Maine-et-Loire
"Monsieur Castex, il n'y a aucune raison sanitaire de maintenir les parcs zoologiques fermés"
Interview Maine-et-Loire # Tourisme

François Gay directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine "Monsieur Castex, il n'y a aucune raison sanitaire de maintenir les parcs zoologiques fermés"

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François Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine, dans le Maine-et-Loire, interpelle le Premier ministre Jean Castex et lui demande de rouvrir les parcs zoologiques. Malgré les aides de l’État, une fermeture administrative prolongée pourrait mettre en péril cette PME de 40 salariés.

François Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine qui a accueilli 200 000 visiteurs l’an dernier — Photo : Olivier Hamard JDE

Vous venez d’interpeller sur votre internet le Premier ministre Jean Castex pour demander la réouverture des parcs zoologiques. Quels arguments lui avez-vous adressés ?

J’explique notamment que le Bioparc est un jardin végétalisé en plein air, respectant a minima les 8 mètres carrés d’espace par personne requis…. Tout comme les jardins botaniques qui, eux, sont ouverts. De plus, notre parc dispose d’une équipe capable de gérer l’accueil du public, avec un protocole sanitaire rigoureux, au même titre que les grandes surfaces, ces sites d’affluence ouverts y compris le week-end… Il n’y a aucune raison sanitaire de maintenir les parcs zoologiques fermés. Jusqu’ici, il y avait une volonté d’unité, le gouvernement ne voulait pas donner de feu vert afin d’éviter que les Français ne se relâchent. Il ne fallait pas non plus faire de différence entre les acteurs du tourisme et de la culture. Nous avons tous été patients. Il est aujourd’hui temps de s’attarder sur la nature de chaque profession, de regarder dans quel contexte chacun évolue, s’il existe des mesures pour assurer la sécurité du public, etc.

Le zoo de Doué-la-Fontaine aurait dû rouvrir le 6 février. Que représente un mois de fermeture ?

En février-mars, nous estimons avoir perdu environ 20 000 entrées, soit un manque à gagner de 300 000 euros, en se basant sur les chiffres de l’année 2019. Le parc se prépare désormais pour une ouverture le 3 avril, qui marque le début de la haute saison. Une fermeture prolongée aurait des conséquences encore plus lourdes, avec 35 000 visiteurs attendus en avril et autant en mai, ce qui représente cette fois autour de 600 000 euros de chiffre d’affaires mensuel. Pour mettre en perspective, le parc récolte 3,5 millions d’euros par an via les entrées. Et génère 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en ajoutant les activités annexes, comme la boutique ou la restauration. Bioparc emploie 40 permanents à l’année et fait vivre 100 personnes au total de Pâques jusqu’au mois d’août, en comptant toutes les activités.

J’ajoute que Bioparc finance à hauteur de 4 % de son chiffre d’affaires des associations de protection des espèces menacées, via 25 projets à travers la planète, pour la défense des girafes du Niger, des lémuriens de Madagascar, etc. Je ne veux pas rogner sur ces dons. Cela fait partie de nos missions, dont la crise du Covid a souligné la pertinence.

Quel a été le bilan 2020 pour le zoo de Doué-la-Fontaine ?

L’été dernier, le Bioparc a pu rattraper une partie de la baisse de fréquentation liée au confinement. Mais l’affluence a tout de même diminué sur l’année, avec 200 000 visiteurs au total en 2020 contre 240 000 l’année précédente.

Quelles aides d’État le zoo de Doué-la-Fontaine a-t-il pu obtenir ?

Notamment le fonds de solidarité et la prise en charge d’une partie des frais de fonctionnement. Sur les deux mois de fermetures du premier confinement, nous avons reçu des subventions équivalant à 50 % de nos charges fixes. Celles-ci restent importantes. Car il faut savoir que les charges fixes incompressibles d’un parc zoologique s’élèvent à 60 % du chiffre d’affaires, si l’on prend la moyenne nationale du secteur. Même fermés, nous continuons de dépenser, notamment pour les soins aux animaux, dont on s’occupe 7 jours sur 7 et 365 jours par an, via nos vétérinaires entre autres. L’entretien du parc occupe aussi tout une équipe technique composée de jardiniers, menuisiers, maçons, etc. Impossible de mettre l’entreprise sur " off ". Le chômage partiel n’a concerné au maximum que 5 % des effectifs, soit quelques fonctions supports.

Enfin, en parallèle, j’ai sollicité un prêt garanti par l’État pour faire face aux pertes et aux difficultés éventuelles à venir. Tous ces soutiens nous ont permis de passer l’année sans avoir à licencier… Mais même si le gouvernement nous a aidés, on ne peut pas continuer à vivre sous perfusion. Ce n’est pas sain. On ne pourra pas se permettre de rater un second printemps…

Cela pourrait mettre en péril la pérennité du parc ?

Oui. Mais le nôtre comme ceux de mes collègues. En cas d’extension de la fermeture, peut-être que l’État proposera de nouvelles aides, mais il va falloir reporter le remboursement du PGE. Ce n’est pas une solution car au final il faudra payer au bout de cinq ans. Et c’est un matelas qui fond très vite…

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