Si Strego atteint ses objectifs 2020, le cabinet d’expertise comptable et d’audit aura doublé de taille en 10 ans. Il emploiera alors 1 200 personnes pour 120 millions d'euros de chiffre d'affaires. Une belle ambition, mais le groupe ne cherche pas à grandir pour grandir. Plutôt à se diversifier pour continuer d’exister. Employant actuellement 1 100 collaborateurs, il a réalisé 93 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2016, en incluant le cabinet d’avocats Oratio. Le groupe angevin accompagne 20 000 clients, dont des entreprises emblématiques (Arianespace, LDC, Eolane, Bouyer Leroux, Système U, le Crédit Mutuel Anjou, le groupe Rouyer) et de grandes associations comme l’Armée du Salut. Toutefois, cela ne suffit pas. « Si on cesse de grandir, on risque de disparaître à terme », explique Yves Guibreteau, président de Strego.
Concurrencé par l’automatisation
D’une, parce que son monopole commence à se fissurer... « Depuis 1945, la tenue de la comptabilité était uniquement réservée aux experts-comptables. À présent, les éditeurs de logiciels s’y mettent. La perte du monopole est quasiment actée aujourd’hui. Le Conseil d’État vient de rendre un avis qui va d’ailleurs dans ce sens... », constate Yves Guibreteau. Lui aussi, a décidé d’utiliser les nouvelles technologies. Pour nombre de dossiers, Strego commence par scanner les factures. Un logiciel reconnaît ensuite les écritures, puis compile les informations et construit des « journaux comptables », sortes de grands livres numériques qui listent les achats, les frais téléphoniques, les comptes fournisseurs et comptes clients, etc. L’humain prend alors le relais pour réaliser les opérations suivantes, comme la rédaction des comptes annuels. Le temps de gagné permet de mieux conseiller le client, sur sa gestion de trésorerie par exemple. Pour conserver sa clientèle, le groupe angevin a également décidé d’enrichir ses services. Depuis 2010, cap sur la diversification. Avec par exemple Finance Conseil, courtier en financement pour les entreprises et les particuliers. Détenu par Strego et Cogep, Finance Conseil revendique « plus de 800 millions d'euros de crédits négociés ». Diversification encore avec Forum assurance, spécialisé en courtage et audit des contrats d’assurance, lancé en 2011. En parallèle, le cabinet angevin mise sur la gestion de patrimoine, la transmission-reprise d’entreprise, etc. « Dans les prochaines années, on prévoit de réaliser 25% de notre chiffre d’affaires sur ces métiers complémentaires », annonce Yves Guibreteau.
Ouvert sur 147 pays
Étoffer son panel de services passe aussi par un accompagnement des entreprises à l’international, pour réussir l’implantation de leurs filiales, vendre leurs produits, investir au sens large. D’où la récente adhésion de Strego à « Baker Tilly International », un réseau de cabinets d’audit et de conseil s’étendant dans 147 pays via 125 entreprises membres. « On accompagne par exemple une menuiserie industrielle française qui cherche une croissance externe dans les Pays de l’Est. Via ce réseau, nos confrères sur place nous aideront pour trouver une société à racheter, à faire son audit et voir si elle est intéressante, expose Yves Guibreteau. Sans cet accompagnement hors des frontières, on perdrait des clients... » Pour se donner une stature internationale, Strego a commencé par s’installer sur Paris pour disposer « d’une tête de pont vers l’étranger ». À coups de croissances externes. Depuis 2015, l’Angevin a ainsi croqué deux cabinets d’expertise comptable dans la capitale : Audit et Diagnostic (46 personnes ; 5 M€ de CA), puis Sofideec Baker Tilly (70 personnes), basés dans le 8e arrondissement. Détenir un bureau parisien faisait d’ailleurs partie des conditions pour intégrer le réseau Baker Tilly International. Car en retour de l’expertise apportée par ses confrères étrangers, Strego doit pouvoir aider les clients de ses confrères à s’implanter en France. Ce qui explique aussi les projets d’expansion de l’Angevin. « D’ici à cinq ans, Strego devrait pouvoir mailler l’essentiel du territoire Français, avec de nouvelles implantations », annonce son patron, qui repart en chasse pour racheter d’autres cabinets. Objectif : étoffer le réseau actuel de 50 bureaux étalés sur le grand Ouest et Paris. Ses cibles ? Lyon, Bordeaux ou encore Strasbourg...