Si le Covid-19 ralentit l’économie, il n’a toutefois pas empêché la corderie Henri Lancelin (5,80 M€ de CA, 36 salariés) d’avancer à bon rythme. "Nous avons une activité soutenue", précise Nicolas Lancelin, son dirigeant. "Nous étions 26 il y a un an, nous sommes 36 aujourd’hui et nous espérons recruter davantage. Il nous manque encore 3 ou 4 personnes, dont un chef d’atelier". Cette main-d’œuvre est formée sur place aux métiers de la corderie.
Une machine qui n’existe pas en France
Un projet a particulièrement occupé 2021 : celui d’une nouvelle unité de 700 m2 qui doit voir le jour pour avril prochain. Il s’agit d’une unité de R & D et de production qui se consacrera aux textiles dédiés aux énergies renouvelables, comme les cordages des futurs bateaux à propulsion vélique. La machine attendue pour mars et qui doit arriver des États-Unis "n’existe pas en France". Il s’agira d’un banc de traction de 40 mètres de long et de 600 tonnes. Cet investissement de 2,5 millions d’euros a été soutenu par le plan de relance à hauteur de 800 000 euros. Lancelin est en train de mettre sur pied un groupement d’intérêt économique (GIE) pour que ce matériel soit collaboratif. "Puisqu’il est en partie financé par de l’argent public, nous devons être en mesure de le partager avec des universités et des écoles d’ingénieur. On sait que du matériel de laboratoire ne sert pas 24 heures sur 24."
L’export et l’international à l’horizon
Depuis Ernée, dans le Nord-Mayenne, Lancelin équipe 85 % des bateaux neufs de France. Plusieurs concurrents du dernier Vendée Globe, dont le vainqueur, Maître Coq IV, étaient équipés de ses cordages. L’entreprise rayonne aussi à l’international : elle exporte dans 45 pays. Avant le Covid, l’export représentait plus de 25 % du chiffre d’affaires. Au printemps dernier, Lancelin a ouvert un concept store à Palma de Majorque (Espagne). "La période Covid ne permet pas d’évaluer son activité, puisque plus personne ne voyage, mais nous avons déjà de bons retours de clients."
Par ailleurs, en 2019, Lancelin a créé une filiale en Australie qui "marche très bien. Nous espérons que la reprise nous permette de retrouver une croissance à deux chiffres". Cette formule pourrait être dupliquée à d’autres pays, "au pluriel", mais ce ne sera pas avant l’année prochaine.
"Mayennais de l’année"
Nicolas Lancelin a été désigné "Mayennais de l’année" 2021 par les quatre clubs Rotary Club de la Mayenne, le 17 janvier. Il succède aux patrons de V and B, Emmanuel Bouvet et Jean-Pierre Derouet, récompensés en 2020. Cette distinction ne devrait pas vraiment influencer les affaires de sa PME familiale, dont les clients se trouvent dans les ports et autour du monde, mais "je n’avais pas conscience que cette élection avait autant d’impact sur les Mayennais. J’ai reçu énormément de messages. Et au-delà, ce ressenti pour les équipes est important. Surtout dans la période actuelle, difficile pour tout le monde."
