À La Flèche, dans la Sarthe, un vaste hangar s’apprête à devenir « le plus grand laboratoire de microbiologie de l’Hexagone… Et peut-être même d’Europe », annonce Thibaud Teyssier. Le directeur général de Mérieux NutriSciences France (950 salariés, 80 M€ de CA), laboratoire d'analyse alimentaire filiale du lyonnais Institut Mérieux, a posé la première pierre du site début mars. Les travaux s’achèveront d’ici novembre 2020, avant deux mois de tests, pour une ouverture en janvier 2021. Les anciens locaux de Sofatec, qui abritaient du matériel pour piscine, vont peu à peu se transformer, s’enrichir de salles blanches, puis s’agrandir pour atteindre 2 700 m² au total. Une arrivée favorisée par les élus locaux, qui ont recensé les sites d’implantation potentiels pour l’entreprise. L’investissement du groupe lyonnais Mérieux avoisinera les 6 millions d’euros.
Les industriels agroalimentaire du grand Ouest en ligne de mire
À l’intérieur, les laborantins contrôleront des échantillons de matières premières ou de produits alimentaires finis, du lait infantile à la viande, en passant par la brioche ou les plats destinés aux cantines scolaires. Objectif : vérifier que ceux-ci ne sont pas contaminés par de mauvaises bactéries (listeria, salmonelle, escherichia coli…).
Lactalis, LDC, Charal, Pasquier : Mérieux NutriSciences compte s’adresser aux nombreuses entreprises de l'agroalimentaire implantées dans l'Ouest. Le groupe cible aussi bien les agriculteurs producteurs de lait (pour qui elle effectue des prélèvements à même le pis de la vache) que les artisans et les industriels du grand Ouest. Il vise aussi une clientèle de la restauration et de la distribution sur toute la France (Sodexo, Burger King…).
Identification génétique
Son travail s’appuie sur les nouvelles technologies. « Grâce à l’identification génétique, on arrive notamment à remonter jusqu’à l’origine d’une contamination », cite en exemple Thomas Lefranc, directeur des opérations au sein de la société. Pour chaque bactérie, il existe plusieurs familles. Via ce système, le laborantin peut identifier que le germe présent dans une brioche se trouve être identique à celui retrouvé dans telle farine ou telle levure. Plus largement, le laboratoire accompagnera aussi les entreprises sur des problématiques de qualité et de sécurité des aliments qui leurs sont propres. Ses équipes se déplaceront aussi pour vérifier la propreté de l’environnement de travail du client.
130 recrutements
Pour démarrer, Mérieux NutriSciences s’appuiera sur son laboratoire de Sablé-sur-Sarthe, dont le site d’ACM Agro, qui emploie 20 personnes, sera transféré à La Flèche. Le futur laboratoire recrutera massivement dans la foulée. Objectif : gonfler les effectifs à 150 salariés d’ici trois ans « à raison d’une embauche par semaine », détaille Patrick Debert, responsable des services généraux. Les profils ? Du bac pro à l’ingénieur en microbiologie, « formés durant trois à six mois ». Hausses des volumes de l’agroalimentaire, industriels échaudés par les scandales sanitaires, consommateurs exigeants, normes renforcées par la loi Egalim… : l’activité du laboratoire devrait surfer sur un marché en croissance. D’autant que la majorité de son activité porte sur des « contrôles libératoires ». Sans eux, interdiction de vendre les produits…
