Alain Baccino : « Il n’y aura pas de pénurie de vin rosé »
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Alain Baccino président du Comité interprofessionnel des vins de Provence Alain Baccino : « Il n’y aura pas de pénurie de vin rosé »

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Depuis quelques semaines, la crainte d'une pénurie de vin rosé pour l'été se propage. Alain Baccino, président du Comité interprofessionnel des vins de Provence à la tête du domaine de Peirecèdes dans le Var, fait le point sur la situation et sur l'avenir du rosé, mais aussi du vin rouge.

Alain Baccino souhaite profiter du récent succès du rosé pour redonner des couleurs au rouge et affirmer la Provence comme une vraie terre viticole — Photo : CIVP

Le Journal des Entreprises : On entend beaucoup parler d’une pénurie de rosé pour cet été, qu'en est-il ?

Alain Baccino : C’est une conclusion mathématique qui a fait le tour de la presse, mais soustraire la demande aux volumes n’a pas de sens dans la réalité. C’est vrai que nos volumes cette année sont plus bas, mais avec le mauvais temps nous sommes en retard sur les ventes de deux mois. Il n’y aura pas de pénurie, nous ne sommes pas inquiets. Même si nous nous trouvions en difficulté, il existe toujours des moyens pour se rattraper, comme récolter plus tôt ou changer de millésime plus rapidement, mais nous n’aurons pas à avoir recours à ce genre de solution. Nous sommes capables de faire face à une demande qui augmente, le rosé est de plus en plus prisé.

Quelle est la situation du vin en Provence ?

A. B. : Nous sommes depuis plusieurs années sur une hausse des volumes et de notre notoriété. Les rosés, qui représentent 89 % des vins de Provence, ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’il y a 40 ans; Un énorme travail a été fait sur le cépage et la vinification, particulièrement difficile pour cette couleur. Cela nous a permis d’avoir une reconnaissance locale, puis nationale et désormais internationale. L’export représente aujourd’hui 30 % des volumes contre 11 % en 2008. La progression est fulgurante aux Etats-Unis qui représentent la moitié des ventes et nous a permis de développer les marchés en Grande-Bretagne et en Australie. On savait que notre marge de progression était là, c’est pour cela que nous avons réalisé une campagne de communication internationale en choisissant certains pays pour adapter notre message.

Cela veut dire que l’avenir des vins de Provence passe par l’export du rosé et la disparition du rouge ?

A. B. : Le succès de l’export ne veut pas dire que tous les producteurs se lancent là-dedans ; chacun s’organise à sa manière et choisit son segment selon sa capacité. Pour chaque entreprise, il est important de ne pas se disperser. Concernant une éventuelle disparition du vin rouge, c’est tout le contraire. Le rosé nous sert de tremplin et nous observons cette couleur progresser sur le marché régional. Nous commençons à nous interroger pour pousser le rouge en terme de communication. La diversification fait partie de notre montée en gamme. La Provence est devenue une vraie terre viticole, on le voit avec les prix des bouteilles et des domaines qui grimpent en flèche.

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