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LBG Environnement : Valoriser le déchet pour en faire un produit
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LBG Environnement : Valoriser le déchet pour en faire un produit

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Le groupe saumurois porte avec deux partenaires un projet de station biogaz pour 2019. Un investissement de 4 millions d'euros. Spécialisé dans la valorisation des déchets organiques, il développe depuis peu une nouvelle activité autour du pépin de raisin.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Installé au milieu des années 70 comme exploitant agricole à Cizay-la-Madeleine dans le Saumurois avec son épouse Brigitte, Lucien Gerbier n'imaginait probablement pas à l'époque qu'il serait trente ans plus tard à la tête d'un groupe qui réalise plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie une quarantaine de personnes... Un groupe spécialisé dans la valorisation des déchets verts et du bois qui n'en finit pas d'innover. Le fondateur de LBG Environnement vient tout juste de lancer, courant juin, la société Seve (Saumur énergie verte). Cette nouvelle entité, positionnée sur la méthanisation a été créée en partenariat avec la SémA-E (Société mixte en charge de la gestion des déchets de l'agglo de Saumur) et un agriculteur du Pas-de-Calais. Via Seve, ils portent ensemble un projet de station biogaz destinée aux transporteurs, collectivités... Un investissement de 4 millions d'euros, partagé entre les trois associés. « Cette unité de méthanisation se fera à Chacé, nous devrions déposer le permis bientôt. L'objectif est la mise en route début 2019. » Deux emplois sont prévus au démarrage et Lucien Gerbier anticipe déjà la transformation de ses camions de livraisons, une dizaine au total, en véhicules gaz.

Première plateforme de compostage en 2002

Ce « gros » projet n'est pas le premier pour Lucien Gerbier. L'ancien éleveur de vaches laitières, « le onzième en France à avoir investi dans un robot de traite ! » passé par l'informatique agricole, glisse vers l'entrepreneuriat en 2002 avec la création de Loire Compost Environnement. Son épouse, elle, continue à gérer l'exploitation familiale de 275 hectares qui s'oriente vers la polyculture. « Nos deux fils avaient envie de travailler avec nous. On a fait un audit pour étudier les nouvelles activités possibles : ferme pédagogique, chambre d'hôtes, vente directe... En même temps, nous avons fait une analyse de nos sols pour connaître le taux de matière organique dans nos parcelles. » Un taux qui se révèle être plus faible que prévu et qui provoque un déclic. « Le sens du vent était vers le développement durable avec une baisse dans l'utilisation des engrais, des produits phytosanitaires et dans l'arrosage. Nous avons créé une plateforme de compostage pour les déchets verts - avec une subvention de l'Ademe - que nous collectons auprès des collectivités, des paysagistes, des entreprises. » Dès 2004, ce site capable de traiter 10.000 tonnes de déchets par an est à saturation. Lucien Gerbier investit comme deux ans auparavant près de 500.000 euros dans une deuxième plateforme où il traite également des déchets agroalimentaires - avec notamment de gros volumes issus de l'entreprise voisine, France Champignon - et carnés. Il vend son compost à la tonne à 150 km à la ronde aux agriculteurs, coopératives, services techniques des villes et particuliers. « On cherchait à créer de l'activité et nous avons développé un service. »

Se fédérer pour faire le poids face aux grands groupes

Les choses s'accélèrent avec la création d'Agri Compost Touraine Environnement fin 2004 et l'ouverture d'une nouvelle plateforme au nord de Tours, capable elle aussi de traiter 10.000 tonnes annuelles, un investissement également de près de 500.000 euros. Avec d'autres agriculteurs et toujours soutenu par l'Ademe, il crée l'association « Les agriculteurs composteurs de France ». « Il fallait que sur le traitement des déchets végétaux, nous puissions faire le poids face aux grands groupes. » Réunissant 67 adhérents au niveau national et dotée d'une charte qualité certifiée, l'association a même lancé sa propre marque à destination des particuliers : Planète Terre, commercialisée en magasins spécialisés. « On a même siégé au Grenelle de l'Environnement », se félicite Lucien Gerbier.

Un virage vers le bois énergie

En 2007 avec l'apparition des pôles de compétitivité, la biomasse devient un sujet en Pays de la Loire. S'appuyant sur un projet de chaudière bois pour un centre aquatique local, Lucien Gerbier créé Anjou Bois Energie cette année-là. Il investit dans un premier broyeur - NDLR il en possède actuellement une dizaine dont le dernier est arrivé fin 2016, un investissement de 670.000 euros - pour faire du bois déchiqueté et du bois bûche en s'approvisionnant localement auprès des exploitations forestières. Le séchage et le stockage du bois sont effectués dans 10.000 m² de bâtiments équipés de panneaux photovoltaïques, une autre activité pour laquelle il crée l'entité LBG Energie en 2009. Sous la marque Planète Terre, une gamme de granulés de bois en vrac et en sac - destinée aux collectivités et particuliers - est lancée et distribuée en magasins spécialisés (Gamm Vert, Point Vert) et dans les propres magasins de la marque. Anjou Bois Energie en livre 18.000 tonnes par an sur 8 départements et recense pas moins de 6.000 clients particuliers. Sur cette activité de négoce, le Saumurois bénéficie d'un contrat d'exclusivité avec le Vendéen Piveteaubois, premier fabricant français de granulés de bois. Il alimente aujourd'hui les chaufferies bois de l'Abbaye de Fontevraud, du site Michelin de Cholet ou encore de la Roseraie à Angers. L'histoire se poursuit avec le lancement d'une gamme de paillage organique en 2010 vendue en jardineries et chez les paysagistes avec un produit phare baptisé Decojeux, dédié aux aires de jeux pour enfants. Un produit utilisé par le Puy du Fou. En 2017, une gamme de paillage minéral est créée (ardoise, brique pilée)...

Un nouveau déchet valorisé : le pépin de raisin

Et le dirigeant ne s'arrête pas là. Depuis 2013, il s'intéresse à la valorisation d'un nouveau « déchet » : le pépin de raisin. « On le récupère après distillerie, puis on le sèche à partir de la chaudière biomasse pour en faire deux produits : une base pour l'huile de pépins de raisin et une autre pour l'alimentation des lapins. Nous en produisons entre 5.000 et 7.000 tonnes par an, dont 90 % partent en Chine où l'huile de pépins de raisin est très prisée. » Cette fois encore, l'homme se place dans le « zéro déchet » avec des marcs de pépins captés chez les viticulteurs du coin. « L'objectif est toujours de valoriser un déchet local pour en faire un produit. C'est ça l'économie circulaire. » Et cette fois encore, l'ingénieux dirigeant a un temps d'avance : une marque de cosmétique s'intéresse déjà à son nouveau produit. Riche en antioxydants, on lui prête des effets rajeunissants...

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