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Jérôme Augustin, président de Physidia: Le coup de cœur du cardiologue
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Jérôme Augustin, président de Physidia: Le coup de cœur du cardiologue

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Nommé il y a un an à la présidence de Physidia à Angers, Jérôme Augustin veut mettre sa riche expérience au service de la start-up angevine qui a développé une machine permettant aux patients souffrant d’insuffisance rénale d’effectuer leur dialyse eux-mêmes à domicile.

Après avoir occupé des postes de direction dans plusieurs groupes pharmaceutiques internationaux, Jérôme Augustin, cardiologue de formation, a pris il y a un an la présidence de la start-up angevine Physidia — Photo : Alain de Baudus

Il aura 58 ans en septembre et derrière lui une riche expérience de management : cardiologue de formation, Jérôme Augustin a débuté sa carrière dans les études cliniques avant de retourner sur les bancs d’HEC. « La médecine praticienne est un vrai sacerdoce au service de ses patients. J’aurais aimé avoir ce talent mais je pense que je n’aurais pas été parfait dans ce domaine. Je préférais la médecine de recherche, c’est ce qui m’a amené dans l’industrie pharmaceutique. » Il aurait pu aussi s’engager pleinement dans cette recherche, mais Jérôme Augustin a préféré s’orienter vers le management. Par challenge, en mariant esprit d’entreprendre et solide bagage en médecine. En presque 30 ans, le président de la start-up angevine Physidia a voyagé, dirigé des filiales pour de grands groupes du secteur médical, ICI Pharmatical, Servier, Glaxo… dans différents pays d’Europe et aux Etats-Unis : « J’étais directeur général d’AMS, American Medical System, quand le groupe a été vendu. On m’a invité à rester mais sans véritablement me proposer un poste intéressant à mon goût. »

« Une rencontre bouleversante »

Loin des enjeux des grands noms de l’industrie pharmaceutique, Jérôme Augustin croise alors la route d’un patient, dialysé avec la machine conçue à Angers par Physidia : « Cet homme était désocialisé, et pouvoir s’auto-dialyser à domicile lui avait rendu son autonomie. Sa femme était revenue vivre avec lui et elle était enceinte. Cette rencontre m’a bouleversé. A 57 ans, je me suis demandé si ce n’était pas là l’aventure humaine qui me manquait. » Parallèlement, fin 2016, Physidia lève 15 millions d’euros et les actionnaires cherchent un nouveau président : c’est Jérôme Augustin qui est choisi parmi les candidats, avec un défi à relever : faire accélérer la start-up angevine créée par Michel Houdou en 2011, pour qu’elle décolle, puis lui donner une vitesse de croisière suffisante pour voler au-delà des frontières. « L’approche est totalement différente de celle d’un grand groupe où les responsabilités sont très partagées. Mais j’ai appris des succès comme des échecs et je peux toujours me référer à mon vécu pour apporter une solution plus rapide. Ça crée autour de soi une zone de confiance pour les collaborateurs. Je pense qu’on appelle ça l’expérience et moi j’y crois. Cela m’impose de réfléchir plus pour prendre les décisions, mais j’ai aussi maintenant un côté plus calme et plus pondéré qui me manquait peut-être auparavant. »

« Dans 3 ans nous serons pour 80% à l’international »

Depuis l’arrivée de Jérôme Augustin à la tête de Physidia, l’entreprise s’est étoffée : une quarantaine de personnes aujourd’hui pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros que Jérôme Augustin voudrait voir grimper à 70 ou 80 millions d’ici trois ans. « On a acheté des compétences aux postes-clé en embauchant des gens qui ont une grande expérience. Nous sommes bien établis en France et le développement international commence, avec les pays du nord de l’Europe, le Benelux, l’Allemagne. Nous avons installé une personne au Royaume-Uni et faisons enregistrer la machine aux Etats-Unis. Dans 3 ans, nous serons pour 80% sur le marché international. Les besoins sont énormes, Physidia est en ordre de bataille et chaque équipe a sa feuille de route. » Ces équipes, Jérôme Augustin les a constituées autour de spécialistes en marketing international, en études cliniques et médico-économiques, en ingénierie, en législation, en plus de renforcer l’équipe d’ingénieurs qui font évoluer la machine de dialyse.

Selon le président angevin, l’année 2018 sera celle du décollage pour rentabiliser la société dès l’an prochain. Et pour les prochains mois, il s’est fixé trois leviers de développement : la création d’une unité de production, la poursuite de la présence internationale et le recrutement de nouveaux talents. « Physidia est une vraie pépite, affirme-t-il. On est prêts et tous les voyants sont au vert. En France comme à l’étranger on a besoin de désengorger les hôpitaux pour qu’ils ne conservent que les cas les plus lourds. La dialyse à domicile est sécurisante et sécurisée, elle permet de travailler et de conserver une vie sociale. De notre côté, nous avons de l’avance sur nos concurrents, même si ce sont de grands groupes internationaux. Et si on garde cette avance, on gagnera ! »

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