffer l’équipe avec un directeur du développement, Philippe Mauvais, qui a notamment travaillé chez Aventis et Allergan.

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