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Sea Proven veut prendre le vent du large avec ses drones marins
Mayenne # Industrie # Levée de fonds

Sea Proven veut prendre le vent du large avec ses drones marins

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Spécialiste des drones marins, la start-up mayennaise Sea Proven Group mène une levée de fonds de 400 000 euros en crowdfunding. Elle sera suivie d’une autre de 3,5 millions d’euros à l’été 2022. Grâce à ses bateaux autonomes, l’entreprise crée des "satellites de la mer" pour collecter des données scientifiques ou de surveillance.

Sea Proven a pour ambition de déployer 300 bateaux d’ici 2028 — Photo : Rémi Demarthon

Quand il s’agit de mettre les voiles, il faut prendre les vents favorables. Et ils le sont pour Sea Proven, spécialiste des drones marins de surface, qui a lancé son appel à participation pour 400 000 euros jusqu’à fin janvier, sur myoptions.co. "Quand nous avons créé notre premier bateau en 2018, le marché n’était pas prêt. Nous avons attendu un maximum pour déclencher cette levée de fonds, car maintenant, on sent que le marché a pris", explique Antoine Thébaud, directeur général. D’un modeste chiffre d’affaires de 400 000 euros, l’entreprise espère passer à 600 000 euros l’an prochain puis monter à 1,4 million, voire plus, en 2023. Elle compte sur ses nouveaux projets financés par la deuxième levée de fonds de 3,5 millions d’euros, en cours de préparation pour l’été prochain, auprès de fonds d’investissement. L’entreprise est petite, mais ses clients sont gros. "On a besoin de se consolider pour les rassurer".

Créer une "constellation" de bateaux

Sea Proven conçoit des bateaux, chargés de capteurs, qui peuvent partir dix mois sur les océans et collecter toutes sortes de données, et prendre en compte jusqu’à cinquante paramètres : sur les écosystèmes, les polluants, les fonds marins, etc. Ils peuvent aussi surveiller des zones pour connaître le trafic maritime ou traquer des pêches illégales. Longs de 20 mètres, ces deux navires (Sphyrna) sont autonomes grâce à des sources d’énergie électrique embarquées (photovoltaïque, éolien…). Et ils sont autonomes dans leurs parcours : ils suivent une route de navigation programmée, mais disposent d’une autonomie décisionnelle en fonction de leur environnement proche. "Cela nous rapproche des satellites spatiaux. Nous avons d’ailleurs changé de business model : au début, nous pensions vendre les navires aux clients, or, dans le domaine spatial, on vend plutôt les données. Aujourd’hui, nous sommes fournisseurs de mégadonnées océaniques". La levée de fonds de 2022 devra permettre de fabriquer de nouveaux bateaux pour créer "une constellation de satellites de la mer". Il s’agira de flottilles de cinq à dix navires connectés qui collecteront massivement des données pour le compte de plusieurs clients en même temps. L’ambition est de déployer 300 bateaux d’ici 2028.

Des bases outre-Mer en préparation

L’entreprise a été créée en 2014 par Fabien de Varenne, ancien capitaine de marine marchande et militaire. Avec l’émergence des drones aériens, il a perçu l’intérêt que pouvaient en tirer les missions océaniques, nécessitant des moyens compliqués à mettre en œuvre. Installé en Mayenne, il s’est fait accompagner par Laval Mayenne Technopole (LMT), où il a rencontré Antoine Thébaud, référent du projet. Ce dernier s’est tellement impliqué qu’il a quitté ses fonctions au sein de LMT pour rejoindre l’aventure Sea Proven, en 2018. Une troisième associée, Christiane de la Fonchais, est en charge de la direction administrative et financière.

Le siège de l’entreprise se trouve toujours à Saint-Jean-sur-Mayenne, même si Sea Proven occupe divers bureaux chez ses partenaires bretons. La start-up, qui salarie deux personnes, va en embaucher deux autres prochainement, et compte accélérer son développement. Elle projette notamment d’installer des bases en Guyane, à La Réunion, en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie. "Pour ces stations de Command & Control des flottes, nous recruterons des ingénieurs, des opérateurs à distance et de maintenance".

Suivre les dauphins

"Nous sommes sur une temporalité longue", expose Antoine Thébaud. Que ce soit pour la R & D ou les missions : "Il nous faut six mois de préparation, pour six mois en mer, puis vient le bilan…" La recherche de clients est également délicate, car il s’agit de structures importantes, parfois liées à la Défense. Sea Proven a suivi les cétacés en Méditerranée, pour le compte de la Fondation Albert II de Monaco et de l’université de Toulon. Une mission va suivre les dauphins pris dans les filets de pêche dans le Golfe de Gascogne. Une autre encore va mesurer l’impact d’un parc éolien en mer, pour la plateforme océanique des Canaries (PLOCAN). "Nous travaillons avec l’Espagne et le Portugal, mais nous allons démarcher aux États-Unis, au Canada, en Norvège".

Petits formats pour les secours

La filiale DNG Solution propose le drone de surface Speed Rescue — Photo : DNG Solution.

Sea Proven compte aussi sur le développement de ses drones de plus petits formats, au sein de la seconde filiale, DNG Solution. Ces Speed Rescue, télé-opérés depuis la côte ou un bateau, sont auto-gonflables et rapidement maniables. Ils servent à secourir une victime jusqu’à 300 ou 400 mètres. "Les premières ventes ont eu lieu en 2021, et on vient d’être référencé dans le catalogue institutionnel Ugap. Cela va nous ouvrir le marché. Nous prévoyons d’en écouler 25 à 50 par an". Leur petit frère, le Speed Survey, peut porter 80 kg de charge et être parachuté pour des missions d’infiltration, ce qui intéressera des structures militaires.

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