Maine-et-Loire
Union française des industries mode et habillement : "Recréer le lien entre distributeurs et industrie"
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Entretien avec Sylvie Chailloux présidente de l'UFIMH "Recréer le lien entre distributeurs et industrie"

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Dirigeante de l'entreprise Textiles du Maine, à Montilliers (Maine-et-Loire), qui emploie 50 personnes pour un chiffre d'affaires de 2,3 millions d'euros en 2020, Sylvie Chailloux est la nouvelle présidente de l'Union française des industries mode et habillement (UFIMH). Selon elle, la crise sanitaire, que le secteur traverse difficilement selon les différentes branches, va encourager à la relocalisation dans cette filière.

Sylvie Chailloux, dirigeante des Textiles du Maine, est la nouvelle présidente de l'UFIMH — Photo : Olivier Hamard

Qu'est-ce que l'UFIMH ?

L'Union française des industries de la mode et de l'habillement regroupe 2 000 entreprises adhérentes, dont 95 % ont moins de 10 salariés, du fabricant aux marques de distributeurs, qui créent leurs collections et les commercialisent dans leurs points de vente, en passant aussi par tout ce qui concerne les accessoires. Cela inclut aussi bien le secteur du prêt-à-porter que les vêtements d'image ou administratifs et militaires. Le rôle de l'UFIMH est de défendre et de représenter la filière auprès des pouvoirs publics et des partenaires sociaux, souvent au côté des représentants du secteur textile. Nous réfléchissons aussi aux projets à mettre en œuvre pour soutenir la filière, en anticipant les évolutions de marché.

C'est une organisation très hétéroclite ?

Nous allons d'un bout à l'autre de la chaîne dans le secteur de l'habillement, mais nous avons peu de marchés en commun, depuis le mouvement de délocalisation de la filière dans les années quatre-vingt. Nos distributeurs adhérents commercialisent en effet majoritairement des produits qui ne sont pas fabriqués en France. Les entreprises qui produisent en France travaillent essentiellement pour le secteur de la mode ou du prêt-à-porter de couturiers.

Comment se porte la filière ?

Avant la crise sanitaire, la filière se portait plutôt bien. L'industrie de
l'habillement avait beaucoup de demandes et les entreprises recrutaient. Mais depuis mars 2020, la filière est fortement touchée. De leur côté, les marques de distributeurs ont souffert, avec les périodes de confinement
et les fermetures de magasins. Le secteur commençait à se réinventer, certains précurseurs avaient investi dans le digital et s'en sortent sans doute mieux. La digitalisation s'est d'ailleurs fortement accélérée avec la crise.
Pour l'industrie de l'habillement, tout n'a pas été stoppé net comme lors de la crise de 2008-2009, et les commandes ont diminué sans jamais s'arrêter totalement. L'activité des façonniers qui travaillent en prêt-à-porter de couturiers est soutenue par la demande chinoise et résiste pour le moment assez bien. Pour les sous-traitants de seconde main, la situation est plus difficile.

La fabrication de masque dès le printemps 2020 se poursuit-elle ?

Nous en fabriquons et en vendons encore tous les jours. Ils sont homologués en catégorie 1 et peuvent toujours être portés, dans les écoles par exemple. Dans la région, Pôle Mode Ouest en centralise la distribution, avec la vente en BtoC sur un site dédié et la vente en BtoB avec un numéro de téléphone pour les entreprises.

Que souhaitez-vous mettre en place pendant votre mandat de présidente ?

Je veux entre autres recréer le lien entre les marques de distributeurs
et l'industrie française pour susciter des partenariats qui permettraient
de réinvestir dans l'outil. On ne sera certes pas en capacité d'habiller toute la France mais il y a une réelle demande des consommateurs pour des produits fabriqués localement et durables.

Que pourrait-on relocaliser ?

Nous avons déjà une dépendance importante en termes de sourcing qu'il serait bon de diversifier. L'impact carbone va inciter à y réfléchir. On peut imaginer une fabrication en zone pan-euro-méditerranéenne avec du textile français ou faire fabriquer en France avec du textile importé de
cette zone. On va certes se heurter à un problème de prix et de capacité. La production française serait plus chère, mais pas démesurément, et les consommateurs seraient peut-être prêt à payer 10 % de plus. Par ailleurs, nos clients investissent beaucoup dans le marketing et la distribution. En diminuant cette part, une partie de ces sommes pourrait être réinjectée dans l'outil de fabrication.

Est-ce envisageable rapidement ?

Pour l'instant, les marques veulent vendre, ce qui est compréhensible après une année difficile. En attendant, l'industrie, en plus de ses clients, va explorer d'autres cibles, comme les entreprises à mission, les marchés publics, mais aussi des start-up, qui créent et vendent des vêtements avec d'autres modèles économiques.

Pour la filière, comment envisagez-vous les mois à venir ?

Les entreprises ont globalement du travail pour le premier semestre 2021, mais nous avons d'importantes difficultés d'approvisionnement, qui étaient fréquentes auparavant et se sont accentuées depuis quelques mois. Pour la suite, cela dépendra beaucoup de l'évolution de la pandémie. Mais la filière de fabricants est solide et résiliente.

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