Pourquoi le groupe Luc Durand choisit Charier pour reprendre ses activités
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Pourquoi le groupe Luc Durand choisit Charier pour reprendre ses activités

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Le groupe Luc Durand (38 M€ de CA en 2017), basé dans le Maine-et-Loire, est entré en négociation exclusive avec l’entreprise Charier, installé à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), pour la cession de ses activités de travaux publics et de la blanchisserie BDLS. La vente pourrait être effective début 2019.

Luc Bazireau, président du directoire de l'entreprise Charier (au centre), en pleine négociation avec Jean-Luc Durand (à gauche) et Jean-Christophe Louvet, fondateurs du groupe Luc Durand — Photo : Charier

Né du regroupement de deux entreprises familiales, le groupe Luc Durand compte à sa tête cinq actionnaires, âgés de 58 à 63 ans. Ainsi, depuis plusieurs années, on pense succession, et dans un premier temps, aurait pu être imaginée la cession de l’activité aux salariés : « Économiquement, la solution n’était pas envisageable, confie Jean-Christophe Louvet, directeur général du groupe Luc Durand, créé à Pruillé (Maine-et-Loire) en 1992. Nous n’avons pas non plus dans notre descendance des enfants susceptibles de reprendre. Il y a déjà trois ans que nous avons évoqué ce sujet de la succession en conseil d’administration, car c’était une nécessité de l’anticiper. Diriger, c’est prévoir, et il faut un jour admettre qu’il arrive un moment où l’on doit laisser les clés du camion. »

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« Une entreprise aux valeurs similaires »

Les dirigeants du groupe Luc Durand se sont alors rapprochés de l’entreprise familiale Charier, installée en Loire-Atlantique, à Montoir-de-Bretagne (1 228 personnes pour un CA de 228 M€ en 2017), avec qui une négociation exclusive est en cours : « Dans notre secteur, Charier est l’une des entreprises de la région qui nous ressemble le plus avec des valeurs très similaires, précise Jean-Christophe Louvet. Nous avons fait le choix de mener une négociation exclusive et de ne contracter qu’avec un seul acteur, pour ne pas vendre les sociétés séparément et conserver la cohérence actuelle. »

Sont donc dans la balance de la négociation la société de réalisation de travaux Luc Durand, D & L Enromat, qui exploite des carrières et des sablières sur dix sites dans l’Ouest, et la blanchisserie BDLS, au Lion d’Angers, qui travaille pour les entreprises et les collectivités. « Nous pensons conserver seulement une petite partie de la holding avec AEIC, qui conçoit et construit des stations d’épuration, et une société qui verra le jour prochainement dans le secteur du développement informatique. Au total, cela représente une vingtaine de personnes. »

Vers un développement sur de nouveaux secteurs géographiques

Pour Paul Bazireau, le président du directoire de l’entreprise Charier, cette probable acquisition entre pleinement dans la stratégie définie il y a trois ans : « En 2015, nous avons décidé d’un développement géographique par croissance externe et par tache d’huile. En travaux publics, nous sommes présents dans le Maine-et-Loire uniquement avec une agence à la Tourlandry. Luc Durand peut nous permettre de nous développer dans les secteurs d’Angers, Tours et Le Mans. Les deux sociétés ne sont quasiment jamais en concurrence et il nous est même arrivé d’être associés, comme sur le marché du Center Parcs des Trois-Moutiers, dans la Vienne. Nous avons beaucoup de choses en commun : nous sommes très attachés à nos équipes et nous avons tout fait pour les conserver pendant la crise. Nous privilégions la qualité des ouvrages et l’intégration des chantiers dans leur environnement et nos deux entreprises sont profondément ancrées dans leur territoire. »

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« L’ensemble de l’effectif sera repris »

Outre les VRD (voirie et réseaux divers) et travaux urbains dans lesquels opèrent les deux sociétés, l’entreprise Charier, avec cette reprise, ajouterait ainsi à ses spécialités en granulats, grands travaux et déconstruction, les compétences propres à Luc Durand en réseaux et en gestion logistique. Chacune lauréate ces dernières années du prix de l’innovation de la Fédération Nationale des Travaux Publics, les deux entités réunies auraient ainsi sur le marché des atouts de poids face à la concurrence.

Les prémisses de cette négociation remontent à environ un an. L’entreprise Charier a constitué une équipe pour travailler sur cette acquisition, en menant un audit sur son homologue angevine. « À l’issue, il restera à nous entendre sur les termes détaillés de cet accord, précise Paul Bazireau. Nous signerons ensuite un protocole et la cession effective pourrait intervenir en janvier 2019. L’ensemble de l’effectif sera repris. »

Des deux côtés, la motivation est donc réelle pour parvenir à cette cession, qui représenterait au total environ 380 personnes. Après quelques années tendues depuis le début de la crise, le secteur des travaux publics est à la relance. « Nous avons su gérer ces périodes difficiles sans changer notre stratégie, assure Jean-Christophe Louvet. Nous avons continué à former, à entretenir notre outil de production et nous n’avons pas cédé. Désormais, nous allons laisser les commandes d’un gros paquebot avec des gens auxquels on tient. Ce n’est après tout qu’un acte de gestion supplémentaire comme tous ceux que l’on a faits depuis 1992 avec Jean-Luc Durand, avec qui nous avons créé le groupe. Même si celui-ci est très important ! Cela s'anticipe, se travaille, car c’est la première fois que nous nous retrouvons dans la situation de vendeurs. »

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