Après quatre ans de R & D, Serap lance son nouveau produit Opticool, un dispositif frigorifique breveté et dédié au refroidissement du lait. Le groupe de Gorron, dans le nord-Mayenne, est en effet spécialisé dans la fabrication de tanks à lait, des cuves en inox dédiées au refroidissement et à la conservation du lait après la traite. Il a ainsi mis au point un groupe frigorifique, s’adaptant sur des tanks à lait neufs et sur des modèles existants de toute marque, offrant aux laiteries et producteurs de lait des performances énergétiques améliorées. Car pour amener le lait à 4°, sa température idéale de conservation, un refroidisseur traditionnel fournit en permanence sa pleine puissance, quelle que soit la quantité de liquide dans la cuve.
"70 % de la consommation électrique d’un élevage provient de l’atelier lait, avec ses refroidisseurs et le chauffage de l’eau de la salle de traite. Avec Opticool, nous proposons une solution pilotable, tenant compte de la quantité de lait arrivant dans le tank et de la température ambiante. Les calories émises sont également récupérées pour chauffer l’eau de la salle de traite", explique Patrick Person, responsable marketing de l’activité refroidisseurs de lait de Serap. Le système utilise également un fluide frigorigène de dernière génération, garant d’une réduction de son empreinte carbone. Initié en 2017, ce projet a mobilisé 3 millions d’euros en recherche et développement et un million supplémentaire pour son industrialisation sur le site historique de Gorron. Ce dernier volet étant soutenu à hauteur de 700 000 euros par le dispositif France Relance.
Avec son nouveau produit, Serap ambitionne de redynamiser un marché du tank à lait très stable. "En France, il se commercialise chaque année un millier de refroidisseurs de lait. Le taux de renouvellement du parc est inférieur à 2 %, avec des appareils âgés en moyenne de 20 ans et utilisant parfois des fluides frigorigènes très polluants. Cela nous donne une belle marge de progression, avec Opticool pour fer de lance commercial", appuie Éric Boittin, PDG du groupe mayennais.
Ouverture d’une nouvelle filiale
Serap compte aussi sur son refroidisseur nouvelle génération pour consolider ses positions en Europe, avec la création à l’automne d’une filiale en Allemagne. "Contrairement à la France, la plupart des éleveurs européens sont propriétaires de leurs tanks à lait. Dans des pays comme l’Allemagne et la Suisse, où l’électricité est chère, Opticool est une solution attractive pour ces marchés", rapporte Éric Boittin. Au-delà de l’innovation, ce nouveau développement s’inscrit dans le plan de croissance de l’industriel visant à atteindre le cap des 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre une moyenne annuelle comprise entre 40 et 45 millions. "Pour cela, nous devons maintenir notre avance et conserver notre place de numéro un mondial du refroidisseur de lait."
Le chef d’entreprise estime ainsi détenir 17 % d’un marché mondial de 200 millions d’euros. 50 % de l’activité étant réalisé à l’international où les produits Serap sont distribués dans une centaine de pays. Ce leadership, le Mayennais l’a construit en créant des filiales à l’étranger. Le groupe dispose ainsi d’usines au Mexique, au Brésil et surtout en Inde, premier producteur mondial de lait. "La consommation laitière augmente avec la hausse du niveau de vie. Il faut donc s’implanter industriellement dans les pays émergents, car ce n’est de toute façon pas viable de produire en France et ensuite d’exporter vers ces territoires." Avec trois usines à l’étranger et deux dans l’Hexagone, Serap emploie ainsi 500 personnes dans le monde.
Poursuite de la diversification
Pour continuer de grandir, le constructeur de tanks va poursuivre la diversification de ses marchés, entamée dès les années 1970. Si la fabrication de refroidisseurs de lait représente 69 % du chiffre d’affaires de Serap, le groupe est actif sur le marché vinicole où il fournit des cuves pour une clientèle de grands châteaux et de producteurs de vin étrangers. Son savoir-faire s’exerce aussi dans la construction de machines de surgélation cryogénique pour l’industrie agroalimentaire. Le groupe s’appuie également sur son second site français de Replonges, près de Mâcon, pour proposer des équipements industriels sur mesure aux secteurs pharmaceutique, cosmétique et agroalimentaire.
Une branche appelée à grandir, puisque l’acquisition d’une société spécialisée dans le domaine des process agroalimentaires est en voie de finalisation. "Elle nous permettra à elle seule d’atteindre les 50 millions d’euros de chiffre d’affaires", sourit Éric Boittin. Après 58 ans d’existence, le groupe Serap n’est donc pas disposé à laisser refroidir ses ambitions.
