Leblanc Illuminations s’inquiète du désengagement des communes pour les fêtes de fin d’année
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Leblanc Illuminations s’inquiète du désengagement des communes pour les fêtes de fin d’année

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Le président de Leblanc Illuminations, Arnaud Leschemelle, est particulièrement inquiet en ce début d’automne. L’entreprise mancelle, qui fabrique des illuminations dont la très grande majorité pour les fêtes de fin d’année, voit les commandes des collectivités baisser fortement, en raison de l’incitation à la sobriété énergétique.

Arnaud Leschemelle, le président de l’entreprise mancelle Leblanc Illuminations, s’inquiète du désengagement des collectivités en cette fin d’année — Photo : Leblanc Illuminations

"Éteindre les illuminations de Noël est une fausse bonne idée !", soutient Arnaud Leschemelle, le président de l’entreprise mancelle Leblanc Illuminations. Si aucune directive n’a été donnée dans ce sens, chacun, particulier, entreprises et collectivités, est invité à économiser l’énergie. Et certains élus locaux hésitent ainsi à installer des illuminations pour les fêtes de fin d’année. "Il y a un effet de communication, regrette le dirigeant. Je me mets à la place des maires qui redoutent les réactions de leurs administrés, car le moindre truc est aujourd’hui amplifié avec les réseaux sociaux. Mais c’est une mesure inefficace d’un point de vue énergétique et délétère pour l’économie locale". L’entreprise sarthoise (39 M€ de CA) emploie 280 collaborateurs, dont 140 au Mans. Elle conçoit et fabrique chaque année 25 000 décors, très majoritairement pour les fêtes de fin d’année, et réalise les deux tiers de son activité auprès des communes en France. "Nous ne faisons travailler aucun sous-traitant, précise Arnaud Leschemelle et tout est fait en Europe, au Mans ou dans notre usine en Roumanie."

Une facture énergétique réduite de 90 %

Tous les ans, Leblanc Illuminations réalise 80 % de sa facturation entre la rentrée scolaire et le mois de décembre. En ce mois de septembre 2022, l’entreprise a connu une baisse de ses commandes de 40 %. "Tout ce qui est sur appel d’offres est déjà enregistré mais en ce moment commencent les négociations de gré à gré, indique Arnaud Leschemelle. Nous avons seulement rentré 2,1 millions d’euros de commandes contre 4 millions d’euros habituellement." Certaines collectivités annulent tout simplement leur commande, d’autres paient la facture mais pour l’heure n’envisagent pas d’installer d’illuminations.

Leblanc Illuminations conçoit et fabrique 25 000 décors chaque année et réalise 80 % de sa facturation entre septembre et fin novembre — Photo : Leblanc Illuminations

Pour le président de Leblanc Illuminations, la baisse des commandes et le désengagement de certaines municipalités ne se justifient pas. Et le dirigeant de mettre en avant les engagements de son entreprise, notamment labellisée RSE 26 000 et qui a investi un million d’euros cette année dans des robots et imprimantes 3D pour réaliser des décors en matériaux recyclés et biosourcés. "Nous sommes aussi membres de la communauté du Coq vert lancée par Bpifrance en partenariat avec l’Ademe, ajoute-t-il. La transition énergétique, nous l’avons faite depuis longtemps, en travaillant uniquement avec des ampoules à led. On a ainsi réduit la facture d’énergie des communes de 90 %. Pour une ville moyenne de 22 000 habitants, cela coûte 260 kilowatts par hiver si on les allume 7 à 8 heures par jour. En comparaison, une box ADSL consomme 280 kilowatts/heure en une année et à lui seul, un panneau publicitaire lumineux consomme plus que les illuminations de Noël dans une ville ! "

6 centimes par habitant

À l’opposé de celles qui se désengagent, certaines municipalités se sont tout de même déjà positionnées et vont maintenir leurs illuminations, comme Laval en Mayenne, ou Saint-Nazaire et ses quelque 70 000 habitants, en Loire-Atlantique, qui a révélé le montant de sa facture d’électricité en 2021 pour l’opération : 4 222 euros, selon le quotidien Ouest-France du 30 septembre, soit 6 centimes d’euro par administré…

Mais le dirigeant sarthois souhaiterait que l’incitation soit plus franche. Interrogée sur le sujet des illuminations de fin d’année, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a annoncé le jeudi 6 octobre sur l’antenne de RTL : "La sobriété, ce n’est pas arrêter de vivre. C’est à chaque collectivité locale de définir sa politique. Beaucoup ont décidé de les installer plus tard." L’une des craintes du dirigeant de Leblanc Illuminations est justement que les élus locaux se décident tardivement et que son entreprise ne soit pas en capacité de répondre dans un temps réduit à toutes les sollicitations.

Au-delà, Arnaud Leschemelle redoute aussi que le désengagement des communes ne nuise à la vitalité des centres-villes : "On va tuer le commerce de proximité, assure le dirigeant. Et surtout, si on perd l’esprit de Noël et des fêtes de fin d’année, on va priver les gens d’un moment de bonheur !"

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