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Le mécénat collectif, une spécialité angevine
Maine-et-Loire # Activités culturelles # Mécénat

Le mécénat collectif, une spécialité angevine

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Depuis la création de Mécène et Loire en 2007, plusieurs fondations ou fonds de dotation ont vu le jour en Maine-et-Loire et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à œuvrer collectivement dans les secteurs de la culture, du patrimoine, du sport ou de l’action sociale.

Le fonds de dotation Angers Mécénat a soutenu cette année 9 projets pour une enveloppe totale de plus de 100 000 euros — Photo : Roule Marcel

Selon une étude de 2016 du Pôle Mécénat Pays de la Loire, 46% des entreprises de la région sont engagées dans me mécénat, dont 76% individuellement, seulement 10% d'entre elles agissant collectivement. En Maine-et-Loire, les entreprises sont nombreuses à se regrouper pour oeuvrer. A l'origine de ce mouvement, Mécène et Loire. Créée en 2007, elle a été la première fondation en France regroupant des entreprises à l’échelle d’un département pour soutenir des projets culturels. En dix ans, elle a délivré 1,5 million d’euros à près de 200 projets. Primée, citée en exemple, elle a fait des émules et des structures du même type se sont depuis créées ailleurs en France. En Maine-et-Loire aussi, d’autres associations sont nées : le club de mécènes de la Fondation du Patrimoine, Mécène Élite Anjou, Angers Mécénat…
Le département de Maine-et-Loire aurait-il donc particulièrement cette « fibre » du mécénat ? C’est ce que pense Jacques Burel, ancien cadre dans le groupe angevin Bodet. Il compte parmi les fondateurs de Mécène et Loire et préside aujourd’hui un club qui regroupe 25 entreprises, Mécènes d’aujourd’hui pour le patrimoine de demain en Anjou : « Les entreprises angevines sont par tradition très impliquées dans la vie locale. Elles soutiennent des clubs sportifs ou des associations et leurs salariés sont souvent engagés eux-mêmes dans le milieu associatif, particulièrement dense en Maine-et-Loire. »

Participer à l’attractivité au territoire

S’engager localement, c’est sans doute la première motivation pour s’impliquer dans une fondation ou un fonds de dotation :

« Une entreprise n’est pas isolée de son environnement, elle y est totalement connectée », assure Didier Bessard, PDG de Pack’R à Beaucouzé et membre de Mécène et Loire. Il dit s’y être engagé « par goût personnel et pour participer collectivement à l’émergence de projets culturels locaux. La vie associative et culturelle, le patrimoine et l’économie participent à l’attractivité du territoire. C’est un ensemble et cette attractivité bénéficie à toute la société, dont les entreprises. C’est donc tout à fait leur rôle de s’impliquer. » Une implication dans la culture ou le patrimoine, mais aussi pour des actions à vocation sociale : Angers Mécénat, créé en 2012, regroupe une vingtaine d’entreprises et apporte plus de 100 000 euros par an à des projets d’associations angevines : « Nos entreprises sont motivées par cet aspect social et solidaire, assure Laure Tourangin, responsable du développement d’Angers Mécénat. Il y a peut-être une tradition angevine derrière cela. Elles veulent participer à des actions très concrètes de proximité et de solidarité, sans se mettre en avant, avec des choses qui ont du sens et un impact social. »

Vers une implication de toute l’entreprise

Initialement créé pour soutenir l’insertion professionnelle de sportifs de haut niveau, le fonds de dotation Mécène Élite Anjou, qui regroupe 11 entreprises, est né aussi de cette volonté d’une action sociale. Il se réoriente aujourd’hui dans l’accompagnement de trois athlètes angevins en vue des Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020. « On va suivre ces sportifs, explique Céline Lerouge, présidente de Mécène Élite Anjou, leurs performances, leurs entraînements. Il y a derrière cela des valeurs comme l’audace, la volonté et toute l’entreprise est embarquée dans l’histoire. » Beaucoup de dirigeants voient en effet dans les actions de mécénat l’occasion d’impliquer leurs collaborateurs et de communiquer en interne : « Ce n’est pas la danseuse du patron ! assure Stéphane Martinez, président de Mécène et Loire depuis son origine et PDG de Marty Sport. Cela donne du sens dans l’entreprise et génère même une certaine fierté au sein des équipes. Cette implication des salariés augmente et cela va s’accentuer, particulièrement avec le mécénat de compétences où les entreprises peuvent détacher quelqu’un, sur le temps de travail ou pas, auprès d’une association. »

Outre la communication auprès des collaborateurs, le mécénat est aussi vecteur d’une image positive pour l’entreprise, même s’il est par essence le travail d’un groupe : « Le mot d’ordre quand on parle de Mécène et Loire, précise Didier Bessard, c’est de ne pas mettre en avant son entreprise. Mais je peux bien sûr dire à mes clients que mon entreprise participe.» Le plus souvent, les mécènes font d’ailleurs tout autant la promotion du mécénat que de leurs actions… « Nous avons participé à la restauration d’un tableau du musée des Beaux-Arts d’Angers, complète Stéphane Martinez. Lorsque je fais visiter le musée à mes clients, je commence toujours par leur présenter ce tableau. »

Entre l’engagement de son entreprise dans une aventure, le soutien d’actions selon ses affinités ou le partage d’un projet commun, les motivations pour le mécénat sont multiples et s’entrecroisent souvent.Avec au cœur de cet engagement, la volonté de participer à la vie de son territoire. « C’est le rôle d’une entreprise de s’engager, affirme Hervé Fillon, directeur général de Strego à Angers, président du pôle Mécénat des Pays de la Loire et membre de Mécène et Loire. Nous sommes dans une économie qui attache de plus en plus d’importance au lien social et la RSE est là pour nous le rappeler. Mécène et Loire permet par exemple de se faire rencontrer les milieux de la culture et de l’entreprise, deux mondes qui sont parfois éloignés mais qui ont beaucoup à gagner en travaillant ensemble. J’exagère volontairement en le disant mais pour moi, une entreprise qui ne va pas vers le mécénat est une entreprise qui ne sera pas pérenne. »


"On ne le fait surtout pas pour l'argent!"

Mécènes d'aujourd'hui pour le patrimoine de demain en Anjou a aidé au financement de la restauration de l'avion Moynet-Jupiter, au musée Espace Air Passion de l'aéroport d'Angers-Marcé — Photo : Espace Air Passion - Aéroport Angers-Marcé

Le mécénat permet à une entreprise de verser un don sous forme d’aide financière ou matérielle pour soutenir une œuvre d’intérêt général. Dans le cas d’un club de mécènes, elle abonde à un fonds commun. Elle peut bénéficier en contrepartie d’une réduction fiscale à hauteur de 60 % du montant du don. Mais cette défiscalisation est loin d’être la motivation première des dirigeants. « On ne le fait surtout pas pour l’argent, confirme Stéphane Martinez, qui a « sanctuarisé » un budget de 27 000 euros pour le mécénat sur les 6 millions de son chiffre d’affaires. Pour 10 000 euros donnés, on en fait venir 6 000 de l’État, c’est surtout un très bon levier pour apporter un soutien encore plus important. »

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