Logistique : Angers et le Mans font de la surenchère
Enquête # Logistique # Implantation

Logistique : Angers et le Mans font de la surenchère

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Fin 2018, à l’ouest d’Angers, une plateforme logistique de 42 000 mètres carrés sortira de terre en bordure de l’A11, construite par le promoteur PRD pour le compte de Stam Europe. Au bord de la même autoroute, à Allonnes, au sud du Mans, la société de fournitures industrielles Le Henaff construit 25 000 mètres carrés de bâtiment pour distribuer ses produits dans le nord et le grand ouest. Le Mans comme Angers attirent les opérateurs de la logistique, avec des arguments similaires.

— Photo : Les Ateliers 4+

10 hectares par-ci, 8 par là… A Angers comme au Mans, s’implantent des poids lourds de la logistique et les collectivités y voient l’occasion de développer l’activité économique. 10 000 mètres carrés construits induisent environ 40 emplois, auxquels s'ajoutent les emplois des sous-traitants et des activités induites connexes. Et pour attirer ces entreprises, les deux agglomérations, à 100 kilomètres l’une de l’autre, ont dans leur manche chacune leurs atouts : Le Mans mise sur ses axes autoroutiers, sa proximité de Paris et la porte qu’elle ouvre sur le grand Ouest, Angers met en avant la porte qu’elle ouvre sur le grand Ouest, sa proximité de Paris et ses axes autoroutiers…

En réalité, entre les deux agglomérations, il y a plus de points communs que de différences, et c’est sans doute pour cela qu’elles attirent l’une et l’autre des opérateurs de la logistique : qui veut rester plus proche de l’Ile de France s’installera peut-être au Mans, qui choisit de s’étendre vers le Sud-Ouest privilégiera peut-être Angers…

Projets endogènes et exogènes

« Le cadre règlementaire impose aux transporteurs de ne pas rouler plus de 4h30 sans arrêt, précise Laurence Guillaumet, adjointe au directeur d’Angers Loire Développement. D’Angers, on peut rejoindre Paris, toute la Bretagne et descendre jusqu’à Bordeaux. Autres atouts de l’agglomération, le bassin d’emploi, avec des jeunes, la formation, un taux de turn-over faible et l’image de la ville, vue comme une cité calme et sereine. » Depuis plusieurs années déjà, autour d’Angers, les plateformes logistiques ont donc fleuri.

A Angers-Marcé, Dachser a pratiquement doublé la surface de plateforme en investissant l’an dernier 5,2 millions d'euros — Photo : Dachser

Véritable étoile autoroutière à 2h30 des ports du Havre et de Saint-Nazaire, Le Mans, de son côté, compte deux zones principalement dédiées à la logistique, à Yvré l’Evêque, où l’espace de 18 hectares est complet, avec la construction de deux plateformes à proximité de la future usine Bordeau-Chesnel, et surtout Allonnes, avec 155 hectares dont seuls 4 sont encore disponibles. Là aussi, « la logistique fait partie de la stratégie d’attractivité, reconnait Jean-Marie Macouin, délégué général de Le Mans Développement. Nous capitalisons sur notre situation géographique. L’arrivée de l’A28, il y a 10 ans, a fini de positionner Le Mans comme plaque tournante de la logistique dans l’ouest. Nous faisons de la prospection dans ce sens et aujourd’hui, le territoire est sollicité pour des projets arrivant de l’extérieur et également par des entreprises locale ». Même chose à Angers, avec des locaux, Giffard ou Cointreau, qui ont installé un centre logistique, et de nouveaux acteurs, comme DHL, Géodis, Ageneau ou Dachser, répartis dans l’agglo et jusqu’aux abords de l’aéroport, à Marcé.

