Les résultats de Terrena ébranlés par trois crises simultanées
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Les résultats de Terrena ébranlés par trois crises simultanées

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Alors que les performances financières de Terrena progressent d’une année sur l’autre, trois crises simultanées vont dégrader les résultats en 2022 : les conséquences du Covid, toujours d’actualité, le conflit en Ukraine et surtout la grippe aviaire. Le groupe basé à Ancenis (Loire-Atlantique) réunissant 20 561 exploitants agricoles et 13 383 salariés, poursuit malgré tout sa trajectoire d’investissements.

Terrena investit 43 millions d’euros dans un nouvel abattoir à Ancenis, principalement dédié aux volailles biologiques et Label Rouge — Photo : Terrena

Jamais Terrena n’avait traversé une période aussi troublée. Le groupe composé de 20 561 exploitants agricoles et 13 383 collaborateurs répartis dans le Grand Ouest (essentiellement en Pays de la Loire) dont le siège se situe à Ancenis, affronte simultanément trois crises. "Elles auront des conséquences financières cette année", euphémise le directeur général Alain Le Floch à l’annonce des résultats 2021 et perspectives 2022, mardi 3 mai.

Les effets du Covid et des confinements successifs produisent toujours leurs effets, entraînant "des difficultés d’approvisionnement en fournitures et en matière première" tout comme "la hausse du coût des transports maritimes pour ce que nous importons". En premier lieu le soja, destiné à l’alimentation animale.

La deuxième crise est incarnée par le conflit en Ukraine, conduisant à une augmentation des prix de l’énergie et là encore de matières premières comme "le tournesol qui entre dans la formulation de nos aliments pour les élevages".

Neuf cents éleveurs touchés par la grippe aviaire

Mais c’est surtout la grippe aviaire qui frappera durement Terrena : Galliance, le pôle volaille, représente 20 % de l’activité du groupe, soit environ 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. 900 éleveurs ont été touchés. "Ils vivent une situation douloureuse", observe le président de Terrena Olivier Chaillou qui souligne que "quinze millions d’euros sont mobilisés pour soutenir leur trésorerie."

Cinq abattoirs, situés en Vendée, Loire-Atlantique et Deux-Sèvres tournent au ralenti et pourraient stopper temporairement leur activité mi-juin. Les ateliers de découpe continuent à fonctionner pour alimenter en produits frais les distributeurs, mais également à une cadence faible. 1 600 salariés se retrouvent au chômage partiel et une bourse de l’emploi comprenant 200 offres a été mise en place au sein du groupe.

Un "retour à la normale n’est pas attendu avant fin 2022", pronostique Alain Le Floch. Sans garantie, d’autant que se présentera l’écueil, avant tout redémarrage de l’activité volaille, de trouver les ressources nécessaires pour nettoyer les bâtiments, les professionnels étant débordés de demandes pour effectuer cette tâche. Ensuite, "il nous faudra retrouver nos parts de marché dans les linéaires des distributeurs", reconnaît le directeur. La nature commerciale ayant horreur du vide, les concurrents pourraient s’y faire davantage de place.

Nouveaux magasins et numérisation

Si les conséquences financières de ces trois crises sont à ce jour impossibles à établir, "notre trajectoire de performance n’est pas remise en cause, mais décalée", assure Alain Le Floch. Le groupe est engagé dans un programme nommé Projet Terrena 2030. Décliné en quatre axes, il est destiné à porter la croissance de la coopérative pour ces prochaines années tout en constituant "un modèle d’agriculture à impacts positifs."

Ce projet se traduit par des investissements. De 82 millions d’euros en 2020, ils ont progressé de 34 % en 2021 pour s’établir à 110 millions d’euros. Le groupe a ainsi ouvert l’an passé 11 nouveaux magasins Terrena Pro, à destination des professionnels comme des particuliers avec l’ambition, à terme, d’en créer, 70. L’an passé a aussi été marqué par des budgets dégagés pour le numérique, avec l’ouverture programmée début juin 2022 d’un portail digital pour les sociétaires regroupant l’intégralité de leur interface avec Terrena tout comme leur donnant accès à un nouveau site de e-commerce de 10 000 références.

Au regard des incertitudes liées aux différentes crises, "quelques projets 2022 sont différés", fait savoir Alain Le Floch "mais les investissements ne seront revus à la baisse qu’à la marge." Du reste, le nouvel abattoir d’Ancenis au service de 410 exploitants avicoles et nécessitant 43 millions d’euros d’investissements, devrait être fonctionnel à l’automne.

"Il n’est pas prévu une baisse de l’enveloppe des investissements"

Cette souplesse dans les projets est permise par les résultats de ces dernières années. Le chiffre d’affaires n’est certes pas une mesure étalon car soumis aux fluctuations des matières premières, mais plutôt un repère pour Terrena. Et pour la première fois, le groupe franchit la barre des 5 milliards d’euros (pour 4, 763 Md€ en 2020). "95 % de nos activités ont progressé", schématise le directeur. Le chiffre d’affaires de la partie coopérative, 1,83 milliard d’euros, affiche une hausse de 72 millions d’euros notamment grâce "au redressement des performances en approvisionnement et distribution et en semences." Le pôle volaille, Galliance, a su "maîtriser ses outils industriels" alors que ses produits bios et élaborés (de la marque Père Dodu) ont connu "de belles performances". Pour résumer, "la croissance a été portée par les activités d’agro-fournitures et de collecte pour moitié, et par les activités de transformation agroalimentaire pour l’autre moitié."

L’EBITDA ne s’est également jamais aussi bien porté, évoluant de 105 millions d’euros en 2019 à 113 millions en 2020 puis 137 millions en 2021. Raison pour laquelle, comme le fait savoir le président de Terrena Olivier Chaillou, "il n’est pas prévu une baisse de l’enveloppe des investissements pour les années à venir, mais plutôt une augmentation."

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