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Novasep : 11 millions d'euros pour des molécules anti-cancer
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Novasep : 11 millions d'euros pour des molécules anti-cancer

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Au Mans, Novasep a construit 2000 m² de laboratoires et de bureaux. L'unité produira bientôt des molécules utilisées pour des traitements anti-cancer de nouvelle génération. Cet investissement de 11 millions d'euros illustre le virage amorcé par Novasep vers les biothérapies.

— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est une nouvelle étape dans la lutte contre le cancer, à laquelle Novasep veut contribuer. Au Mans, l'entreprise produit depuis longtemps des molécules chimiques chargées de détruire des cellules cancéreuses (comme des agents cytotoxiques). Problème : si ces molécules détruisent les cellules malades, elles tuent aussi des cellules saines sur leur passage. Avec pour effet secondaire l'affaiblissement des défenses immunitaires du patient, au point que le malade doit parfois interrompre son traitement... Dans ses nouveaux laboratoires et services R & D du Mans, Novasep veut changer la donne, en produisant une nouvelle génération de molécules. D'où la construction de 2000 m² de bâtiments, afin de doubler la superficie d'un site qui accueille plus de 80 salariés.

Un missile à tête chercheuse

Pas moins de 11 millions d'euros ont été injectés pour la fabrication « d'anticorps monoclonaux conjugués » (Antibody Drug Conjugate ou ADC). Que signifie ce terme un peu barbare ? « Désormais, on fixe la molécule chimique sur un anticorps capable de reconnaître et de cibler spécifiquement la cellule cancéreuse », traduit Rachel de Luca, directrice du site du Mans. « On faisait la bombe, maintenant on livre un missile à tête chercheuse », vulgarise un autre cadre du groupe. Résultat : une meilleure qualité de vie pour le patient et un traitement plus efficace, assure-t-on. « Tant qu'on attaquait les cellules malades à l'aveugle, on devait limiter la toxicité des molécules chimiques qu'on injectait. Demain elles seront plus puissantes », détaille Rachel de Luca.

Sous-traitant

Novasep ne crée ni ne commercialise aucun médicament. À la base, l'entreprise conçoit et installe des unités de purification d'ingrédients et des lignes de production pour l'agroalimentaire et l'industrie pharmaceutique. Sur la partie médicament, l'ETI de 1200 salariés travaille en sous-traitance, en livrant des « principes actifs » entrant dans la composition de traitements, pour une clientèle de laboratoires pharmaceutiques. Juridiquement basée à Pompey (Meurthe-et-Moselle), elle a installé sa direction à Lyon. À partir du deuxième trimestre, Novasep Le Mans fournira des lots d'ADC devant servir à réaliser des essais cliniques. Quant à la production de masse, il faudra attendre trois à cinq ans. Car une fois testés, les traitements de ses clients devront encore obtenir les autorisations de commercialisation délivrées par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

30 nouveaux emplois prévus

Côté emploi, les effectifs manceaux pourraient atteindre une centaine de salariés à moyen terme. « On table sur 30 embauches d'ici un à trois ans, sachant qu'une quinzaine de personnes a déjà été recrutée », annonce Rachel de Luca. L'entreprise a opéré un virage stratégique en 2013, vers le marché des biothérapies, qui est son « principal axe de développement aujourd'hui », dixit son P-dg Michel Spagnol. La biothérapie est une méthode thérapeutique qui utilise des produits naturellement présents dans l'organisme, en les modifiant ou en les détournant de leur rôle habituel. En février, Novasep a ainsi annoncé un nouvel investissement de 27 millions d'euros en Belgique, dans le domaine de la thérapie génique, afin de développer des technologies autour des vecteurs viraux. Concrètement, il peut s'agir d'utiliser un virus (rendu au préalable inoffensif), pour véhiculer une molécule vers un ADN défectueux, afin de le modifier.

Rebond après restructuration

Tout un symbole. Pour rappel, Novasep affichait en 2012 une dette monumentale... de 450 millions d'euros. Une dette réduite à 150 millions suite à un deal : les investisseurs ont accepté de s'asseoir sur une partie de leur argent en échange d'une montée au capital. Michel Spagnol insiste sur ce choix d'une restructuration plus financière que sociale, acceptée par son nouvel actionnaire majoritaire à l'époque, un fonds de dette américain baptisé NVHL, entré aux côtés de Bpifrance. « Ce type de fonds a mauvaise presse. Pourtant il a misé sur un redressement par le développement et l'investissement, et non sur des réductions des coûts et sur des plans sociaux ». Ces trois dernières années, Novasep dit avoir investi 100 millions d'euros. Sa profitabilité a fortement progressé, l'Ebidta passant de 8 % à 12 % des ventes entre 2013 et 2015.

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