Pourquoi le fabricant d'interphones Castel va-t-il injecter 3 millions d'euros pour construire un nouveau site de 3.200 m² près de Saumur ? Pourquoi ses ateliers actuels sont-ils devenus si exigus en quelques années ? La réponse tient en deux chiffres. « Entre 2012 et 2017, notre équipe a grandi, passant de 48 à 90 salariés ! », indique Ali Mahmoud, le directeur de Castel. Dans le même laps de temps, son chiffre d'affaires a quasi doublé « de 7,7 à 14,7 millions d'euros en 2016. » Pour le déménagement, il faudra encore attendre un peu. Z.I de la Ronde, sur la commune de Neuillé, « la construction débutera un peu avant le mois de juin ». Un terrain de 1,5 hectare est en cours d'acquisition auprès de l'agglomération saumuroise. La clé du succès de Castel tient en une formule : « la convergence des technologies ». Comprendre : relier interphone, contrôle d'accès, ordinateur et téléphonie sur un même réseau, grâce à internet (via les protocoles IP). Des systèmes qui, pendant longtemps, communiquaient difficilement entre eux.
Interphone connecté
En guise de démonstration, Ali Mahmoud sort son smartphone de sa poche. « Grâce à une caméra fixée sur l'interphone, vous voyez l'entrée de ma maison. Si quelqu'un sonne, je reçois une notification et j'aperçois qui se trouve à ma porte. Pour ouvrir à distance, il suffit d'appuyer sur quelques touches », décrit le dirigeant. Autre exemple d'interconnexion, une entreprise peut planifier l'accès à ses bureaux à des horaires précis : de 9h à 11h pour les agents d'entretien, etc. Et même garder une trace informatique de chaque passage de badge devant une borne d'accès. Castel tire ici les bénéfices d'un gros effort d'innovation au milieu des années 2000. Peu à peu étoffé, son bureau R & D regroupe désormais 17 techniciens et ingénieurs, du spécialiste du web à l'expert en informatique embarquée, qui côtoient ses équipes commerciales et de production.
De la prison à l'industrie
Côté client, les Saumurois livrent des installateurs et des distributeurs (Cegelec, Rexel...). Leurs appareils équipent tous les secteurs, excepté l'habitat. Cela va des interphones installés à l'intérieur des cellules des prisons de Nantes, Marseille (les Baumettes) ou Paris (la Santé), aux équipements des CHU, bases militaires et tribunaux (TGI de Paris), jusqu'aux fleurons de l'industrie (Thales). Depuis 2010, Castel appartient au groupe italien Urmet. Sa filiale Urmet France (320 salariés, 80 M€ de CA) livre aussi des produits sur le marché du logement. Elle englobe aussi bien Castel que le Tourangeau MWS (12 salariés), qui réalise des systèmes de notification d'alarmes, Yokis (15 salariés à Cholet), un fabricant de micromodules numériques pour la domotique, et les PME vendéennes FDI Matelec (75 personnes) et SCS Sentinel. Toujours en recherche de relais de croissance, le Saumurois vient d'attaquer un nouveau marché, celui des PME du tertiaire, avec une solution de contrôle d'accès plus simple et plus abordable. Enfin, elle lance actuellement un système d'alerte, baptisé PPMS box, qui relie en appuyant sur un simple bouton les écoles avec les forces de l'ordre, pompiers, hôpitaux, etc., en cas de catastrophes, type attaque terroriste.
Cap sur l'export
Revendiquant une place de numéro 1 de l'interphone en France, en terme de chiffre d'affaires, l'entreprise commence aussi à rêver d'export (10 % de l'activité en 2016). Le Saumurois a déjà pris pied au Benelux, au Royaume Uni, en Espagne et au Moyen Orient
