Maine-et-Loire
Veg’extra, discret spécialiste de l’extraction végétale
Maine-et-Loire # Biotech

Veg’extra, discret spécialiste de l’extraction végétale

S'abonner

A Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), la discrète entreprise Veg’extra travaille dans un marché de niche, celui de l’extraction végétale. Elle a été choisie par Deinove, une société montpelliéraine, qui l’a chargée de réaliser l’extraction de la caroténoïde pour fabriquer un actif cosmétique antioxydant innovant.

L'extraction végétale est un secteur de niche qui compte seulement quelques entreprises en France — Photo : Olivier Hamard JDE

Sans la volonté de Deinove d'évoquer sa collaboration avec Veg’extra pour parler de ce nouveau produit, ce n'est pas l'entreprise de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) qui en aurait fait état. La discrétion est en effet l'une de ses règles d'or. Veg’extra travaille exclusivement pour des donneurs d’ordres et entretient le secret du nom de ses clients et la teneur des travaux qu’elle réalise.

Depuis 1998, la société créée par Lionel Fleutry et aujourd’hui dirigée par son fils Laurent effectue des extractions de plantes à la commande, pour des grands noms de la cosmétique principalement, mais aussi dans le domaine de l’agroalimentaire. Veg’extra n’a donc ni gamme de produits, ni catalogue, dans ce marché de niche qui ne compte que quelques entreprises en France : « Nous sommes reconnus pour ce savoir-faire bien particulier, assure François Steiner, directeur commercial de Veg’extra, pour la transparence avec laquelle nous travaillons et la fiabilité de ce que nous produisons. Nous faisons des extractions à échelle industrielle et nous réalisons notre chiffre d'affaires par les kilos d'extraits que nous vendons à nos clients prescripteurs qui sont souvent nos meilleurs commerciaux. Et même si nous assurons une présence régulière dans des salons spécialisés, nous n’avons pas de produits à y présenter puisque nous n'avons quasiment aucun stock. »

Ces clients sont majoritairement français, même si Veg’extra compte dans son portefeuille quelques donneurs d’ordres étrangers, une activité internationale encore faible mais que l’entreprise souhaite bien développer.

10 tonnes de plantes fraîches pour 100 kilos d’extrait

De l’entreprise de Montreuil-Bellay, qui réalise 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 23 personnes, sortent chaque année 3 à 400 lots de produits. « Cela peut être 4 à 5 litres comme 10 000 selon les commandes, précise François Steiner. Dans la plupart des cas, nos clients nous fournissent eux-mêmes la matière première. Pour 20 % des extraits que nous réalisons, nous l'achetons nous-mêmes auprès d'un réseaux de fournisseurs. »

Des végétaux du monde entier, à des prix très divers, dont Veg’extra va extraire les molécules pour les restituer au client. Le plus souvent, le client a identifié la plante et la molécule qu’il souhaite en tirer et Veg’extra intervient en transposant industriellement le processus d’extraction. Pour réaliser chacun de ses travaux, l'entreprise utilise uniquement des plantes sèches, dont l’extraction est effectuée avec de l'eau, de l’éthanol ou un produit solvant. Ce solvant évaporé, reste alors un concentré dont on va extraire les molécules.

« Pour une tonne de plante sèche, il faut dix fois plus de plante fraîche, précise François Steiner, et on obtiendra seulement 100 kilos d’extrait. 10 tonnes d’eau vont être nécessaires pour extraire ces 100 kilos. L’aspect écologique est donc au cœur de nos préoccupation et nous sommes très contrôlés sur les rejets. L’eau qui sort de chez nous est particulièrement chargée en matière organique, ce qui intéresse beaucoup les centrales de traitement des eaux. Quant aux résidus de plantes, ils rejoignent une plateforme d’épandage, l’éthanol et les solvants sont recyclés et certains d'entre eux confiés à des entreprises spécialisées. »

Le travail réalisé pour Deinove a donné à Veg’extra une visibilité sur laquelle l'entreprise compte bien s'appuyer pour attirer de nouveaux clients, elle qui a connu un passage difficile lors de la crise qui a touché de nombreux secteurs en 2008. « Nous l’avons ressentie en 2009 avec 6 mois de retard, explique François Steiner, mais de manière assez violente : nous qui ne travaillons qu’avec des donneurs d’ordres nous sommes retrouvés du jour au lendemain sans aucune prestation à effectuer. Il a fallu aller voir nos clients et plusieurs d’entre eux nous ont soutenus en nous apportant pour 100 000 euros de commande très rapidement. »

La collaboration de longue date entre les prescripteurs et Veg’extra a sans doute beaucoup contribué à ce soutien pendant cette période de crise.

Maine-et-Loire # Biotech