Plateformes géantes

Au Mans comme à Angers, les raisons des implantations sont variables : il peut s’agir de gagner en proximité avec ses clients ou de ses magasins, tels Système U à Trélazé ou Logidis pour Carrefour à Allonnes et ses 76 000 mètres carrés, de créer localement un outil logistique en plus de son activité de production, comme les spiritueux angevins Giffard ou le manceau Bordeaux-Chesnel ou d’installer une nouvelle activité pour essaimer dans le grand Ouest. Dans tous les cas, les deux agglomérations ont de beaux atouts. Et Le Henaff au Mans comme Stam à Angers ne s’y sont pas trompés. A la différence que le second investit « à blanc », sans client actuellement pour occuper ses 42 000 futurs mètres carrés. Il s’agit là du plus gros investissement actuel, 25 millions d’euros, en logistique hors de la dorsale Lille-Paris-Marseille. Promoteur, propriétaire et collectivité vont donc travailler de concert pour attirer un opérateur, mais sans réelle crainte de ne pas le trouver tant la demande est bien là. Angers Loire Métropole a d’ailleurs emmené cet atout dans sa manche au Salon International du Transport et de la Logistique en mars à Villepinte, et elle est une des rares collectivité de cette taille à y tenir stand depuis dix ans face à des régions ou des départements.

« L’arrivée de l’A28 a fini de positionner Le Mans comme plaque tournante de la logistique », Jean-Marie Macouin, délégué général de Le Mans Développement — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

L’agglomération mancelle, quant à elle, compte déjà 300 entreprises dans le secteur, avec plus de 7 000 emplois. Elle met en avant la formation locale, tout comme Angers d’ailleurs, et les 20 millions de consommateurs potentiels dans un rayon de 200 kilomètres. Indéniable atout pour des entreprises qui souhaitent trouver en province des surfaces conséquentes à des tarifs moins élevés que dans la proche couronne parisienne.

Les collectivités à la conquête de l’espace

Toutefois, la logistique est gourmande en foncier. L'implantation d'une activité nécessite de vastes terrains, avec souvent un accès simple et rapide à une autoroute. Aussi cherche-t-on des sites susceptibles de correspondre aux critères du secteur : Le Mans compte sur des sites industriels fermés, comme l’ancienne plateforme Logidis en zone industrielle sud : 70 000 m² de bâtiment sur 20 hectares. Mais le site est ancien et ne correspond plus aux attentes des logisticiens… L’agglomération n’a plus de terrain pour accueillir des entreprises de logistique, mais dispose néanmoins de fonciers pour des projets de moindre envergure. « Si nous recevons un dossier d’implantation créateur d’emplois, soutient Jean-Marie Macouin, nous l’accompagnerons. Il y a encore des possibilités de terrain à aménager demain ». Il est aussi envisagé de créer, Route de la Suze, à proximité de l’usine NTN, une nouvelle zone dédiée à la logistique. L’aménagement d’une vingtaine d’hectares a même été inscrit au Scot.

« Nous réfléchissons aujourd’hui à la possibilité d’acquérir de nouveaux terrains de 10 hectares », Christophe Béchu, président d'Angers Loire Métropole

Les zones d’activités se remplissent aussi à Angers, qui a su attirer ces dernières années plusieurs opérateurs, dont le pharmacien Giphar qui s’installera dans 6 500 mètres carrés en 2019, ou encore DHL il y a bientôt dix ans, qui utilise même le réseau ferroviaire jusqu’à son site. Angers Loire Métropole recense donc actuellement les surfaces potentielles : « Nous réfléchissons aujourd’hui à la possibilité d’acquérir de nouveaux terrains de 10 hectares, a déclaré récemment son président Christophe Béchu, pour répondre à d’éventuelles demandes d’implantation. »

Aujourd’hui, les deux métropoles, sans se faire concurrence mais avec presque un accord tacite de complémentarité, essaient chacune avec leurs arguments semblables d’attirer des opérateurs de la logistiques, synonymes d’emplois directes et d’activités et de belles perspectives d’avenir. A condition d'éviter l'écueil du manque de foncier, véritable frein à l'attractivité des deux agglomérations.

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