Une épaisse fumée noire visible à des dizaines de kilomètres, des pompiers protégeant les citernes de gaz et veillant à ce que le feu ne se propage pas aux entreprises voisines, des riverains et des passants hébétés par la violence de l’incendie. En cette fin d’après-midi du samedi 9 juin, le bâtiment de la Tourangelle, qui emploie une cinquantaine de personnes, a été ravagé par les flammes en quelques heures. Du site de production et de conditionnement d’huiles alimentaires, il ne reste plus qu’un amas de poutres d’acier enchevêtrées, témoignant de la violence du feu. Pas de blessés, mais des dégâts considérables pour l’entreprise installée dans ces bâtiments neufs en 2012, agrandis en 2015 et dont de nouveaux travaux pour doubler la surface devaient débuter en cette fin de mois.
Relancer la production et penser à la reconstruction
Les instructions et les expertises des assurances prendront sans doute beaucoup de temps. En attendant, le constat est cruel : le site de 3 700 mètres carrés de l’entreprise n’existe plus.
Passé le choc de l’incendie, pour les responsables de la Tourangelle, il faut repartir au plus vite. « Nous sommes face à plein de choses à faire en même temps, témoigne Guilhem Vedel, directeur des opérations de la Tourangelle qui avait en charge le site de Neuillé. Il faut gérer à la fois tous les problèmes et les démarches post-accident parallèlement au redémarrage de l’entreprise. Nous avons très rapidement réuni les salariés, dont certains sont venus aider sur le site dès le dimanche, au lendemain de l’incendie, pour sécuriser. Ils sont très volontaires et souhaitent redémarrer leur activité le plus vite possible. Il nous faut réaménager des locaux temporaires pour reprendre la production et le conditionnement, tout en pensant à la reconstruction. Nous devons aussi rassurer nos clients fidèles pour les conserver et trouver une solution immédiate qui ne sera bien sûr pas définitive. Mais cela peut aller vite. »
Une partie de la production absorbée par la filiale américaine
La Tourangelle possède une filiale d’environ 80 personnes en Californie, qui produit en quantité suffisante les mêmes huiles, pour le moins les principales, et va donc pouvoir honorer une partie des commandes en cours.
« Ils ont la capacité de pouvoir réagir vite pour absorber en grande partie notre perte de production ici, assure Guilhem Vedel. Dans tous les cas, nous avons malgré le choc et le traumatisme une équipe très motivée. La Tourangelle est une marque forte. Le challenge à relever est important mais tout le monde est mobilisé. Les fournisseurs, localement et en Europe, nous soutiennent et on nous propose des délais plus courts qu’à l’habitude pour le rachat de machines. Il y a un réel effort de tout le monde. »
Installation provisoire dans les anciens locaux
La mobilisation est importante aussi du côté des pouvoirs publics. « Nous avons réuni nos services dès le lundi », précise Jean-Michel Marchand, le président de la communauté d’agglomération Saumur Val de Loire, qui était lui-même sur place le jour de l’incendie et jusque tard dans la soirée avec d’autres élus locaux. « Nous avons immédiatement proposé différents sites aux dirigeants de la Tourangelle, à la fois des bâtiments appartenant à la collectivité et d’autres actuellement inoccupés dont les propriétaires, des chefs d’entreprises du secteur, ont été très compréhensifs. La Tourangelle a choisi de réinvestir pour l’instant ses deux anciens sites, à Saint-Lambert des Levées et Saint-Hilaire Saint-Florent, en plus de la location d’un bâtiment privé actuellement vide sur une des zones d’activités de Saumur. »
Plusieurs sites déjà envisagés pour un nouveau bâtiment
L’entreprise ne veut d’ores et déjà pas reconstruire sur place, et la collectivité lui a présenté 7 terrains de 3 à 4 hectares sur lesquelles elle pourrait se réimplanter. La Tourangelle a formulé quelques demandes, comme le raccordement au tout-à l’égout et une certaine visibilité pour son magasin de vente directe. « Nous leur faciliterons les démarches, assure Jean-Michel Marchand, comme pour l’instruction du permis de construire, en respectant les délais légaux mais en limitant au maximum la perte de temps. Nous avons aussi mis à disposition les services de l’agglomération pour accompagner la société chargée de la dépollution du site, ce qui allège la Tourangelle de cette tâche supplémentaire. »
Dix jours après après le sinistre, la Tourangelle se réorganise. Une machine devrait être acheminée des Etats-Unis, les fabricants de machines et les fournisseurs sont à pied d’œuvre pour ré-équiper temporairement un site. La production pourrait reprendre rapidement, dans les toutes prochaines semaines.
