Et rebelote ? Après un premier long métrage, "Brides", salué par la critique et le prix du public du Festival du film de Berlin 2014, la société de production et de distribution cinématographique cannoise Adastra pourrait bien transformer l'essai. Son deuxième long métrage, "The Strange Ones", coréalisé par les Américains Lauren Wolkstein et Christopher Radcliff, vient d'intégrer la sélection officielle du festival South By Southwest (SXSW) qui se déroulera du 10 au 19 mars à Austin. « SXSW est le deuxième plus grand festival américain de films indépendants après Sundance », se réjouit Sébastien Aubert, cofondateur d'Adastra. Qui voit en cette sélection « l'aboutissement de huit années de travail dans la production de courts pour trouver des talents et les amener vers le long ». Ce qui est le cas du duo de réalisateurs de "The Strange Ones", dont Adastra avait produit les courts métrages en 2011 et 2012.
Vers des films plus populaires
Créée en 2008, Adastra a donc fait ses armes sur le court où elle est aujourd'hui reconnue. Avec une vingtaine de films (produits ou acquis) au compteur, elle totalise plus de 1300 sélections en festivals pour 300 prix. Douze de ses films sont d'ailleurs disponibles sur la plateforme de vidéo à la demande Netflix. Une première pour un distributeur de courts métrages. Qui, désormais, se concentre aussi sur le long. « Le premier film produit par Adastra était un film d'auteur pur et dur, assez confidentiel, celui-ci (The Strange Ones, ndlr) est un thriller plus accessible au public avec un acteur - Alex Pettyfer - suivi par plus de 2 millions de personnes. La prochaine étape sera de se rapprocher encore plus des films populaires pour élargir l'audience », explique Sébastien Aubert. Et ainsi gagner en notoriété. Aussi deux comédies sont-elles actuellement en cours, d'écriture pour la première, de recherche de financement pour la seconde.
Financements alternatifs
À cet égard, Adastra s'attache pour chacun de ses projets à diversifier ses sources de financement. « C'est un peu notre marque de fabrique. Nous partons du principe qu'il faut trouver des alternatives aux subventions. C'est pourquoi nous avons développé une expertise en matière de sponsoring et de mécénat », déclare le dirigeant qui en échange de participations sonnantes et trébuchantes propose aux entreprises des placements produits ou des parts sur les recettes. Ainsi "The Strange Ones", dont le budget s'est élevé à 750 000 dollars, a-t-il été intégralement financé par des investisseurs privés, français et américains.
Le boom de la réalité virtuelle
Reste que cette activité cinéma - aussi prestigieuse soit-elle - ne permet pas encore d'équilibrer l'entreprise de six personnes qui a réalisé en 2016 près de 300 000 euros de chiffres d'affaires (hors subventions), dont 60 000 euros générés par la vente de courts métrages. Le reste étant porté par l'activité chapeautée par la marque corporate de la société, Films 06, spécialisée dans les films d'entreprise, les activités de team building et, depuis un an, la réalisation de contenus en réalité virtuelle. « Cette activité a explosé très vite pour devenir notre principale ressource financière », souligne le dirigeant. La Société des Bains de Mer de Monaco a été la première à se laisser tenter, suivie dans la foulée par le CRT Paca pour la réalisation de films promotionnels, puis par Amadeus, BNP, l'enseigne de coiffure Pascal Coste et même Thales... dont le sujet, lui, est tenu "secret défense" !
