Le 11 mai 2022, Restoria a commencé à écrire une nouvelle page de son histoire. "Nous entamons maintenant une troisième vie, selon Emmanuel Saulou, président de Restoria et désormais actionnaire principal de l’entreprise de restauration collective angevine de 930 collaborateurs. Il y en a eu une première avec nos parents qui ont créé l’entreprise, une deuxième avec la seconde génération, et désormais une nouvelle avec le départ de Philippe Comte, le passage à une société à mission et l’entrée au capital des collaborateurs et d’un fonds d’investissement. "
L’entreprise Restoria a en effet été créée en 1970 par Yves Comte et Jean Saulou, deux artisans charcutiers angevins, qui l’ont développée sous le nom de Restaureco pendant trente ans. Philippe Comte, fils du premier, a intégré l’entreprise en 1993, puis Emmanuel Saulou, fils du second, a fait de même en 1998. En 2001, tous les deux ont repris rênes de l’entreprise qui comptait alors 120 personnes, en devenant les cogérants et en la transformant en Restoria en 2006. Cette année, Philippe Comte, ayant atteint l’âge de la retraite, a choisi de se retirer. "Il a conservé 14,5 % avec sa société Filcofi, précise Emmanuel Saulou, et les 35,5 % restant ont été répartis entre trois actionnaires : ma société Oikos, le fonds d’investissement Unigrains et Agir, la holding des collaborateurs."
Ouverture de capital
L’ouverture du capital aux collaborateurs est pour Restoria le franchissement d’un nouveau pas dans sa politique RSE : "Nous passons d’une entreprise familiale à une entreprise détenue par ceux qui y travaillent, ajoute Emmanuel Saulou. En 2016, nous avions annoncé notre vision pour 2036, et l’un des 7 objectifs que nous nous étions fixés était que sous 20 ans, 100 % des salariés pourraint être actionnaires de l’entreprise." Restoria a donc profité du départ de l’un de ses cogérants pour entamer ce processus. "Pour l’heure, 27 collaborateurs de tous niveaux hiérarchiques se sont engagés et possèdent 3 % du capital, précise Emmanuel Saulou. Cela peut paraître peu mais je suis confiant. Nous avons lancé cette démarche à la fin des restrictions dues au Covid et au début de la guerre en Ukraine. C’est une porte ouverte, l’objectif est que cela augmente et nous allons le reproposer chaque année."
Parallèlement, Restoria, qui réalise 55 millions d’euros de chiffre d’affaires, a également fait entrer au capital le fonds d’investissement Unigrains, entreprise spécialisée dans l’agroalimentaire. Créé en 1963, ce fonds est détenu majoritairement par la profession céréalière. "Cela a été une vraie rencontre, confie Emmanuel Saulou. Unigrains, que nous avons découvert en septembre 2021, a une vraie vision entrepreneuriale et agricole. Trouver le bon actionnaire nous a pris du temps, 32 mois au total, car nous avons pris le temps de bien le choisir." L’entreprise angevine, forte de ce nouvel actionnariat, a aussi revu son organigramme, non pas en remplaçant Philippe Comte poste pour poste, mais en élargissant le périmètre des membres du Codir.
Gagner des parts de marché
Avec cette nouvelle composition de l’actionnariat, Restoria va donc écrire une nouvelle page de son histoire. Avec pour objectif de poursuivre son développement, temporairement stoppé par la crise sanitaire et la forte hausse actuelle des prix. Néanmoins, l’entreprise, présente dans 17 départements du grand ouest de la France, occupe le dixième rang des sociétés de restauration collective dans l’Hexagone. Le 9e opérateur est beaucoup plus gros que nous et le huitième encore beaucoup plus, précise Emmanuel Saulou. Nous voulons pour notre part rester un acteur régional et y gagner des parts de marché."
Avec 950 collaborateurs, Restoria sert environ 15 millions de repas chaque année, pour 61,4 % dans les écoles, collèges et lycées, soit 47,6 % du chiffre d’affaires, pour 34,8 % dans le secteur santé-social (Ehpad, portage de repas, ESAT, instituts médico-éducatifs…), soit 45,9 % du chiffre d’affaires et pour 3,9 % en entreprise (6,8 % du CA). Pour moitié, 65 000 repas par jour, en période scolaire, sont confectionnés dans l’une des trois cuisines de l’entreprise, à Saint-Barthélemy-d’Anjou, Bournezeau (Vendée) et Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine). L’autre moitié est préparée directement dans les établissements, dans 150 restaurants, principalement dans le milieu scolaire. "Nous n’étions que dans les écoles primaires et nous nous sommes positionnés il y a seulement 5 ans dans les collèges et 3 ans dans les lycées, précise Emmanuel Saulou. C’est pour nous un axe de développement important dans les années à venir."
Sept grands objectifs
Autre levier de développement, sa filiale Poivre et Sel, entreprise adaptée installée à Cholet. " Une pépite endormie ", comme la définit Emmanuel Saulou. Créée il y a 7 ans, elle prépare environ 4 000 repas par jour livrés à domicile, avec un effectif de 44 personnes pour moitié composé de collaborateurs en situation de handicap. Restoria y voit un fort potentiel, toujours en lien avec sa politique RSE. "Nous voulons, dans les années à venir, multiplier par trois le nombre de sites, indique le dirigeant. Nous avons encore de plus grandes ambitions à terme, d’ici 5 à 10 ans, en allant au-delà des 17 départements où nous sommes présents. Le projet est déjà écrit depuis deux ans."
Un projet couché sur le papier, comme tous les engagements de Restoria qui s’est fixé pour ligne de conduite de faire "bon, positif, partageur et collaboratif". À partir de ces quatre termes, l’entreprise a défini 7 grands objectifs, portant sur des aspects sociaux et environnementaux comme l’inclusion, une alimentation saine, la neutralité carbone ou la réduction des déchets, qu’elle affirme aujourd’hui encore plus fortement avec son statut de société à mission. "Cette démarche s’inspire de ce que l’on était déjà mais désormais, notre raison d’être est inscrite dans nos statuts et a force de loi, affirme Emmanuel Saulou. Nous avons créé un tableau des impacts qui reprend notre raison d’être, nos quatre engagements avec 70 indicateurs et des niveaux d’atteinte à 5 ans, et un comité va vérifier que nos objectifs sont respectés."
La troisième vie de Restoria qui débute s’inscrit donc résolument dans les pas des deux précédentes, avec un engagement que l’entreprise souhaite encore plus fort. Depuis plusieurs années, l’entreprise a défini ce qu’elle souhaite être en 2036. Elle y tend et déjà, son président réfléchit à la suite, à ce qui pourrait être un jour une quatrième vie : "J’ai découvert la fondation actionnaire : c’est un système dans lequel la fondation devient propriétaire de l’entreprise, ce qui permet de la protéger. C’est une piste pour l’avenir."
