La direction de Martin Technologies a choisi en 2019 un mode original de répartition des résultats : elle a constitué un groupe de 12 collaborateurs, qui a travaillé sur un système de partage. "Nous ne pouvions pas faire d’augmentation de salaire générale et nous souhaitions que les collaborateurs puissent bénéficier des résultats, explique Laurent Bizien, directeur général de Martin Technologies. Lorsque l’entreprise gagne, il est normal que l’on partage, et si elle ne gagne pas, cela ne la met pas en péril. Dans le deal, nous avons aussi défini une règle : que la décision du groupe ne soit pas soumise à la validation de la direction. L’équipe projet a été très raisonnable et responsable en organisant un système applicable pour deux ans afin de permettre ensuite un retour d’expérience."
Trois tiers
Pour 2019, le groupe mis en place avait décidé que soient partagés entre 40 % et 50 % des bénéfices, selon le résultat de l’entreprise. La règle a été appliquée aussi en 2021, les résultats de 2020, année de la crise sanitaire, n’ayant pas permis de répartition. "Le groupe a estimé que cette répartition n’était pas équitable pour les actionnaires, ajoute Laurent Bizien. Il a donc décidé pour 2022 qu’un tiers serait reversé aux collaborateurs, un autre aux actionnaires et le troisième à l’entreprise. Le seul critère de variation est le temps de présence dans l’entreprise et cette même règle s’appliquera en 2023." Quelle que soit leur fonction, plus 95 % des collaborateurs ont donc bénéficié de cette répartition, percevant tous la même somme en ce début d’année pour les résultats 2022. "L’an passé, nous avons subi 250 % d’augmentation sur notre facture d’électricité, indique Laurent Bizien, soit environ 400 000 euros. Mais la répartition était tout de même proche de 900 euros." Un peu moins qu’un 14e mois dans une PME de 105 personnes qui octroie déjà un mois de salaire supplémentaire et pratique des rémunérations minimums équivalentes à 13 douzièmes du SMIC.
Une performance transformée
Martin Technologies, après une année 2020 difficile, a retrouvé sa croissance, affichant un chiffre d’affaires de 8,4 millions d’euros en 2022 contre près de 8,1 millions d’euros en 2019. Il devrait approcher les 9 millions d’euros cette année. "Nous avons une performance économique qui s’est complètement transformée", constate Laurent Bizien, qui voit dans ces résultats le fruit du travail mené en termes d’autonomie des collaborateurs, de bien-être au travail et de responsabilisation. "Quand la responsabilité collective augmente, la performance s’améliore", assure-t-il. L’entreprise gagne depuis deux ans des parts de marché dans le secteur du luxe, qui représente un quart de son activité. Avec 1 000 clients actifs dans de nombreux secteurs, elle réalise 15 % de son chiffre d’affaires à l’export. Dans ses cartons, la PME créée en 1919 a pour projet d’accélérer sa politique environnementale, en travaillant sur les emballages, les matières premières et l’énergie. Elle poursuit aussi son action auprès d’autres entreprises qui viennent découvrir son fonctionnement et elle réfléchit à un projet à long terme pour rendre plus transparente sa politique salariale.
